Chapitre XII

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Au bout d'une minute qui me parût interminable, la jeune femme me répondit enfin qu'elle s'appelait Charlie et me serra timidement la main.  De violents frissons me parcoururent tout le corps. Presqu'aussitôt, sur un coup de tête, je lui demanda de venir s'asseoir avec moi près d'un chêne que j'avais repéré plus tôt. Elle accepta, à ma très grande surprise.

Nous nous sommes donc adossées à l'arbre et avons tenté d'entamer la discussion. Il était difficile de parler, car une gêne sans nom s'était emparée de moi et je sentais mes pommettes s'enflammer sans raisons .

La conversation convergea alors sur le temps qu'il faisait, la probabilité qu'il pleuve dans peu de temps... Ma vue semblait se brouiller, mais ce doit être à cause du paysage terne et grisâtre. Des éclairs se faisaient entendre au loin.

Soudain, Charlie me demanda de me présenter.

-Pardon ?, bafouillai je

-Ben oui ! Présente toi quoi ! Prénom, nom, âge, passions, plats préférés... Une présentation quoi, lança t-elle sur un ton qui se voulait désinvolte.

Interloquée mais amusée, je me lança alors :

-Euhh... Je m'appelle Maelyne Diloy... J'ai 16ans... 

-Tes passions ? m'encouragea Charlie.

Mes pensées fusent à toute vitesse dans ma tête, pourtant tout me paraît désordonné. Tout manque de sens. J'ai le cerveau en ébullition, pourtant rien n'en sort. Je suis frigorifiée et je sens mon pouls s'emballer sous ma poitrine.

-La guitare...j'en fais, réponds je, telle une automate.

-Maelyne est-ce que tu te sens bien ?

Charlie s'était redressée et m'observait, visiblement inquiète. Ses mains se posèrent sur mes épaules et elle me força à m'allonger sur l'herbe humide du parc. 

Son affolement soudain me fit me poser des questions ; je lui demanda alors avec mes maigres forces ce qui ce passait. Sa réponse fut immédiate et emplie d'appréhension.

-Tu es... pâle. Livide même.

L'information circula lentement dans mon esprit. 

Je suis pâle ? Plus que d'habitude ? Serait-ce à cause de l'alcool ? Ou des cachets ?  De la fatigue ?

Je ne sais même pas de quel type de cachets il s'agissait.

Ma tête me tourne affreusement, j'ai la sensation que la terre se dérobe sous moi. Charlie le senti certainement  puisqu'elle me tira par les épaules pour poser ma tête sur ses genoux. Elle posa sa main sur mon ventre, ce qui m'arracha un frisson et une sensation de malaise grandissante.

Sa voix s'éleva alors, à l'apparence sereine et posée ; elle murmurait presque. 

-Maelyne, calme toi. Tout va bien regarde. *elle décrivait de petits cercles sur mon abdomen* Respire un peu...tu es en apnée...

Je constata avec étonnement qu'elle avait raison.

Je tentais de réguler les battements de mon cœur, qui ne faisaient que s'emballer depuis quelques minutes ; mais en vain. Il semblait qu'ils refusent de coopérer et qu'ils veuillent m'achever à coup de crises cardiaques. 

"Ce qui m'arrangerai, en un sens."

-...inspire doucement et souffle doucement...tu vas réussir à calmer ta respiration...

Mince ! Charlie parlait et je ne l'avais pas entendue. C'est comme si on m'avais mit des bouchons d'oreilles ; sa voix est si lointaine que je la distingue à peine parmi les bourdonnements résonnant dans mon crâne. 

ButterflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant