"- Je m'appelle Maelyne, j'ai 16ans. Je suis rentrée chez moi il y a quelques semaines après avoir fugué. J'étais bourrée. Mon père m'a viré de la maison car il était énervé : j'ai donc fuis dans les rues vers chez moi. En marchant, je suis tombée sur un guitariste SDF qui m'a dit de rentrer chez moi car il était plus de 23h30. "
Je bois une autre gorgée d'alcool et poursuis.
"- Je lui ai dit de m'emmener chez lui car je ne voulais pas retourner avec mon père. Il a accepté et m'a conduit chez lui, où il m'a nourri . Puis nous sommes allés dans sa chambre ...et... nous... avons ..."
Les mots refusent de sortir de ma bouche, car seulement à cet instant, je pèse la gravité de mon acte. Il me semble inutile de décrire la scène, je bois une nouvelle gorgée pour ravaler mon regret. "C'est dingue à quel point l'alcool fait paraître tout moins grave". Je remue sur la chaise et continue ma mise au point.
"- Lorsque je me suis réveillée le lendemain, je ne savais pas où j'étais. J'ai pris peur et me suis encore enfuie. "
"Encore". Comme si je ne faisait que fuir.
"-Dans la rue, j'ai regardé mon téléphone et y ai vu des messages de ma sœur."
Je dégluti. L'évocation de ce passage est particulièrement douloureuse.
"-Dans l'un deux, un message vocal, elle était en danger de mort."
Mon pouls s'accélère, je sens la panique m'envahir à nouveau. Comme si je revivais l'instant.
"-Je...J'ai pris peur et suis partie en courant en direction de la maison...Je suis tombée non loin de celle ci, j'avais la tempe en sang. Je me suis relevée précipitamment et ai sprinté jusqu'à la porte. J'ai hésité avant d'entrer mais... "
Je suis soudain parcourue de violents frissons. J'entends encore le hurlement de Riley qui me glace les veines. Je me revois ouvrir la porte en trombe et découvrir mon père, couteau à la main vers le corps sanguinolant de ma sœur... L'odeur du sang sur le carrelage me revient au narines. Je sens un relent d'alcool brusquement me revenir dans la gorge. Une nausée me prends aux tripes. Mais je dois poursuivre le récit, pour moi même.
"-J'ai entendu hurler Riley de douleur. Je suis entrée en trombe dans la maison et ai couru jusqu'à ma chambr-"
Un bruit venant du couloir me fait tourner la tête. Cette perte de contrôle laisse une larme sortir de mon œil et directement s'exploser sur le parquet de la cuisine. Ma voix tremble, mes mains sont moites et j'y sens glisser la bouteille d'alcool: par prudence, je la pose au sol.
"-Ce doit être le chat." me dis-je pour me rassurer.
J'inspire autant que mes poumons emplis de larmes me le permettent et je bafouille :
"- Mon père était là avec ma sœur... lui il avait un couteau à la main et...elle...était allongée par terre...couverte de sang...Je...j'ai hurlé d'horreur...Mon père m'a vue...Je lui ai hurlé d'arrêter...Il...s'est approché de moi...couteau levé..."
Des mains invisibles m'enserrent la gorge, je peine à respirer. D'autres larmes roulent sur mes joues tandis que je parle.
"-Il a baissé son couteau sur moi alors que je trébuchais....Il...m'a... transpercé le bras....J'ai hurlé mais...il ne répondais pas...il-
Je m'étrangle en un sanglot déchirant. Les souvenirs de mon père se succèdent violemment dans ma tête. Je sens mon cœur se soulever dans ma poitrine et progressivement battre plus fort. Au bord de la crise cardiaque, je parviens à articuler :
"-Il ne m'a répondu qu'en abattant à nouveau son allumelle sur moi... me disant que j'étais... un cas désespéré ...et que ma mère le... pensait aussi-"
Tout à coup, je dégringole de la chaise et m'effondre au sol. Mes épaules s'affaissent de désespoir et des larmes coulent de mes yeux. Je ne parviens pas à retenir mes sanglots. Mon torse se secoue de violents spasmes tandis que mes muscles se contractent hors de ma volonté. Je meurs d'envie de hurler, mais le gémissement reste bloqué dans ma gorge. Je ferme les yeux et me laisse gésir sur le parquet froid de la cuisine de mon meilleur ami.
Mais à peine quelques secondes plus tard, je sens des bras m'arracher au sol. J'ouvre les yeux, et découvre Jaeson penché sur moi.
Il ne parle pas. Il m'observe juste avec ses grand yeux bruns.
Est-ce-qu'il va me demander pourquoi j'étais allongée par terre ?
"-Maelyne...(il s'humecte les lèvres) je...je suis désolé pour hier...je ne veux que ton bien, tu le sais...Je t'ai écouté discrètement et...je ne savais pas tout ça...je .... Excuse moi s'il te plaît.
Il resserre ses bras autour de mes épaules, je mets du temps à digérer ce qu'il vient de se passer ; il vient bien de me dire qu'il m'espionnait ?
Je sens un soupçon de colère pointer dans ma poitrine. Je me dégage doucement de son étreinte pour le regarder en face et lui répliquer :
"-Sérieux...ça se fait pas Jaeson...Tu m'écoute depuis combien de temps ?"
Je voulais dire ça sur un ton de reproche, mais ça a sonné comme une plaisanterie.
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Butterfly
RandomMaelyne était une enfant joyeuse et assidue en cours, elle avait de bons amis et était très sage. Ses parents faisaient tout pour la rendre heureuse. Sa petite sœur et elle étaient très complices. Elles grandirent paisiblement jusqu'au mystérieux dé...