Chapitre 30

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"La victoire appartient aux plus persévérants" - Napoléon Bonaparte

La treizième pleine lune depuis l'entrée de Cassandria dans la grotte est déjà haute dans le ciel, malgré le soleil qui lui dispute encore la place, quand les vagues d'énergie magique s'arrêtent d'un coup. Leur disparition brutale sort aussitôt Peter de sa somnolence, toute son anxiété qui avait peu à peu diminuée revenant au grand galop. Pourquoi ? Que se passe-t-il si soudainement ? 

Il n'a guère le temps de paniquer que l'entrée de la grotte est brutalement illuminée de mille feux et une dernière vague de magie, la plus puissante à ce jour, accompagnant une explosion de poussière de fée, jaillit sans prévenir et manque de le déloger du rocher. Que...?

- Sale bouquin égomaniaque ! Mauvais perdant ! Tu pourrais me remercier de mon travail, espèce d'ingrat ! Sans moi, tu ne serais qu'un tas de sable inutile ! 

La voix inattendue coupe court à toutes ses pensées. Sa voix. Même après plus d'un an, il n'a pas oublié sa voix, ni aucun détail de sa personne. 

- Cassandria, souffle le Roi des fées en contemplant, hébété, le jeune femme qui se redresse dans l'ouverture de la grotte, semblable au jour où il l'y a laissée, à l'exception des grains dorés qui illuminent sa peau et ses cheveux. 

Ses cheveux bruns battent dans le vent et le coucher de soleil fait briller le sable comme des pépites d'or au milieu des mèches sombres. La jeune femme fait volte-face. Ses yeux sombres se plissent en l'apercevant, ses pommettes remontant dans un immense sourire, sa peau prenant des couleurs d'ambre et de miel dans les derniers rayons du soleil. 

- Peter ! j'ai réussi ! J'ai terminé le Livre ! 

Un, deux, trois battements de coeur d'hésitation et puis Peter perd tout contrôle de son corps, agissant d'instinct. Ses ailes le transportent de l'autre côté de la mer, ses bras s'enroulent autour du corps de la jeune femme et la soulèvent alors qu'il virevolte sur place. 

- Tu es de retour ! Tu es vivante ! Tu es vivante et tu es de retour et...et...!

- Et j'ai réussi, complète-t-elle sa tirade avec un sourire fier qu'il ne lui a jamais vu auparavant. J'ai battu le Livre à plate couture, et j'ai encore une infinité d'histoires à lui raconter quand il se videra de nouveau. 

- Tu, tu, mais comment ? Dria, nous n'y croyions plus ! 

- Secret de Conteuse. Combien de temps ai-je passé là-dedans ? 

- Plus d'un an, Dria. C'est la treizième pleine lune. 

- Oh. 

L'annonce tempère quelque peu l'engouement de Cassandria et Peter en profite pour les éloigner tous les deux de cette maudite grotte, regagnant le sol ferme et gorgé de magie du pays imaginaire. 

- Dria, est-ce que...? Comment te sens-tu ? 

- Je ne pensais pas avoir perdu un an de ma vie. Trois mois tout au plus. Quatre, peut-être. Et ma bibliothèque ? Et M. Blasten ? 

- Dria, Dria, Dria. Tu nous as sauvé. Grâce à toi, la magie du pays imaginaire est plus forte que jamais auparavant. Je peux bien te rendre ta vie d'avant pour te remercier. On te doit bien ça, la rassure-t-il calmement. 

- Comment ça ? 

- Avec la poussière de fée ! On fera juste croire à tout le monde que tu étais malade et que maintenant tu vas bien ! Mais d'abord, il faut aller retrouver tout le monde, et faire la fête ! 

Son entrain étant contagieux, Cassandria explose de rire. Elle est soulagée. Soulagée d'être vivante, d'être indemne, d'avoir protégée tout le monde et de ne pas avoir à sacrifier sa vie en échange. 

- Tu as raison, Peter. La bibliothèque peut bien attendre qu'on fasse à la fête ! 

- Exactement ! Et hum...il faudra aussi que je t'avoue quelque chose. Je me suis promis de le faire si...dès que tu sortirai de la grotte, et hum...

Oh, les fées le narguent ! Il se sent rougir jusqu'à la racine des cheveux alors qu'il veut profiter de cet instant pour au moins avouer ses sentiments à Dria. La main de la jeune femme se pose sus ses lèvres. Surpris, il plonge ses yeux verts dans ceux noirs de Cassandria. Un tendre sourire joue sur ses lèvres alors qu'elle promet : 

- Je sais. Je ressens quelque chose de similaire. Mais maintenant que le temps n'est plus compté, nous avons tout le temps du monde pour profiter. Pour écrire le reste de l'histoire page après page. 

Et Peter ne peut empêcher le sourire qui lui remonte jusqu'aux oreilles. Oui, ça lui plait ça. Toute sa relation avec Cassandria s'est construite ainsi après tout. Page après page. 


- THE END -

Voyage au pays imaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant