Chapitre 19

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NDLA : J'avoue, j'ai été absente bien plus longtemps que ma période d'examens qui s'est terminée il y a au moins deux semaines. Mais je m'impose un rythme d'écriture très strict, tôt le matin avant mes cours parce que je n'ai jamais la force le soir, et mes examens ont perturbé ma routine matinale et j'ai perdu mon rythme. Ensuite...ça a été très compliqué pour moi de me remettre à écrire donc j'espère pouvoir retrouver mon rythme de parution d'un chapitre par semaine, le samedi. Désolée pour le hiatus, je ne voulais vraiment pas qu'il dure aussi longtemps à la base.

« Il faut de l'héroïsme pour remplir le rôle mesquin que chaque jour nous impose » - Rex Desmarchais

Oups ! Tout à son désir d'atténuer la crainte et l'appréhension visibles sur le visage de Cassandria, Peter a laissé échapper trop d'informations. Il avait un peu oublié que, pour une adolescente de seize ans, la jeune femme sait se montrer particulièrement perspicace.

Après tout, il aurait bien fini par lui en parler... mais pas tout de suite. Peter n'avait pas dans ses projets de révéler à Cassandria l'importance de son rôle pour le pays imaginaire aussi rapidement. Le roi des fées voulait garder un peu plus longtemps la relation paisible qu'il avait établi avec la jeune femme, et le milieu tranquille qu'est la bibliothèque pour les enfants.

Malheureusement, il doit bien admettre que le temps presse. La magie qui s'échappait autrefois de décennies en décennies faiblit désormais de jour en jour. A ce rythme, le pays imaginaire ne tiendra plus longtemps et les conséquences en seraient désastreuses. Cassandria vient de lui offrir une occasion en or d'aborder le sujet.

Redressant les épaules et fixant les yeux noirs de la jeune femme pour se donner du courage, il lui adresse un sourire triste.

- Je repoussais le moment de te l'annoncer, parce que ce n'est pas un destin facile qui t'attend, avoue-t-il à mi-mot. La magie du pays imaginaire se meurt, Dria, et tu es la seule qui puisse renverser la situation. Tu es la Conteuse et en tant que telle, tu portes le poids du rêve sur tes épaules.

Le silence qui accueille ses propos était prévisible. Ça ne le rend pas moins inconfortable. Face au regard perdu de la jolie conteuse, Peter se tortille sur place. D'accord, il comprend que cette annonce soit perturbante. Mais à ce point ? Est-ce qu'elle ne peut pas dire quelque chose ? Rire aux éclats, au pire ? Ou au moins cesser de le dévisager comme si elle voyait à travers lui ?!

- Ce n'est pas urgent, tu sais, baragouine-t-il maladroitement. Enfin, un peu, si, pour nous, mais ce n'est pas obligé de changer quoi que ce soit à ta vie et...

- Comment ça « ce n'est pas obligé de changer quoi que ce soit à ma vie » ? Tu te rends compte de ce que tu dis ? Bien sûr que ça change quelque chose à ma vie !

Le ton de Cassandria est désespéré, son air ahuri et ses mains agrippent le rebord de la fenêtre comme si elle craignait de tomber. Pas que Peter laisserait cela arriver. Mais ce qui accapare immédiatement l'attention du jeune homme, au point qu'il ne puisse plus détourner le regard, ce sont les larmes qui menacent de rouler sur les joues rougies par le froid de la brune.

- Dria...la situation du pays imaginaire est peut-être dramatique, mais ça ne veut pas dire que ton seul choix est de venir nous sauver, souffle-t-il en s'empêchant d'essuyer les perles salées. Tu peux rester ici et continuer à vivre ta vie.

- Tu me dis que je suis la seule à pouvoir vous sauver et maintenant tu retournes ta veste en disant que j'ai le choix ?! Peter, il n'y a pas de choix ! Il faudrait que je sois sans cœur, la femme la plus froide et égoïste de cette maudite planète pour ne pas tenter de...de vous sauver, finit-elle d'une petite voix en essuyant rageusement ses larmes avec sa manche.

La voir ainsi lui brise le cœur et ses ailes s'agitent follement dans son dos, manquant de le faire basculer. Instinctivement, il lui attrape le poignet pour l'empêcher de se blesser avec le tissu rêche de son pull. A la place, il place ses paumes sur ses joues et sèche tendrement la peau glacée de la jeune femme. Leur dernier espoir paraît bien innocent ainsi, les joues roses et les yeux larmoyants, tremblant de froid et de frustration mêlée.

- Cassandria, tu es l'enfant la plus brave et la plus bienveillante que je connaisse. J'aurais dû me douter dès que je t'ai vue la toute première fois que c'était toi notre nouvelle conteuse. Je n'ai jamais rencontré qui que ce soit d'autre qui aime les histoires autant que toi et qui en comprenne aussi bien la magie. Mais ce ne serait pas égoïste de ta part de refuser de venir avec moi au pays imaginaire. C'est ce qu'une personne normale ferait. La vie au pays imaginaire est difficile, Dria, nous subissons les attaques des cauchemars régulièrement et nous devons tous les jours assurer notre survie. C'est pourquoi je n'accepte que les enfants perdus, ceux qui n'ont rien à perdre mais tout à y gagner. Et le rôle de conteuse te mettrait certainement au cœur du danger.

Le garçon a le cœur au bord des lèvres en imaginant Cassandria subir les mêmes épreuves que Wendy et sa fille avant elle. Wendy en était sortie changée à jamais et sa fille...sa fille était devenue folle et s'était jetée d'un pont peu après son retour à Londres, pensant pouvoir voler. Elle s'était brisé le cou. Il ne supporte pas l'idée que Dria souffre d'un sort semblable.

- Honnêtement, je préférerais que tu choisisses de rester ici, Dria. Au moins, je te saurais en sécurité. Le sort qui t'attend si tu acceptes d'endosser le rôle de la Conteuse...je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi. 

Voyage au pays imaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant