Chapitre 14

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« Il y a certainement plus de richesse en un seul livre que dans tout le butin rapporté par les pirates de l'Ile au Trésor » - Walt Disney

Maintenant qu'elle sait qui est réellement Peter Dan et qui sont réellement les enfants du pseudo foyer, les visites de enfants perdus ont pris une toute nouvelle saveur pour Cassandria. Puisqu'elle est au courant du secret, les enfants n'ont plus besoin de lui cacher leurs véritables aventures au pays imaginaire. Et ils profitent pleinement de ce privilège.

- Les ombres ont encerclé Jeannette et William. Peter était occupé sur le pont du Jolly Roger et les pirates tentaient désespérément de couler le navire ennemi. Nous étions tous aux prises avec des ombres, incapables d'aller venir en aide à nos camarades.

Pendue aux lèvres de Richard, debout sur une chaise de la bibliothèque – elle ne devrait pas l'y autoriser - pour raconter son histoire, Cassandria sert dans ses bras les ouvrages qu'elle est supposée ranger. Le pays imaginaire a subi une attaque la veille, qui a laissé Peter complètement épuisé, et Richard, qui fait parti des enfants perdus combattants, a saisi l'occasion d'accaparer l'attention de la bibliothécaire. Le cœur battant à toute allure, elle attend avec impatience la résolution du récit.

- Et soudain ! tonne le conteur en serrant le poing vers le ciel, ils sont arrivés ! Avec leurs cris de guerre et leurs visages peints, habillés de peaux de bêtes et de coiffes de plumes, armés de leurs lances, leurs poignards et leurs haches de guerre, les Indiens ont volé jusqu'au navire grâce à la poussière de Clochette ! Ils ont massacré nos ennemis sans pitié, ont libéré les enfants perdus pris au piège par les ombres trop féroces et ont repoussé les envahisseurs du Jolly Roger ! Lily la Tigresse en personne menait l'assaut ! Avec ses haches jumelles, la chef indienne ne fait pas de prisonniers ! Les ombres n'avaient plus aucune chance et les boulets de canon du Jolly Roger ont enfin détruit le navire fantôme pour de bon.

- Incroyable ! souffle un bon coup la spectatrice pour relâcher la pression. Sans les Indiens vous étiez cuits.

- C'est pour ça qu'ils sont là, explique gentiment Marie. Si la bataille est trop difficile, Clochette va les chercher pour les faire voler jusqu'au navire ennemi. Ainsi, on récupère l'avantage et on détruit le cauchemar.

- Mais il faut avouer que la bataille d'hier était cruciale, soupire Bastien, une grande asperge blonde au yeux bleus. Les cauchemars sont de plus en plus gros et de plus en plus dangereux.

- Et la magie du pays imaginaire perd en puissance chaque jour qui passe, renchérit Aisha en passant une main dans ses épais cheveux frisés.

Tandis que les enfants perdus discutent de la situation, Dria range pensivement les livres qu'elle tient dans les bras, toujours une oreille à l'écoute des enfants. Elle ne comprend pas tout ce qu'ils racontent – comment ça la magie du pays imaginaire diminue ? – mais elle sait que ce n'est pas bon. Et elle s'inquiète pour ces êtres qui combattent comme des adultes mais rêvent comme des enfants. Décidant de les laisser à leur débat, elle se dirige vers le coin des jeunes lecteurs où Peter a entrainé Liluana dès leur arrivée. Installé dans un pouf confortable, le rouquin dort profondément alors que la jeune fille a pris place sur ses genoux pour feuilleter un album illustré.

- Tu as trouvé ton bonheur ? s'enquiert la brune en chuchotant.

- Oui. Mais je ne veux pas réveiller Peter. Il n'a pas dormi depuis hier parce qu'il y avait trop de choses à faire après la bataille.

- Ça ne doit pas être facile de les voir partir se battre tandis que tu restes chez vous ?

La petite fille hausse les épaules et lui adresse un grand sourire.

- Ils gagnent toujours, parce que Peter, c'est le plus fort. Tant qu'il est là, on ne peut pas perdre. C'est Madeleine qui le dit, et Madeleine, elle a toujours, toujours, toujours raison.

La jeune femme rit de l'assurance de Liluana envers celle qui prend parfois le rôle de mère pour les enfants perdus. Madeleine n'est venue qu'une seule fois à la bibliothèque, après la révélation, et si elle paraissait physiquement plus jeune que Cassandria, ses yeux et sa façon de parler racontaient une autre vérité. C'était déstabilisant.

- Et si tu allais chercher les autres enfants perdus pour que j'enregistre vos emprunts ? Je m'occupe de réveiller Peter.

- D'accord, accepte-t-elle le marché.

Liluana rassemble les ouvrages qu'elle veut emprunter en une pile bien nette et embrasse Cassandria sur la joue avant de filer en quête des autres. 

Voyage au pays imaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant