Chapitre 9 : L'épouventail

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Quelqu'un toque à la porte. On sort, et je lève les yeux. Devant moi se trouve une créature exotique qui ressemblait vaguement à Marlena. Quelle métamorphose ! Tous les jours elle est jolie mais là, c'est un autre niveau ! Déjà j'ai eu du mal à ne pas être attiré par ses jambes parfaites, -depuis jeudi dernier- sous un vieux tee-shirt à moi... Marlena était belle à couper le souffle, séduisante à souhait, capable de faire tourner la tête de tous les hommes de la terre. Ses cheveux violets balayage sont vaguement noués en un chignon tombant sur sa nuque alors que quelques mèches souples encadrent son doux visage, mettant en valeur la finesse de ses traits. Ses lèvres joliment dessinées en forme de cœur brillent d'une couleur rose pâle et la poudre argentée qui recouvre délicatement ses paupières accentue son regard de cristal.

Quand à la robe...

Quelle robe !

Le tissu noir satiné quittait ses épaules pour venir envelopper à la perfection ses seins, offrant une vue sur la vallée laiteuse de sa poitrine.

Marlena n'était plus la petite fille que j'avais protégé, elle est devenue une belle jeune femme qui jusqu'à ce jour avait caché ses véritables atouts !

Tentant de me ressaisir après la tornade qui venait de balayer ma maison, je salue ses parents, la main tremblante. Mon cœur bat à toute allure et mon esprit ne vaut pas mieux. Et penser que cette traîtresse fait de ma vie un enfer :

-Tu as changé de garde-robe, Marlena ?

Je suis étonné d'avoir pu aligner deux mots, tellement j'ai la gorge asséchée par l'émotion.

-Oui, dans la mienne, je ne trouvais rien de sexy ni sophistiqué, vu que ce n'est pas mon genre.

Une partie de moi voulait fermer la porte au nez à cet imposteur et exiger qu'on me rende ma Marlena aux cheveux en bataille.

L'autre partie, en revanche, mourrait d'emporter cette déesse dans sa chambre et de la couvrir de baisers, voir plus si affinités.

N'importe quoi !

C'est une très mauvaise idée. Trop tôt pour penser à un tel scénario. Et surtout avec Marlena. Cette connasse est capable de tout pour rester à sa place, et les gens dans son genre sont plus que détestables. À quoi je pensais ? À quoi je m'attends d'une hypocrite sans scrupules ? À rien.

-Tu trouves ta tenue sexy et sophistiqué ?

-Allez, avoue, Jake, tu me trouves irrésistible et tu n'en crois pas tes yeux, dit-elle avant de tirer la langue.

-Qu'est ce qui te faire dire ça ?

-La façon dont tu me regardes.

-Tu te trompes.

-Allez, Jake, ne sois pas mauvais perdant.

-Non, je suis inquiet.

-Pourquoi ?

-Parce que je crois que tu as perdu une partie de la robe en route.

Marlena blêmit, et nos parents commencèrent à marcher vers le restaurant, sentant la tension monter.

- Tu...Tu n'aimes pas ma robe ?

-Disons qu'on peut à peine appeler ça une robe.

Un silence s'installa pendant quelques secondes.

-Tu sais quoi ? Je m'en fous royalement que ma tenue te plaise pas, sale nerd. Tu n'es pas l'homme que je cherche à impressionner.

Elle tourna ses talons pour suivre de près nos parents, mais assez loin pour être tranquille. Mais quelle garce, je suis furieux mais je me garde bien de le montrer. Je la suis, observant les mouvements de ce corps gracieux. Il ne faut pas oublier que la tentation d'une belle femme peut causer votre perte, si vous avez de la chance, la tentation est un mal que la présence du péché ne peut guérir... Mais le meilleur moyen de faire cesser la tentation c'est d'y succomber. Non, non, et non avec une personne aussi chiante, et hypocrite, la défense la plus sûre pour résister à la tentation c'est la lâcheté. Et je préfère largement être un lâche, et juste l'aider, que souffrir encore pour Marlena, quand elle m'abandonnera encore en me jetant à la cage des lions, en me détruisant encore plus. Mais il faut avouer que, comme même, je la connais bien et j'ai envie de la connaître encore mieux. Je sais qu'elle met toujours ses céréales avant le lait froid, car sinon elles « ramollissent ». Je sais qu'elle aime mettre de la confiture de framboise sur ses toasts que les lundis et les jeudis. Je sais qu'elle pleure devant n'importe quel film Disney. Je sais qu'elle adore danser sous la pluie. Je sais qu'elle a regardé le film Princess Bride au moins vingt fois depuis qu'on s'est pas vus, et que sa réplique préférée était celle que Westley disais chaque fois que la princesse Bouton d'or lui demandait quelque chose : « Comme vous voudrez princesse ». Je sais qu'elle espérait que je la complimente sur sa tenue. Je sais que sous son allure confiante et nouvellement acquise, elle est vulnérable et fragile.

Rough Love (Version française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant