Chapitre 7

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D E S T I N É E

13 heures 26

Il est 13 heures lorsque je vais dans la chambre de ma mère pour qu'elle me donne de l'argent.

Souvent j'aimerais juste être à la place d'Éléna, elle a tout ce qu'elle veut sans problème. Mais avec ma mère, je suis obligée de tout le temps me justifier. Pourquoi tu veux ci? Pour quoi faire avec ça ? Alors qu'Eléna elle, apparemment son père lui donne plus de deux cent mille chaque mois. C'est tellement merveilleux !

Ce n'est pas que je jalouse, loin de moi ce sentiment abominable. Je ne suis pas comme ça, je n'envie pas dans le mauvais sens. J'admire juste et j'aimerais bien avoir cette chance là moi aussi.

Mais je ne serai jamais prête à faire du mal à ma copine ou à la haïr. Je l'aime trop pour ça. Et rien que d'y penser, ça me fait bizarre. En plus, c'est pas comme si j'étais pauvre, ça me fait rire de me parler à moi-même tant qu'on y est.
Toujours devant la porte de sa chambre, elle me permet d'entrer et c'est ce que je fais.

— Bonjour la plus belle métisse de cette terre, la femme la plus douce, la plus sicré du Congo, de la planète même, je viens lui masser les épaules alors qu'elle a les yeux rivés sur son ordinateur.

Argh Destinée tout ça vraiment ? Elle rigole toujours dans la même position. Qu'est-ce que tu veux ? Elle me regarde enfin.

J'explose de rire. Eh, mais comment elle sait que je veux quelque chose ?

— Tu veux dire quoi par là vraiment ? Je ris encore. Donc je suis une enfant à intérêt ?

Elle me rejoint dans mon rire.

— Je suis de bonne humeur, parle vite, conclut-elle finalement.

Je suis déjà très contente d'entendre ça. Ce sont les rares moments où je peux demander la somme que je veux sans justification, enfin sans argumentation. D'habitude, elle me demande de lui donner des arguments valables, d'en citer carrément. Donc pas un, mais plusieurs.

Mais je me suis tellement plains que j'avais oublié qu'il y avait des jours où elle était plutôt très sympa. Et donc aujourd'hui, c'est le jackpot .

— Maman chérie, miss univers ... J'ai juste besoin d'un peu d'argent pour pouvoir commander de nouveaux vêtements, me faire les ongles, un resto avec mes copines, commençai-je à citer. Ah et oui... Réparer l'écran de mon téléphone.

Aussitôt, elle baisse ses verres pour mieux me regarder. Sur le coup, je me mets à rire sans faire exprès.

— J'aime pas quand tu fais ça, je ris. T'es pas belle, ton nez pointu s'aplatit presque.

Elle me donne une tape sur la tête.

— Il y a de l'argent dans mon tiroir, vas y.

J'ouvre grand la bouche.

— Mais maman, quelle mouche t'as piqué ? Je demandais choquée.

Est-ce que vous savez ce que Sanaa et moi ressentons lorsque maman nous dit d'ouvrir le tiroir à billets ? Ça veut littéralement dire que je peux me retrouver avec trois cent mille comme si je pêchais un poisson dans l'eau. Que dis-je ? Avec moins d'efforts même.

— Tu veux que je change d'avis ? Elle m'interroge du regard.

Je fais automatiquement non de la tête et saute d'excitation. Je lui fasse des bisous partout avant d'aller vers le tiroir à billets.

LIBOKO YA NZAMBEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant