Chapitre 8

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E L I K I A

Aujourd'hui après l'école, tonton Romaric nous dépose chez maman ya Éléna et moi.

J'attends ce moment avec impatience. Il faut que je lui parle de Kenza, Henriette et Mathéo. Ma maman est si sage, elle saura quoi me donner comme conseils.

Souvent ça me rend triste de me souvenir que entre elle et papa, il n'y aura plus rien. Je me rappelle encore comment chaque soir dans ma chambre je versai des litres de larmes. La maison n'était plus la même. Il n'y avait plus personne pour me crier dessus lorsqu'il s'agit de ne pas laisser ses vêtements trainer au sol, de se laver le matin ou tout simplement faire la super cuisine dont elle seule a la recette.

Non mais, vous avez déjà goûté le madesu* de ma mère ? Et son pondu* ? Je suis archi convaincue qu'elle est la seule à cuisiner ses plats à merveille. Oui, je le dis sans avoir goûté les plats d'autres femmes mais comme je l'affirme elle est là meilleure cuisinière du Congo Brazzaville tout entier. Ça me rappelle qu'elle doit me laisser cet héritage. Moi aussi je veux être un cordon bleu.

[ ... ]

La voiture étant fumée, on peut voir maman devant le portail discutant avec deux jeunes. Une fille et un garçon, qui sont d'ailleurs très clairs de peau et plutôt jolis à regarder.

Je tourne ma tête vers ya Éléna mais elle a les yeux rivés sur son téléphone. Oh mais elle rate un beau gosse là.

Je lui tapote la cuisse. Je regrette aussitôt mon acte lorsqu'elle me lance un de ses regards maléfiques.
Je me ravise aussitôt de continuer et heureusement, tonton Romaric vient de garer. Il a garé juste devant eux.

Pleine de joie, je descendis aussitôt pour enlacer ma mère. Elle rigole et me fait des bisous sur le front et la joue. J'aime trop ma maman. Je ne lui cache rien et j'affiche même auprès de sa gouverne le comportement de ma sœur.

C'est quelques secondes plus-tard que je me souviens qu'on a des étrangers en face de nous. Je quitte tendrement ma mère pour les saluer avec un joli câlin. Je sais qu'ils étaient étonnés mais j'aime apporter la bonne humeur.

— Vous êtes tellement beaux, je complimente.

Merci beaucoup, répond le garçon.

Ya Éléna fait enfin son apparition. Elle les salue vaguement avant d'entrer dans la parcelle. J'ai tellement envie de me moquer d'elle, elle est toujours désagréable. Maman va certainement lui faire sa fête tout à l'heure.

— Ne la gérez pas, elle est toujours comme ça ma soeur, je les informe.

La fille me sourit simplement alors que le garçon me dit que ce n'est pas grave.

Tonton Romaric ne tarde pas à arriver lui aussi pour saluer maman et après avoir chaleureusement dit au revoir à ces jumeaux, enfin je ne sais pas s'ils le sont mais ils se ressemblent beaucoup donc disons qu'ils le sont, on est rentré avec maman.

É L É N A

Le changement d'environnement m'est désormais familier. La maison de papa est sept fois plus énorme que celle de maman, et sans mentir je préfère celle de papa. Même si j'aime la compagnie de maman plus que celle de mon père.

Enfin bref, je vais poser mon corps sur mon lit et ferme les yeux pendant quelques minutes.

C'est sans me douter du claquement qui vient de se faire. Je sursaute alors que ma mère croise ses bras et me regarde bizarrement. On dirait une lueur de colère dans ses yeux.

LIBOKO YA NZAMBEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant