Chapitre XVI - explosion de colère

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Le lendemain matin, le ciel est d'un gris morne, reflétant parfaitement le poids de la tristesse et de la colère qui m'habite. Aigidios et moi sommes retournés à la tombe de notre amie pour lui rendre hommage une dernière fois avant de reprendre nos missions. En approchant de sa tombe, j'aperçois une silhouette familière, solitaire et imposante. Il se tient là, impassible comme toujours, mais quelque chose dans sa posture me met en alerte. Une vague de colère monte en moi, déferlant avec une intensité que je ne peux plus contenir. Comment ose-t-il venir ici, après tout ce qu'il a fait ou n'a pas fait ? Après son indifférence glaciale ? Je serre les poings, sentant une énergie brûlante déferler à toute vitesse dans mes veines.

- Rhéa, murmure Aigidios, posant une main sur mon bras, essayant de m'apaiser. Calme-toi, ce n'est pas le moment.

Mais c'est déjà trop tard. La colère bouillonne en moi, transformant la tristesse en une rage incontrôlable. Il est hors de question que je fasse taire la colère que je ressens envers lui. Je me détache de la prise d'Aigidios et avance d'un pas résolu vers Hériclès. Mon cœur bat à tout rompre, et chaque pas semble résonner comme un coup de tonnerre dans le silence lourd des alentours de la forêt

- Hériclès ! criai-je, la voix déformée par la rage. Que fais-tu ici ? Tu n'as pas le droit !

Il se tourne lentement, son visage toujours aussi impassible. Ses yeux froids se posent sur moi, et pour un instant, un éclair de quelque chose, peut-être de la douleur, traverse son regard. Mais cela ne fait qu'attiser davantage ma colère.

- Rhéa, commence-t-il d'une voix calme et grave, je...

- Ne parle pas ! l'interrompis-je, sentant les larmes de rage monter à mes yeux. Tu n'as rien à dire ! Tu étais son ami, comment peux-tu rester si insensible ? Tu n'as montré aucune tristesse, aucune émotion ! Shaina méritait mieux !

Je vois Aigidios s'approcher, son visage marqué par l'inquiétude, mais je l'ignore, toute mon attention fixée sur Hériclès. Chaque mot que je prononce semble frapper comme un coup, mais il reste stoïque, absorbant ma fureur sans broncher.

- Je suis venu lui rendre hommage, dit-il doucement. J'ai...

- Rendre hommage ?! le coupai-je à nouveau, presque en hurlant. C'est une insulte ! Tu étais son ami, et tu n'as rien fait pour la protéger, tu n'étais même pas avec elle ! où alors peut-être l'as-tu abandonné !? Et puis tu n'as rien fait pour nous aider à comprendre ce qui s'est passé !

Je vois sa mâchoire se serrer légèrement, mais il ne répond pas immédiatement. L'attente et son silence ne font qu'alimenter ma rage. Je veux des réponses, je veux des émotions, je veux voir que cela l'affecte autant que moi.

- Shaina savait se défendre, commence-t-il finalement, sa voix empreinte d'une gravité qui semble trahir une émotion longtemps contenue. Elle était forte, plus forte que quiconque. Sa mort... sa mort m'a détruit autant que vous.

Il détourne le regard un instant, ses épaules s'affaissant légèrement. Pour la première fois, je vois une fissure dans sa carapace. Mais la colère en moi est encore trop vive pour que je ressente de la compassion.

- Tu dis ça maintenant ? Tu n'as rien montré, tu as été distant, froid, comme si cela ne t'affectait pas du tout !

- J'ai appris à cacher mes émotions, Rhéa, dit-il doucement, son regard se posant de nouveau sur la tombe de Shaina. Surtout dans des moments comme celui-ci. Mais cela ne signifie pas que je ne ressens rien.

Je plisse les yeux, essayant de percer à jour ses intentions. Ses mots semblent empreints de sincérité, mais quelque chose en moi se rebelle contre cette apparence. Mon instinct me hurle de me méfier de lui, de ne pas croire à cette façade qu'il présente.

La légende de RhéaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant