Chapitre XVII - le rejet

13 3 12
                                    


Le soleil peine à percer les nuages épais du matin, plongeant la forêt dans une grisaille morne. J'avance lentement à travers les arbres, chaque pas faisant craquer les feuilles mortes sous mes pieds. Aigidios marche à mes côtés, mais le silence pesant entre nous est lourd de non-dits. Mon esprit est en ébullition, ma colère contre Hériclès s'entremêlant avec une profonde douleur et une détermination farouche.

- Nous devons trouver des indices, murmurai-je, la voix chargée de tension. Il y a forcément quelque chose que nous avons manqué. Hériclès sait plus qu'il ne le laisse paraître.

Aigidios soupire et se tourne vers moi, les bras croisés. Sa patience commence à faiblir, et je peux voir l'exaspération dans ses yeux.

- Rhéa, tu ne peux pas continuer à accuser Hériclès sans preuve. Il était aussi proche de Shaina que nous, et il souffre de sa perte, tout comme nous.

Sa réponse me frustre encore plus. Pourquoi refuse-t-il de voir ce qui me semble si évident ? La froideur d'Hériclès, son attitude détachée, tout cela ne peut pas être ignoré.

- Souffre-t-il vraiment ? Je ne vois aucune émotion sur son visage. Il est tellement impassible, comme s'il n'éprouvait rien. Et tu te rappelles des paroles de l'oracle ?

Aigidios secoue la tête, comme s'il tentait de chasser une idée absurde de son esprit.

- L'oracle a parlé de trahison, oui. Mais cela ne signifie pas nécessairement Hériclès. Nous ne pouvons pas nous baser uniquement sur des suppositions et des ressentiments personnels. Nous devons rester objectifs et chercher des preuves tangibles.

Je sens ma colère bouillonner, prête à exploser. Comment peut-il être si calme face à une situation aussi grave ? Ses paroles me donnent l'impression qu'il ignore délibérément les signes évidents.

- Objectifs ? Comment veux-tu être objectif quand tout autour de nous crie que quelque chose cloche avec Hériclès ? Son comportement, son attitude... tout cela n'a pas de sens. Tu ne peux pas simplement ignorer ces signes ! 

La dispute éclate, et je vois les signes de frustration et d'épuisement sur le visage d'Aigidios. Nous nous lançons des accusations, des défenses, sans parvenir à nous comprendre. Le désaccord s'intensifie, et chaque mot prononcé semble creuser un fossé plus profond entre nous.

- Obsession ? Ce n'est pas une obsession, c'est un pressentiment ! Quelque chose ne va pas avec lui, et si tu ne peux pas le voir, alors c'est toi qui es aveugle ! Je te rappelle que Shaina est morte dans sa maison !

Aigidios se tourne brusquement, sa voix pleine de fatigue.

- Je veux juste découvrir la vérité, Rhéa. Mais nous devons le faire ensemble, sans nous laisser emporter par la colère et la méfiance.

La forêt autour de nous semble réagir à notre conflit, les branches des arbres grincant comme si elles cherchaient à échapper à notre rage. Les paroles échangées entre Aigidios et moi résonnent dans le calme étrange de cette journée grise, un écho douloureux qui semble répercuter notre détresse.

- Tu es trop aveugle pour voir ce qui est évident ! criai-je, mes émotions débordant comme une rivière en crue. La trahison est clairement là, et tu refuses de le reconnaître ! Comment peux-tu rester aussi calme face à tout cela ?

Aigidios serre les poings, sa patience visiblement à bout. Il me regarde avec une frustration que je n'avais jamais vue chez lui.

- Et toi, tu es trop emportée par ta colère pour voir la vérité en face ! Hériclès a ses défauts, mais cela ne signifie pas qu'il soit responsable de tout ce qui est arrivé. Nous devons être rationnels, pas jouer les détectives avec des suppositions et des sentiments personnels.

La légende de RhéaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant