Chapitre VI - l'ombre du passé

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Après le départ de Shaina, je reste seule dans la pièce, mes pensées se tournant vers le parchemin posé négligemment sur la table. Intriguée, je le saisis et déroule le parchemin avec précaution. Mes yeux parcourent rapidement les mots tracés dessus, et je réalise avec surprise que c'est l'adresse d'Aigidios, un ami proche de Shaina et moi. Un soupir de soulagement m'échappe. Je quitte la maison, monte sur mon cheval et me mets en route vers la maison d'Aigidios. Le chemin est familier, et mes pensées vagabondent pendant le trajet. Malgré le départ soudain de Shaina, je me sens un peu plus confiante en sachant que je peux compter sur le soutien d'un ami.

Lorsque j'arrive enfin devant la petite maison d'Aigidios, je frappe à la porte et attends nerveusement. La porte s'ouvre, révélant le visage souriant de mon ami. Un soulagement m'envahit alors que je le salue chaleureusement.

- Rhéa ? Dit-il, ses yeux s'illuminant de joie à ma vue.
- Aigidios, réponds-je avec un sourire, me sentant un peu plus légère en voyant un visage familier.
- Ça alors... Ça fait longtemps. Dit-il avec un sourire amical, m'invitant à entrer.

Nous passons la soirée à discuter, à rire et à nous remémorer les bons moments passés ensemble. La présence d'Aigidios me réconforte, et je me sens un peu moins seule dans cette période d'incertitude.

Cependant, même si je suis reconnaissante pour ce moment de répit, la fatigue finit par me gagner. Je le remercie pour son hospitalité et me dirige vers la chambre qu'il m'a préparée. En m'allongeant dans le lit, je suis envahie par un sentiment de soulagement et de calme. Mes paupières deviennent lourdes et je me laisse bercer par la douceur du sommeil, reconnaissante d'avoir un endroit où me reposer en toute sécurité.

***

Je marche dans les rues étroites et poussiéreuses du village de mon enfance, mes pas résonnant sur les pavés usés par le temps. Autour de moi, les bâtiments familiers se dressent silencieux, témoins muets des souvenirs douloureux qui hantent mes nuits. Mes frères et sœurs marchent à mes côtés, leurs visages joyeux illuminés par le soleil radieux de l'après-midi. Je les regarde avec un mélange de bonheur et de tristesse, sachant que ce moment de paix est éphémère. Soudain, une ombre sombre s'abat sur nous, enveloppant le village d'une atmosphère lugubre et oppressante. Mes frères et sœurs se retournent vers moi, leurs visages déformés par la colère et le ressentiment.

- Pourquoi es-tu partie, Rhéa ? demandent-ils d'une seule voix, leurs voix résonnant dans l'air comme un écho sinistre. Pourquoi nous as-tu abandonnés ?

Leurs accusations résonnent dans mon esprit, me transperçant comme des flèches empoisonnées. Je cherche désespérément les mots pour leur répondre, mais ma voix se coince dans ma gorge, étouffée par le poids de la culpabilité qui pèse sur mes épaules.

- Je... Tentais-je de parler.

Et puis, soudain, elle est là, ma sœur Hélène, son visage pâle et sans vie, ses yeux accusateurs me fixant avec une intensité glaciale.

- Tu aurais dû me protéger, Rhéa, murmure-t-elle d'une voix faible mais chargée de reproches. Tu aurais dû être là pour moi ! Les larmes montent en un rien de temps. Regarde ce que tu m'as fais... Son cou s'ouvre tout seul et lentement sans crier gare et son sang gicle sur mon visage. Horrifiée par cette vision, mon corps se mets à trembler de façon violente en voyant ma sœur se vider de son sang. Tu m'as tué !  S'exclame-t-elle. Tu m'as ôté la vie de part ta faiblesse et ton égoïsme !

La légende de RhéaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant