6. Dangers

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- À quelle heure je dois aller voir le Président ?

J'avais beau agir comme si ça ne m'inquiétait pas, il m'était bien difficile de ne pas faire craquer mes doigts. Un affrontement de coqs, voilà ce qu'il s'apprêtait à me proposer.

Un seul moment de faiblesse et c'est fini pour moi...

- Fin de matinée, répondit mon assistante, les yeux braqués sur sa tablette. Et ton médecin veut te voir d'ici la fin de matinée.

Je desserrai un peu ma cravate, nerveux. Et si j'avais pris le mauvais médicament ? Et si on me mettait sous antidépresseurs ?

- Pas plus de trucs pour ce matin.

Je soupirai de soulagement et remis ma cravate en place. Lydia me fixait, visiblement soucieuse. J'étais toujours un peu patraque, mais c'était probablement dû au fait que je n'avais pas mangé et que j'avais très mal dormi.

- Je peux aller manger alors ? demandai-je.

- Oui oui file, répondit mon assistante, toujours concentrée sur sa tablette.

De retour dans mes appartements, je constatai que mon petit-déjeune m'avait déjà été servi. Je mis ma main au-dessus du croissant et souris.

Au moins, c'est chaud...

Je pris mon téléphone pour mettre de la musique et sans que je ne réalise vraiment, j'étais sur la discussion avec l'autre. Je fixai un instant mon téléphone, perdu dans mes pensées. Il n'en valait pas la peine. Il n'avait aucune valeur, absolument aucun principe. Il n'avait pas hésité à changer de bord pour avoir un poste plus haut au RN - si on en croyait le Complément d'Enquête  sur lui.

Il n'est pas du tout à ma hauteur. Vraiment pas.

Pourtant, j'avais quelque part le sentiment qu'il était bien plus humain que ce qu'il acceptait de montrer aux nombreuses caméras qui le suivaient. Je voulais voir ce qui se cachait derrière ce masque de gamin arrogant jouant de son physique avantageux.

- Qu'est-ce qui fait fumer ton cerveau comme ça ?

Je cherchai des yeux la provenance de la voix.

- À ta droite.

Mon assistante était adossée à l'embrasure de la porte, un croissant dans la main.

- Bof, les dossiers qui traînent, répondis-je.

Oraliser ma bêtise d'hier impliquait d'assumer, et je n'étais pas prêt. Surtout que s'il était bourré, son oui n'allait pas valoir grand-chose aux yeux de la justice...

Comment je fais pour me mettre dans des bourbiers pareils ?

- Me prends pas pour une imbécile.

Son ton sévère me rappela que j'étais facile à lire, malgré des années passées à tenter de cacher tous mes tics.

- C'était qui le mec de la vidéo ?

Elle a pas vu ?

- Tu vis bien sans le savoir, répliquai-je, affrontant son regard d'acier.

- Peut-être, mais toi t'as l'air de mal le vivre.

- Ça ne regarde que moi.

Moins j'en disais, mieux je me portais. Rien n'était jamais sûr, j'avais appris à mes dépends que les propos étaient faciles à détourner.

- Ça va regarder toute la France si tu te montres pas plus discret... soupira-t-elle.

Je savais qu'elle avait raison. Si je continuais sur ma lancée, j'allais mettre en danger ma carrière et mon parti. Et je n'étais pas sûr d'être prêt à tout risquer pour un abruti de son genre.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant