12. Problème

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Le nombre de fois où mon assistante m'avait réprimandé pour mon manque de concentration ne tenait pas sur mes deux mains. La fatigue pesait sur mes épaules, avec elle l'angoisse qu'un de mes "collaborateurs" aille parler de sa trouvaille au Président ou à Mediapart.

Je soupirai alors que mon assistante déposait devant moi les derniers dossiers de la journée.

- Le premier il nous faut ton retour pour demain matin, le reste peut attendre.

Je bâillai discrètement et lui souris.

- Super, merci.

Je fixai le porte-document qu'elle venait de me donner. Je savais que je devais impérativement finir le dossier ce soir, mais je me sentais trop nauséeux pour avoir la foi de continuer. Je relevai les yeux et vis mon assistante debout, souriant bêtement devant son téléphone.

- Tu veux en parler Sophie ? raillai-je.

Elle sortit brutalement de sa transe et rangea son téléphone précipitamment.

- Euh... fit-elle, prise sur le fait.

Je souris et attendis sa réponse.

- Et toi alors ?

- C'est pas moi qui souris comme un idiot devant mon téléphone, répliquai-je.

Elle soupira et jeta un coup d'œil à son téléphone. Malgré ses efforts pour cacher sa réaction, je vis une petite étincelle s'allumer dans ses yeux.

Est-ce qu'il réagit comme ça quand il voit que c'est moi ?

- Bref, trancha-t-elle. Bonne soirée.

Elle regarda encore son téléphone et faillit sauter de joie.

- Bonne soirée. Et passe-lui le bonjour de ma part, ajoutai-je, ironique.

Elle me lança un regard réprobateur et partit sans dire un mot de plus. Presque immédiatement après son départ, je reçus un message de ma sœur. Je souris et pris mes dossiers avec moi, laissant derrière moi mon téléphone professionnel.

- Enfin t'es là ! me lança-t-elle depuis la cuisine.

- Désolé, le boulot, dis-je tout en ouvrant la porte. T'as préparé quoi ?

- Spaghetti bolo. On mange et j'te cuisine après, t'en dis quoi ?

- Ce que tu veux, soupirai-je en me laissant tomber sur la chaise la plus proche.

Je posai mon porte-documents sur la table et me forçai à l'ouvrir. Les mots ne faisaient plus de phrase, allant jusqu'à se transformer en amas de lettres se moquant de mon incapacité à réfléchir. Je me frottai les yeux, espérant que ça me réveillerait, sans succès.

- Pose-moi ça, me dit-elle en fermant mon dossier. Regarde-toi, t'arrives même pas à cligner des yeux...

- Ça va pas se faire tout seul, protestai-je faiblement.

- Tu réfléchiras mieux après avoir mangé.

L'assiette qu'elle posa devant moi disparut au bout de dix minutes.

- Bon, maintenant que t'as mangé, c'est l'heure de te cuisiner.

Sa phrase me ramena brusquement à la raison de sa présence ici.

- 23h. Il était 23h hier soir quand tu m'as appelée.

Je fixai le fond de mon assiette. Je n'avais rien pour me défendre, rien pour expliquer mon état de la veille.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant