7. Soupçons

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13h. Les mains moites et glissantes de mon McDo, j'essayais de calmer les battements de mon cœur. Non seulement cet abruti hantait mes pensées, mais en plus j'étais censé être au siège dans vingt minutes... et j'étais tout sauf prêt.

Mon téléphone vibra et je soupirai de soulagement en voyant qu'on venait de reporter la réunion. La discussion avec mon ex tournait en boucle dans ma tête. Elle n'était ni conne ni intelligente, mais je ne pensais absolument pas qu'elle qualifierait mon rival d' "obsession".

Il était plus doué que moi au moins sur les bancs de l'école puisqu'il était de SciencesPo, il était capable de s'assumer et il était loin d'être mauvais en débat. Sans mediatraining.

Il a tout pour lui...

Mon doigt scrollait de lui-même, espérant sûrement trouver une forme de réconfort. J'avais encore envie de manger, j'avais encore envie de boire un IceTea pêche si coupé que j'aurais envie de le vomir.

Il ne s'était pas « rien » passé hier. Hier soir, que je l'admette ou non, je l'avais embrassé. Lui, le Premier Ministre gay. Opposant du parti dont j'étais le président. Vendu comme étant « l'arme anti-RN ».

Mais qu'est-ce que j'avais dans le ciboulot hier ?

J'aurais voulu avoir rêvé ce moment. J'aurais voulu que ça ne soit passé que dans mon imagination, j'aurais voulu pouvoir mettre ça sur le compte de mes hormones.

Nan, c'est juste encore plus gay...

Une alarme vrilla mes tympans, me faisant sursauter. Mon équipe - évidemment masculine - était au moins aussi attachée aux soirées que je l'étais à l'immigration. Si tout à l'heure Nolwenn n'avait pas repéré mon lapsus, je pouvais compter sur mon équipe pour repérer le moindre faux pas que j'aurais le malheur de faire.

Une deuxième alarme sonna et je faillis jeter mon téléphone sur mon canapé. Pourquoi fallait-il que je sois incapable de contrôler mes hormones avec un homme ? Qui plus est l'incarnation même de l'opposition ?

J'éteignis rageusement mon réveil et achevai de me préparer, essayant de calmer le tremblement de mes mains. Je ne pouvais pas me permettre de faiblir en période électorale. Si Marine m'avait nommé président, ce n'était pas pour que je flanche aux premières difficultés.

Je claquai violemment la porte de mon appartement et fis tomber mes clés à deux reprises avant de le fermer.

La journée promet.



- Salut chef ça va ?

Pendant un court instant, j'eus envie de rire de dépit. J'étais président depuis 2022, et jamais les choses ne s'étaient si mal présentées sur le plan personnel depuis ma rupture.

- Génial et toi ? répondis-je, essayant de maintenir le contact visuel pour qu'il me croie.

Il resta un instant silencieux, visiblement pas convaincu par ma réponse. Je ne l'étais pas plus que lui, mais avouer que j'avais fait le con hier revenait à remettre ma démission.

- Oui ça va, les autres devraient pas trop tarder.

- Ils sont où ? Encore sous le coup d'hier ? demandai-je en m'installant dans le sofa.

Mon ventre se tordit à la simple évocation de la soirée. Bourré comme je l'étais, je pouvais complètement me permettre de l'accuser d'agression et ruiner sa carrière.

- Ouais, on est restés jusqu'à deux heures hier !

- Qui a eu la plus grosse descente ?

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant