1. Tensions

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Cinq mois que j'étais Premier Ministre. Cinq mois que je perdais confiance, cinq mois que je pataugeais dans les eaux troubles de la politique française. Si la situation était critique, elle ne s'était pas vraiment arrangée depuis mon arrivée...

Cinq mois que je remettais en question ma présence en tant que Premier Ministre. Je jetai un petit coup d'œil à mon téléphone et ne pus m'empêcher de soupirer.

-       Quelle vie de merde vraiment...

Il fallait bien avouer que j'aurais pu refuser, mais j'avais voulu tenter d'ajouter ma pierre à l'édifice.

Idée de merde. Bon, au moins les gens sont moins homophobes que je l'ai cru...

Je déglutis péniblement et me levai de mon siège. Je ne me souvenais plus comment je m'étais endormi sur ce siège, mais je savais que j'étais de toute façon incapable de dormir plus de 30 minutes dans une position aussi inconfortable.

Je regardai ma montre en m'étirant et m'aperçus qu'il était 13h. J'avais rendez-vous dans une demi-heure avec le Président, qui semblait visiblement vouloir dissoudre l'Assemblée en cas de victoire du RN.

Lui comme moi connaissions l'issue probable du vote, mais je n'étais pas le genre qui me laissais abattre pour si peu. Enfin, si peu... c'était quand même beaucoup.

Je me rinçai le visage à l'eau et forçai mes yeux à rester ouverts. Je n'avais pas le temps de rêver, pas avec un tel poste. Je fixai mon reflet dans le miroir et y vis un homme fatigué, terriblement stressé, mais qui tenait toujours le coup. Un homme dont l'homosexualité lui avait valu bien des insultes, mais qui s'en était sorti. Pendant un instant, je vis le petit garçon que j'étais, terriblement timide, apeuré par sa sexualité, qui avait fini par se détester.

Je ne suis plus le même.

Je n'étais plus le même, j'avais évolué, mais j'avais encore le don d'aimer des garçons complètement en-dehors de ma zone d'action. Des garçons cons qui plus est.

Je clignai des yeux et réalisai que je venais probablement de perdre cinq minutes.

- Oh bordel...

J'attrapai mes clés sur le comptoir et fermai précipitamment la porte, courant aussi vite que je le pouvais pour arriver à l'heure.


- Monsieur Attal, bonjour... me lança doucement le chauffeur alors que je lui tapais l'épaule pour partir.

- Bonjour, je suis désolé d'être en retard, est-ce que vous pensez que je serai à l'heure ? lui dis-je d'un souffle.

- Ce n'est pas prudent, mais c'est...

Le chauffeur regarda le temps de parcours prévu pour arriver jusqu'à l'Elysée.

- Plus que réalisable. Attachez-vous, ça va secouer !

- Merci !

Je me retins de mettre mes écouteurs et fixai le trafic à travers sa vitre teintée. Il faisait beau dehors, chose rare pour ce mois de mai bien gris.

Gris comme mes cheveux...

Je souris en apercevant un petit espace vert. C'était un soir après une longue session de vote à l'Assemblée. Rentrer dormir à Matignon ne m'inspirait rien, alors j'étais allé me dégourdir les jambes dans Paris, seul. C'était loin d'être l'idée la plus brillante que j'aie eu, mais ce qui s'y est passé restera à jamais gravé dans ma mémoire.

J'ai vraiment le don de me mettre dans des pétrins...

- On est arrivés Monsieur.

- Ah ! Merci encore.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant