Prologue

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Cinq mois que cet abruti était Premier Ministre. Cinq mois qu'il essayait de sauver des pots cassés, cinq mois que je le regardais tenter de défendre des projets tous plus farfelus les uns que les autres.

C'est certainement pour ça que je me suis bourré la gueule hier. Alors que j'ai encore une réunion pour les élections européennes. Je regardai l'heure et soupirai.

- Qui m'a dit d'être président de parti aussi...

Je me levai et entrepris de prendre une douche. L'eau chaude apaisait les courbatures de ma séance de la veille et je fermai les yeux pour savourer la sensation.

- Les étoiles brillent ce soir.

Mon interlocuteur me regarda d'un drôle d'air, puis reporta son attention sur les étoiles.

- Oui, j'ai toujours aimé les regarder... Elles me font me sentir moins seul dans cette vie de merde.

- Vous auriez pu refuser le poste, pourquoi l'avez-vous accepté ?

Silence.

- Vous auriez pu rentrer chez vous, pourquoi êtes-vous venu me parler ?

Second silence. Il n'avait pas tort.

- Un partout.

Paris le soir était une belle ville. La ville de l'amour comme ils aiment le dire.

- Vous vouliez me dire quelque chose ?

Le regard perdu dans les étoiles, j'essayais de réfléchir calmement. Sa présence m'énervait en même temps de me réconforter, je détestais ce sentiment.

- Vous êtes bien silencieux pour quelqu'un de si arrogant...

- N'a-t-on pas le droit de profiter des étoiles ensemble ?

Son regard se posa sur moi. Pourquoi fallait-il que je me mette dans des positions si délicates ?

- Si, bien sûr que si, dit-il en frôlant doucement ma main.

Les émotions se bousculaient dans ma tête. Qu'est-ce que je faisais ici ?

- Il ne vous en faut pas beaucoup pour-

- Je dois y aller, le coupai-je.

Je tremblais, terrifié par la tornade qui s'était déclenchée en moi. Mais qu'est-ce que je fichais ici ?

- Très bien.

Je le regardai. J'espérais presque qu'il se tourne vers moi, qu'il me regarde.

- Eh bien ? Je ne vous ai pas empêché de partir à ce que je sache.

Je déglutis, mes yeux toujours posés sur son profil. Pourquoi mon corps refusait-il de bouger ?

- Vous comptez rester là à m'admirer longtemps ?

Cette fois, il était en train de me regarder. J'avais l'impression d'avoir la bouche sèche, d'avoir perdu mon français. Il fit un pas vers moi, réduisant l'espace qui nous séparait. Il était près, très près.

- Vous feriez mieux d'y aller, me souffla-t-il.

Son souffle s'échoua sur mon cou. Je réprimai de justesse un frisson.

Il se recula et partit sans un mot.

Une autre alarme sonna, celle-ci pour m'indiquer que j'étais censé être parti. Je sortis rapidement de la douche, enfilai un costume et partit, en prenant soin de fermer la porte. 

Allez, je peux le faire. Je vais pouvoir choper le poste de l'autre idiot.

Pourtant, mon souffle était aussi court que cette soirée-là.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant