8. Rendez-vous

131 9 4
                                    

18h15. Les questions ne cessaient de se bousculer dans ma tête, aggravant ma migraine due à ma crise d'hier. Je me massai les tempes, tentative désespérée de calmer ne serait-ce qu'un peu mon flux incessant de questions.

Ce n'est pas à propos de lui que je devrais avoir des migraines...

Je me levai et décidai d'aller marcher un peu dans Matignon. À peine eus-je fait un pas en dehors de mon bureau que mon assistante me repoussa à l'intérieur, visiblement très nerveuse.

- À quelle heure t'étais au McDo hier ?

- Je sais pas, 23h15 pourquoi ?

Elle me fixa un moment, cherchant à savoir si je mentais. Finalement, elle repartit aussi vite qu'elle était sortie. Mon téléphone vibra dans ma poche et je dus me retenir de ne pas regarder immédiatement.

J'ai douze ans et j'attends le message de mon "pote"...

Après quelques minutes à tergiverser, je finis par prendre mon téléphone et soupirai bruyamment en voyant le message.

Tu vis dans un bunker ?

Très drôle.

Je souris, amusé de sa réaction.

Une idée de l'heure à laquelle tu pourrais arriver ?

Je jetai un coup d'œil à l'adresse et haussai un sourcil. Le quartier alentour semblait calme, aucune trace de bar ou de grandes surfaces. Je regardai mon emploi du temps, que je trouvai bien entendu rempli. Je retournai sur l'adresse donnée et serrai les dents en voyant le temps de trajet depuis Matignon.

J'aurai tout le temps de regretter...

Non.
C'est toi qui vas t'adapter à moi pas l'inverse.

Mon téléphone bipa encore et je soupirai.

Pardon c'est vrai que tu fais quelque chose de tes journées

Je sentais le sarcasme de sa remarque à une bonne dizaine de kilomètres. Comment était-il capable d'oublier qui j'étais ?

Au moins, il me voit pas que pour mon poste...

Forcément je suis Premier ministre.

Je restai sur mon téléphone quelques minutes, attendant une réponse.

Qu'est-ce que je fous à attendre comme un con ?

Je décidai d'aller me chercher quelque chose à manger, espérant que mon estomac arrêterait de réagir à son évocation.

De retour à mon bureau, je mangeais mon croissant distraitement. La perspective de le voir me terrifiait et je n'avais aucune excuse valable en tête. Même si mon chauffeur ne me posait pas de questions, je ne pourrais pas éternellement faire comme si de rien n'était.

- On doit y aller, me lança ma secrétaire.

J'engloutis mon reste de croissant et me levai.

- Il te manque des heures de sommeil...

- Nan, tu crois ? dis-je, ironique au possible. C'est marrant, moi je crois pas...

- On te libérera tôt ce soir. Bouge maintenant, on te trouvera à manger sur le chemin.

J'acquiesçai, me sentant trop faible pour parler, et la suivis.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant