2. Troubles

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Ma journée - ou ce qu'il en restait - s'était déroulée dans un brouillard. Le principal sujet pour lequel j'avais été convoqué était les élections européennes, après quoi j'étais allé boire un verre avec les copains. C'était la troisième fois que je buvais comme un con, mais je voulais à tout prix oublier. Oublier cette soirée, oublier la sensation de son contact, oublier la sensation de son souffle dans mon cou, oublier les frissons qui m'ont parcouru, oublier ses lèvres qui semblaient si proches des miennes, oublier... à n'importe quel prix.

Mon corps se souvenait encore et me faisait revivre ces sensations à n'importe quel moment de la journée.

Qu'est-ce qui cloche chez moi ?

Je rentrai chez moi et m'affalai dans mon canapé. Ma lucidité malgré les verres enchaînés me surprenait, mais c'était probablement parce que j'y étais habitué. Ce n'était pas la première fois que je buvais comme un con pour oublier, mais c'était la première fois qu'un homme me faisait faire ce genre de choses. C'était la première fois qu'un homme me faisait ressentir de telles choses.

Je déteste ça. De tout ce qui pouvait m'arriver, c'est la pire chose.

Bien sûr que la perspective d'être Premier Ministre me plaisait, j'aimais le pouvoir, mais je n'étais pas sûr d'être un bon représentant de mon parti.

Quel membre du RN est pro-LGBT ? À ma connaissance aucun. Personne n'était pro-LGBT, personne ne serait prêt à accepter les conséquences de mes actions.

Pas même moi.

Peut-être qu'une autre dose me ferait oublier.

J'ai le comportement d'un drogué, de mieux en mieux...

Je me levai mais ma tête se mit aussitôt à tourner.

- Ah, j'y suis allé trop fort...

Je me rassis et sortis mon téléphone. Peut-être que scroller m'aiderait.


Je fus réveillé par une notification de mon téléphone, me faisant presque sursauter.

- Instagram de mes couilles là... maugréai-je.

J'ouvris Instagram et tombai sur une pub de McDo. Mon ventre répondit par l'affirmative.

- C'est vrai que j'ai pas mangé avec toutes ces conneries...

J'ouvris mes conversations pour envoyer un message à un de mes amis puis me ravisai. J'avais besoin d'être seul. Je n'avais pas envie qu'on me demande si j'allais bien, j'étais trop éméché pour être en mesure de mentir.

Prudemment, je me levai. Je restai quelques instants debout, cherchant à savoir si je pouvais marcher un peu. Je me changeai pour des vêtements plus lambda et pris toutes mes affaires. Je fixai un instant mon téléphone et faillis ne pas le prendre.

On est pas en sécurité à Paris, avec tous les étrangers là...

Mais j'en avais besoin pour mettre de la musique. Pour oublier. Je le pris et claquai la porte si fort que le mur en trembla.


Essoufflé, je ne savais pas ce que je faisais sur le faubourg Saint-Honoré. J'habitais à côté de la mairie du 8e, à 20 bonnes minutes de chez moi. Je regardai l'heure et constatai que ça ne faisait que 10 minutes que j'étais parti.

J'ai couru ? J'ai couru et j'ai pas réalisé ?

Je fouillai mes poches nerveusement et soupirai de soulagement en constatant qu'il ne me manquait rien. Je jetai un coup d'œil aux immeubles et mon ventre se serra.

Attention (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant