Dispèrition (1)

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Disperition

Cher Père, je t'écris ces quelques rêves
Où nul ne rompt l'équilibre de tes pas,
À la lueur des cierges jaunis par le temps.
Encore une nuit, où les cloches sonnnent
La fin des rayons sur les tombes clairs.
Seul, assis sous un portique d'eternuité
Le temps s'est replié sous les rides de mon cœur.
Une pelle rouillée, recouverte de mousse
Repose sur mon épaule, comme une croix.
À l'ombre du cimetière abandonné,
Je me suis perdu, je me suis trouvé là, sans toi
Les mains encore pleines de terre.
J'ai froid en l'étoile polaire.
Je n'ai plus qu'une peau gelée pour me protéger.
Dans mon panier en osier, au milieu des lettres
Étouffées par la neige, reste un trogon de pomme.
Une flasque de vin abîmé repand ses dernières gouttes
Sur les flocons et les phrases délicates.
Voilà, un mois que je n'ai plus mangé.
J'ai faim d'étoiles coccinelle et d'odeur fraîche
Mais je suis né avec des yeux vides de ciel.
Je cercueil même les plus belles fleurs,
Oh elles sont mortes, mais reposent dans le benitier.
Le poids des morts, sur la charpente de mon dos,
Mon linge de prière est trop lourd,
J'ai beau plier, mes os ne peuvent supporter
La voûte de sucre, des cathédrales de cassis.
La chapelle s'ecroule sous l'étreinte du lierre,
Mes souvenirs se dissolvent dans la boue des pavés sales.
Sur le sol, un suaire de neige s'est egalisé
Je suis le garant de la mémoire des hommes
J'ai gravé ton nom sur les pierres de l'Eglise.
Au milieu de l'abside, un puit de lumière,
Un arbre achève de perdre ses dernières feuilles.
Rien que l'hiver, il est temps de partir
Je rassemble mes effets personnels, tu ne reviendras pas
J'ai père, pa-poème moi...

Mercredi 16 Juillet 2024.
Lilian Barrault

Recueil de Poèmes : L'Ombre de la MélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant