Spyer

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Je suis allongée dans mon lit en train de regarder mon téléphone quand j'entends un fracas venant de ma fenêtre. Il vient de sauter.

— Je t'ai fait peur ?

Il me taquine avec un sourire en coin et s'allonge à côté de moi. Il commence à me chatouiller.

— Hahaha, arrête ! je crie en essayant de le repousser.

Il rit et s'arrête, puis met ses deux mains derrière sa tête en fermant les yeux. J'examine son visage, ses taches de rousseur lui vont tellement bien.

— Arrête de me mater.

Il continue en me tirant la joue. Je grimace en le repoussant.

— Chelly, passe ta main.

Il me regarde avec des yeux qui disent "je vais faire une blague qui pue la merde."

Je soupire et lui donne ma main. Il met un objet dedans. Je remarque que c'est une boussole.

— C'est parce que j'en ai deux.

Il me montre la sienne.

— Pourquoi c'est si important pour toi, la boussole ? Tu en as même fait un tatouage.

Je touche son avant-bras.

— C'est pour ne pas perdre de vue mes objectifs. J'ai des points à atteindre. Ça me permet de me souvenir que toute ma vie, c'est de me retrouver et de naviguer en me cherchant.

Je l'écoute attentivement, c'est la première fois qu'il me parle comme ça. J'ai l'impression de me sentir plus proche de lui.

J'hoche la tête et détourne le regard.

— J'ai envie d'en savoir plus sur toi, Kaito, mais j'attendrai. Je sais que tu n'as pas de mauvaises intentions, alors ce n'est pas grave.

Je m'exprime en jouant avec mes doigts.

Il ne dit rien, comme s'il était en transe. Il regarde ses mains aussi. Pourquoi ne dit-il rien ?

Il se lève.

— Je peux passer aux toilettes ? Je risque de croiser personne, hein ? Il rit bêtement et je lui dis que mes parents ne sont pas là de toute façon.

— Kaito ! je le retiens en l'appelant.

Il se retourne vers moi et me regarde, je vois bien qu'il est perturbé.

— Tu me diras au moins un jour pourquoi moi ?

Il tique et détourne le regard.

— Un jour, Chelly.

Et il sort de ma chambre. Il est si renfermé. Alors je n'aurai jamais de réponse à mes questions ? Pourquoi il est venu me regarder dormir ? Pourquoi nos parents ne s'entendent plus ? Pourquoi il me connaît alors que moi, non ?

Je soupire en mettant ma tête dans mes draps. Mais bon... On sort ensemble maintenant...

Je souris niaisement en me claquant les joues pour arrêter de fantasmer. Comme quoi, le hasard fait bien les choses.

"Le hasard," maintenant que j'y pense, ma meilleure amie n'est pas au courant. Personne n'est au courant. Est-ce que je devrais garder ça secret ? Mais si elle me demande comment je l'ai rencontré ? Oh non, je ne pourrais pas lui dire que c'est lui qui est venu dans ma chambre par effraction. Elle va me dire d'appeler la police. C'est vrai que maintenant en y réfléchissant, c'est carrément flippant cette histoire... Personne ne me croirait.

J'entends du boucan derrière la porte et je me précipite pour aller voir.

— Aaaah ! ne m'approchez pas, voleur ! Qui êtes-vous ?! Je vais appeler la police !
crie Hiba en frappant Kaito avec le balai.

— Hiba, c'est moi, Kaito !
Il crie, et elle crie de joie, surprise.

— Oh mon dieu, Kaito ?! C'est bien toi, mon enfant ?!

Elle le prend dans ses bras en pleurant. Je ne comprends pas très bien la scène.

Je m'approche d'Hiba et lui caresse l'épaule.

— Chelly ! C'est toi qui l'as ramené ? Vous vous connaissez ?

Elle s'éloigne de Kaito en nous regardant, scandalisée.

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