Chapitre 7

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Quelque part dans la campagne anglaise, une femme était en train de cueillir des fleurs qu'elle choisissait avec soin. Elle confectionna un bouquet puis le rangea délicatement dans son sac. Par cette belle journée ensoleillée, elle n'était pas la seule à être de sortie dans les champs.

***

Une semaine s'écoula et Jane avait fini de lire le deuxième journal de Clarissa Johnson. Sa lecture lui apprit beaucoup plus de choses que le premier volume. Ce qui l'a le plus surprise ne fut pas le mariage avec Henry ni la naissance d'Andrew en 1990 car au fond, elle connaissait ces évènements. En revanche, ce qu'elle ne savait pas fut qu'Andrew était allé en pensionnat à l'autre bout du pays dès ses huit ans et ne rentrait que pendant les vacances d'été. Cela expliquait beaucoup de choses sur les relations dans la famille. De ce qu'elle avait compris, même si elle savait qu'elle ne pouvait pas se fier qu'à un seul opinion, était que Henry avait insisté pour qu'Andrew parte en pensionnat alors que Clarissa ne souhaitait pas ça mais avait fini par céder. Elle confiait dans son journal à quel point son fils lui manquait. Elle tentait d'aller le voir le plus souvent possible mais son métier la contraignait de rester dans la région et elle ne prenait pas souvent de vacances. Jane commençait à avoir de sérieux doutes sur qui était vraiment Henry Johnson. Elle se demanda s'il cachait très bien son jeu derrière sa grande renommée dans le monde de la justice ou si elle était biaisée à cause sa lecture.

En sortant faire les courses, elle croisa Max qui était en train de livrer des quotidiens et des magazines et s'arrêta pour discuter avec lui. La discussion ne fut pas très longue car les deux étaient plus des connaissances que des amis mais ils aimaient discuter de temps en temps. Jane s'en alla et au supermarché, elle reconnut la personne qu'elle avait aperçue dans le restaurant à Bristol. Toujours impossible de remettre un nom sur ce visage. Elle s'approcha de lui et le dévisagea en essayant de ne pas paraître suspecte car c'est assez étrange et malsain de se faire dévisager par des inconnus. L'homme lui semblait vraiment familier puis c'est là qu'elle eut un déclic, c'était le père de Max, Alexander Carter ! Elle l'avait déjà rencontré lors d'une fête des voisins l'année d'avant. Tous les ans était organisée une fête des habitants de Liberty Street à laquelle Jane et Charlie n'aimaient pas forcément participer et tentaient toujours de trouver des excuses pour ne pas y aller. A ce moment précis, elle regretta de ne pas mieux connaître l'homme. En temps normal, elle aurait passé son chemin, mais cela faisait quand même deux fois qu'elle le rencontrait, enfin plus exactement l'apercevait et ce, en plus dans deux villes différentes. Ce scénario l'intriguait et l'effrayait légèrement car elle avait vu l'homme plus de fois dans le mois qu'elle ne l'avait vu ces dernières années et s'inquiétait qu'il l'observe. Elle avait le sentiment qu'il était impliqué dans l'affaire d'une manière ou d'une autre. Jane passa son chemin et continua de faire ses courses mais se dit qu'il fallait, une fois rentrée chez elle qu'elle mette toutes ses nouvelles hypothèses dans son carnet. Lors de son passage à la caisse, elle entendit son téléphone vibrer. Après être remontée dans sa voiture, elle regarda le message qu'elle venait de recevoir. Elle s'attendait à un message de Charlie qui savait qu'elle était au supermarché et qui lui demandait d'acheter quelque chose en particulier. Cependant, elle ne cacha pas sa surprise et son effroi quand elle vit un nouveau message de menace comme celui qu'elle avait reçu lors de son déplacement professionnel en Ecosse. Elle mit la clé dans le contact et rentra le plus vite possible au cottage. Une fois rentrée, elle verrouilla la porte et ferma le volet de la cuisine. Sa plus grosse crainte était que Mr Carter l'ait suivie. Elle regarda à nouveau le sms et remarqua qu'il venait d'un numéro différent de celui qui l'avait contactée précédemment. Contrairement à la fois précédente, il n'y avait pas non plus de colis suspect. Deux solutions étaient viables : soit l'expéditeur était différent, soit c'était la même personne qui utilisait des techniques différentes.

Charlie rentra plus tard de la maison d'édition et fut surpris de voir le volet de la cuisine fermé, ce qui l'inquiéta. Il rentra dans la maison et tomba sur Jane qui était en train d'écrire furieusement sur une feuille. Il se rendit compte qu'elle n'avait pas encore remarqué sa présence. Il se racla la gorge pour lui indiquer qu'il était là. Jane leva les yeux et commença à raconter de manière totalement incompréhensible et désordonnée ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée. Charlie l'arrêta et lui demanda de recommencer plus doucement son récit. Charlie conseilla à nouveau à Jane de bloquer le numéro de téléphone mais de garder la preuve et de le signaler. Elle suivit son conseil sauf la dernière étape. Elle n'avait pas envie de parler immédiatement avec la justice mais promis de le faire si les messages recommençaient et persistaient.

Quelques jours s'écoulèrent sans qu'aucun n'incident ne se passe. C'était le weekend et Jane se dit qu'elle allait continuer la lecture des journaux de Clarissa. Ils racontaient sa vie dans sa maison au 196 Liberty Street et les relations qu'elle entretenait avec le voisinage. Elle fut contente de lire que Clarissa aimait discuter avec elle et Charlie. Il y avait aussi un long paragraphe sur sa relation houleuse avec Grace qu'elle trouvait détestable alors qu'elle était un ange quand elle était enfant. Cela confirma ses doutes que Clarissa avait bel et bien travaillé pour la famille de Grace. En revanche, un détail perturba Jane. Ce troisième carnet commençait le 1er janvier 2010. Or, le deuxième finissait à l'aube du début des années 2000. Il en manquait donc un. Elle se leva et alla retrouver Charlie dans le jardin.

- Dis-moi, cette Judith Ackers, quand elle est venue à la maison d'édition, elle avait combien de carnets ? demanda Jane.

- Hum... trois je crois. Pourquoi ? Je t'ai donné tout ce que j'avais.

- Réfléchis bien, t'es vraiment sûr de toi ?

- Oui, enfin, si tu veux je revérifierai. Y a un problème ?

- Un gros problème même ! Il en manque un !

- Comment ça ? Qu'est-ce qu'il te fait dire ça ?

- Le dernier que tu m'as donné commence en 2010 et celui d'avant finit en 2000. Y a un écart de dix ans entre les deux et ça m'étonnerait que Clarissa ait arrêté d'écrire pendant une si longue période.

- Vu comme ça effectivement... Tu veux que je la recontacte pour lui demander ? Ça ne fait pas très professionnel de sous-entendre qu'elle n'a pas été capable de me donner toutes les infos, soupira Charlie.

- Trouve un angle pour aborder le sujet si elle revient ! C'est suspect !

- Je vais faire de mon mieux.

- Merci !

La disparition au 196 Liberty StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant