Chapitre 11

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Il tombait une pluie torrentielle sur le petit village. A travers la fenêtre de l'une des maisons éclairées du village, deux personnes avaient l'air d'avoir une discussion très mouvementée. Les deux se faisaient face mais se trouvaient trop loin de la fenêtre et dans un endroit trop sombre pour que l'on puisse distinguer leurs visages.

***

Dans la maison des Johnson, tout était calme, Andrew était exceptionnellement rentré sachant que son père était là. A un moment, Henry Johnson décida de montrer la lettre qu'il avait reçue quelques jours plus tôt à son fils. Le contenu le choqua aussi, il pensa également à une mauvaise blague. La lettre faisait référence à une histoire qui se serait passée des années plus tôt au début des années 2000. Henry n'y croyait pas tout comme Andrew. Leur famille avait beau être dysfonctionnelle et pas très proche, ils ne pensaient pas une seule seconde qu'elle leur aurait caché des choses. Leur avis convergeait. Ils étaient persuadés que l'expéditeur souhaitait juste les diviser encore plus mais que le courrier n'était pas à prendre très au sérieux. En revanche, Andrew voulait parler de la lettre à Jane, qui enquêtait et puisqu'elle était amatrice, ça ne risquait pas de se retrouver dans les journaux ou un quelconque autre média.

Andrew sonna chez Jane et Charlie et ne fut pas surpris quand personne ne répondit, c'était un jour de semaine en plein milieu de la matinée. Il réessaya au cas où, mais personne ne vint ouvrir. Il pleuvait tellement que cela ne servait à rien de laisser un mot pour faire part de sa visite. Il ne se rappelait plus s'il avait enregistré un de leurs numéros de téléphone. Il rentra chez lui pour être au sec puis sortit son téléphone portable. Dans ses contacts, il n'avait aucun des numéros de téléphone et en plus il avait vidé son historique, donc il n'avait plus aucun accès aux messages précédemment envoyés par Charlie.

Il retenta sa chance en début de soirée. Cette fois-ci, Charlie ouvrit la porte et fut surpris de voir qui avait sonné. Il fit entrer Andrew et lui demanda ce qu'il faisait dans la région. Andrew lui répondit qu'il venait voir son père qui était pour une fois en vacances. Au moment où il s'apprêtait à parler du mystérieux courrier que son père avait reçu, il remarqua l'absence de Jane. Lorsqu'il demanda où elle était, Charlie lui répondit qu'elle était partie faire des expériences sur le terrain au milieu de la campagne anglaise et qu'il n'y avait pas de réseau là où elle se trouvait. Elle devait rentrer quelques jours plus tard, son métier l'obligeait à partir à des moments précis sans grande flexibilité car les plantes n'attendaient pas pour fleurir. Charlie demanda pourquoi il voulait la voir. Après avoir raconté son problème dans les grandes lignes, Charlie proposa à Andrew de revenir une fois que Jane serait rentrée, ce qu'il accepta. Il remercia Charlie puis ils échangèrent leurs numéros de téléphone respectifs. Andrew partit et rentra chez lui dans la maison d'en face.

Une fois Andrew parti, Charlie décida d'écrire une note dans son téléphone pour se rappeler de la conversation qu'il venait d'avoir même s'il supposait qu'Andrew répèterait tout à Jane à son retour.

Charlie était en train de passer dans le hall de la maison d'édition quand il vit à sa grande surprise Grace entrer dans le bâtiment. Elle l'aperçut au comptoir et alla le voir et demanda à lui parler dans son bureau. Charlie lui répondit qu'il était occupé toute la matinée mais qu'il pourrait la voir en début d'après-midi et lui proposa même si elle préférait qu'ils se voient plus tard à Cloudbridge. Celle-ci lui dit qu'elle repasserait alors plus tard dans la journée et se donnèrent rendez-vous à 14h quand les deux étaient libres. Grace partit et Charlie finit la discussion qu'il avait commencée avant l'arrivée de Grace avec d'autres employés de la maison.

L'heure du rendez-vous arriva assez rapidement et Grace prit place dans le bureau de Charlie.

- Qu'est ce qui t'amènes ici ?

- J'ai eu une idée pour aider Jane à découvrir le coupable.

- Dis-moi tout, enfin ce qui m'intéresse c'est plutôt, en quoi venir me voir à la maison d'édition va aider à exécuter ton idée ? Je crois savoir pourquoi tu es là et je n'aime absolument pas ça.

- Ne t'inquiète pas, quand Jane est venue me voir la dernière fois, elle m'a dit que tu avais reçu les journaux intimes de Clarissa Johnson.

- Oui, et ?

- Publie-les ! S'ils ont du succès, les gens vont vouloir lire celui qui est manquant et donc ça va forcer le coupable à se dénoncer ! Expliqua Grace comme si cela était la meilleure idée du monde.

- Hors de question ! s'indigna Charlie.

- Pourquoi ? Ça va te faire perdre ton boulot ? répliqua Grace.

- Non, mais c'est pas une bonne idée pour la simple et bonne raison que le processus est long et ce n'est pas parce que je suis au courant de ce que sont ces carnets que je veux les publier rapidement.

- Mais ça aiderait Jane !

- Je ne crois pas, et puis ça créerait un gouffre financier pour la boîte ! Personne ne veut lire des journaux intimes d'une personne inconnue au bataillon à part à Cloudbridge. Imagine-toi dans une librairie. Tu as le choix entre les mémoires d'une personnalité connue et les mémoires d'une personne « ordinaire », tu choisis quoi ? 90% de chances que tu choisisses celui de la personnalité.

- C'est vrai, reconnut Grace après un moment de réflexion, mais t'es vraiment sûr que tu ne peux pas imprimer quelques exemplaires ?

- Sûr et certain, maintenant excuse-moi mais j'ai d'autres rendez-vous cet après-midi et le prochain est dans cinq minutes.

A ces mots, Charlie se leva et invita Grace à faire de même avant de la raccompagner vers la porte d'entrée principale de la maison d'édition.

Ce soir-là en rentrant du bureau, il entendit des bribes de conversation assez intrigantes en passant devant des habitants de Cloudbridge. L'information qui l'intrigua était les spéculations concernant la nouvelle pièce d'Audrey Carter, qui voudrait adapter les carnets de Clarissa Johnson en fiction pour le théâtre de Bristol, avec la mention « inspiré d'une histoire vraie ». Si cela était vrai, il ne comprenait pas comment Audrey Carter aurait eu accès aux manuscrits surtout qu'ils se trouvaient à la maison d'édition et que personne n'avait de copies à sa connaissance. La seule personne qui pouvait en posséder était Judith Ackers et c'était peut-être la raison pour laquelle elle se trouvait chez les Carter le soir où Jane l'avait aperçue. Charlie se dit que ce serait une bonne idée de de proposer un rendez-vous à Mrs. Ackers pour tenter d'élucider ce petit mystère. Il nota dans son planning qu'il fallait qu'il la contacte le lendemain, pour tenter d'obtenir le plus d'informations possibles.


La disparition au 196 Liberty StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant