Chapitre 2

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Au même moment, dans le salon d'un cottage abandonné à une dizaine de kilomètres de Liberty Street, une silhouette s'approcha d'une chaise sur laquelle était ligotée Mrs Johnson. C'était une personne de taille moyenne. La personne se contenta de lui donner à boire et de la nourrir. Elle portait un simple jean et un sweat à capuche mais avait dissimulé son visage. Elle ne dit pas un mot, déposa la nourriture et détacha Mrs Johnson. Elle la regarda manger son plat, la rattacha puis repartit comme elle était arrivée.

***

Charlie arriva sur la terrasse avec deux tasses de thé qu'il déposa sur la table. Jane le remercia et lui partagea ce qu'elle venait d'écrire. Elle lui dit qu'elle avait trouvé la maison de Mrs Johnson intacte. Mais peut-être qu'elle cachait quelque chose chez elle. La deuxième chose qu'elle trouvait suspecte était l'absence de traces de lutte. Elle n'avait jamais été dans cette situation mais quand même, personne ne se laisse enlever sans tenter de se débattre. Or, la maison de Mrs Johnson était couverte de tapis en particulier dans le salon et sachant que Jane avait retrouvé une tasse de thé non touchée, elle devait probablement se rendre dans la pièce au moment de son enlèvement. Pour l'instant elle n'avait aucun suspect en vue mais voulait rencontrer Mr Johnson et reparler à Andrew un de ces jours. Elle l'avait très peu de temps mais sentait qu'il cachait quelque chose. C'était très probablement une coïncidence mais Andrew n'était pas souvent chez ses parents et pile au moment où Mrs Johnson disparait, il réapparait.

- Tu cherches peut-être un peu trop loin, dit Charlie en riant

- Oui, mais on ne peut écarter aucune piste sous prétexte que c'est complètement absurde, répliqua Jane.

- On est bien d'accord, mais pour l'instant il te manque plein d'éléments pour te permettre d'établir des théories pas trop absurdes, soupira Charlie.

- Je fais de mon mieux avec ce que j'ai. Je ne vais pas aller chez les gens en leur disant « hey, je ne suis pas de la police mais j'enquête car la police est incompétente ».

- Evidemment, attends sois patiente, demain on aura peut-être plus d'éléments.

- J'espère, mais je te rappelle que demain on est lundi et qu'on travaille tous les deux. En plus mercredi je pars en déplacement dans les Orcades pour étudier certaines plantes là-bas. Je rentre lundi soir. Je fais un métier où je dois m'adapter aux conditions climatiques et naturelles, en botanique on ne choisit pas les jours où fleurissent les plantes alors je ne peux même pas décaler ou annuler mon voyage.

- Ah oui c'est vrai, j'avais presque oublié.

- Tu avais totalement oublié tu veux dire, le taquina Jane même s'il y avait un petit agacement dans sa voix. Parfois son copain était très tête en l'air.

Ils finirent leur journée et allèrent se coucher des idées plein la tête en particulier Jane qui peina à trouver le sommeil tellement cette histoire la fascinait et en même temps l'inquiétait.

Lorsque le réveil sonna à 7h du matin, Jane n'eut aucune envie de se lever. Et pourtant tout le monde savait à quel point son métier la passionnait. Être botaniste avait de gros avantages. Son jardin était fleuri toute l'année car elle avait choisi différentes espèces de fleurs qui fleurissaient à des périodes différents. Elle se leva, s'habilla et descendit préparer son petit-déjeuner, elle salua d'un signe de la main par la fenêtre Max, le jeune homme qui distribuait les journaux dans les maisons qui le demandaient mais était aussi le facteur du village. C'étaient en particulier les personnes âgées du voisinage qui lisait le Daily Mail version papier, les autres lisaient en général la version en ligne. Charlie venait d'apparaître au pied de l'escalier encore à moitié endormi. Il bailla puis s'assit à la table de la cuisine. Jane lui servit un café et remplit également sa propre tasse. Ils finirent leur repas en silence puis se préparèrent pour aller à leurs travails respectifs. Dix minutes plus tard, clé en main, Jane partit de la maison pour se rendre à son laboratoire. Ses recherches portaient sur les plantes des îles écossaises.

L'après-midi, elle rejoignit Francesca dans un café pour discuter. Elles se retrouvaient aussi souvent que possible. Quelques jours s'étaient passés depuis leur dernière entrevue le lendemain de la disparition. Mais contrairement à la dernière fois, Jane raconta toute l'histoire à Francesca.

- Je t'assure, le cri que j'ai entendu était vraiment effrayant et puis plus rien du tout. Comme si on avait arrêté d'un seul coup une radio.

- Je veux bien te croire, tu as l'air déterminée à retrouver ta voisine.

- Oui évidemment, pour plusieurs raisons, un, les enquêtes et les énigmes me passionnent, deux, la police n'en a strictement rien à faire et trois qui va me faire des scones maintenant ?

La dernière raison amusa beaucoup Francesca. Elle connaissait les talents presque inexistants en pâtisserie de sa meilleure amie et de Charlie qui lui était plus qu'une catastrophe en cuisine.

- Oh, je suis sûre que tu trouverais un bon café ou une boulangerie qui pourraient t'en faire !

- Oui mais...non. Ce sont les meilleurs du monde ! Personne ne sait les faire mieux qu'elle ! S'exclama Jane

- Tu es vraiment incorrigible, rigola Francesca. Sinon, pour en revenir à ton enquête, si tu as besoin, je te rappelle que je travaille dans la génétique donc je peux te faire des analyses. Je ne suis pas sûre que ce soit nécessaire mais on ne sait jamais. Mais bon, pour l'instant vu ce que tu viens de me dire, tu ne trouveras pas de traces. A croire que Mrs Johnson a des pouvoirs magiques et qu'elle s'est volatilisée.

- Si j'en ai besoin tu pourrais vraiment me faire des analyses ?! Francesca acquiesça. T'es vraiment géniale !

Après avoir parlé de tout et n'importe quoi, Jane rentra chez elle. Charlie était déjà à la maison. Il l'embrassa et lui raconta sa journée.

- Je n'en peux plus, on reçoit beaucoup trop de manuscrits. Et les histoires sont toujours les mêmes. Tu n'as aucune idée du nombre de romances qu'on reçoit par jour. J'ai l'impression de lire et relire les mêmes histoires et que ce soient juste les noms des personnages qui changent.

- Bah c'est sympa les romances non ? T'as quoi contre ce genre ?

- Rien du tout, mais bon reconnais que les histoires d'amour irréalistes c'est plus possible.

- Et des choses à dire sur les autres genres littéraires ?

- Oui, beaucoup mais on ne va pas parler de ça. En plus je n'ai aucun droit de juger ce qu'écrivent les gens, je dois juste choisir si ça vaut le coup d'être publié, pas décider de si j'aime ou pas. Et toi ta journée ? T'as découvert de nouvelles espèces ?

- Si j'en avais découvert une, je te l'aurais dit directement en rentrant. Mais j'ai fait plein d'expériences pour savoir si certaines plantes pouvaient se développer sur les îles. Je n'ai pas encore de résultats, ça prend du temps et puis le labo c'est bien mais rien ne vaut le terrain. Je suis allée boire un thé avec Francesca cet aprèm et elle m'a dit qu'elle était prête à m'aide si je voulais faire des analyses génétiques pour notre enquête !

- Oh c'est super ça ! En parlant de ça, j'ai vu qu'un article avait été publié dans le journal local dans la rubrique faits divers.

- Et qu'est-ce qu'il raconte ?

Charlie haussa les épaules.

- Rien de plus que ce que tu sais déjà. Sauf que la police s'est enfin réveillée et a ouvert une enquête mais rien ne dit qu'elle va être résolue ou qu'ils le feront. C'est peut-être juste une « démarche administrative légale » ou un truc comme ça.

- Ah d'accord. Dommage. S'ils nous laissent accéder aux infos, on pourra avancer en même temps qu'eux. D'ailleurs, quand je serai dans les Orcades, tu me tiendras au courant s'il y a du nouveau ?

- Bien sûr.

Jane regarda par la fenêtre. La maison de Clarissa Johnson était allumée. Andrew avait dû faire venir un serrurier pour déverrouiller la porte de la maison familiale. Jane se dit qu'elle devra l'interroger car elle sentait qu'il cachait quelque chose.

La disparition au 196 Liberty StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant