Chapitre 8

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          J'ouvre doucement les paupières, pour découvrir un espace dénué de vie, dont le sol immaculé se confond avec le ciel. Je me redresse, étourdie.

— Elle est là !

— Venez voir, venez !

— C'est vraiment elle ?

— Le miracle ?

— Oui ! Regardez ses yeux !

Un groupe de silhouettes lumineuses gravite autour de moi. Je devine des expressions enfantines et angéliques, malgré leur visage indiscernable. J'approche ma main, attirée par leur lumière, mais ils s'éloignent, chassés par d'autres présences. Leurs rires cristallins résonnent, se font écho dans un espace infini.

Les nouvelles silhouettes se penchent. Elles murmurent des mots que je ne comprends pas. L'une d'entre elles me tend ce qui doit être sa main. Je pose ma paume sur la sienne, c'est chaud, doux et intangible, comme un nuage cotonneux. Je ne vois pas sa bouche, mais je sais que la silhouette sourit. Elle me tire et le monde se met à tourner, ma vue se brouille, je chancelle, des mains nuageuses me rattrapent puis disparaissent.

— Qui êtes-vous ?

Les silhouettes se contentent de sourire et s'évanouissent.

— Attendez !

Je porte une main à ma gorge. Ma voix me semble étrange. Je me sens différente mais je ne sais pas ce qui a changé. Je me roule en boule.

J'ai peur.

Maman, où es-tu ?

Le monde tourne à nouveau. Lorsque tout redevient net, je suis au milieu d'une salle immense. De larges fenêtres donnent vue sur le cosmos. Une myriade d'étoiles brille, elles semblent si petites, mais je sais qu'elles sont gigantesques. Une planète proche attire mon attention. Elle est bleue, lumineuse. Magnifique. Serait-ce Ceilon ? La planète disparait et mon regard revient sur la salle. Le plafond est haut, peut-être autant que le Sanctuaire. Les cristaux des lustres anciens reflètent des couleurs chatoyantes. Ces éclats, je les connais. C'est la magie qui éclaire la salle. Comment ?

Je suis au milieu d'une foule. Des dizaines, non, des centaines d'êtres brumeux murmurent. Je distingue certains mots. « Miracle » revient souvent.

-...lien...

-...instable...

Instable ? Qui ? Ou quoi ?

Une femme s'avance. Je peux distinguer ses traits, elle a de grands yeux bleus et une chevelure ébène. Elle me ressemble. Mais ses traits sont plus marqués, plus matures, plus féminins. Sous sa robe blanche et voluptueuse, je devine un corps dessiné par l'expérience et la guerre. Une lance ouvragée repose dans sa main, imposante. Lourde. Pourtant, elle la soulève sans efforts et assène deux coups secs au sol froid. Les murmures se taisent.

— Approche, Miracle, tu es ici la bienvenue.

— Miracle... marmonnai-je.

— N'est-ce pas ton nom ? demande la femme, curieuse.

— Je préfère sa version en langue ancienne. Ça atténue sa signification, en quelque sorte.

Ma voix m'est toujours étrangère. Comme un murmure irréel, elle résonne lorsque je souffle mes mots.

La femme me tend sa paume, je la regarde un instant, sans comprendre. Ah ! Elle m'offre son aide. Lorsque mes doigts effleurent sa peau, une chaleur familière se diffuse dans mon corps. Mes oreilles frémissent. Qui est-elle ? Ses oreilles sont effilées. Est-ce une elfe ? Ou une créature... différente, comme moi ? La femme me relève et s'éloigne d'un pas. Le sol lisse me renvoi une apparence trouble. Il y a quelque chose d'étrange, une sorte de halo inhabituel. Les sourcils froncés, je me tourne vers une fenêtre, à la recherche d'un meilleur miroir.

Sêptenrion : L'enfant Des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant