Desperate Heresy - Soshiro Hoshina (Kaiju no 8)

Chapitre VII : dilemme

Music : Appetite -Stim

Hoshina

La route sinueuse secoue le fourgon tandis que nous nous préparons pour le combat à venir. Les recrues sont assises sur les banquettes de fortunes, prêtes à en découdre.
Les plus téméraires s'arment déjà, analysant minutieusement leur équipement pourtant, aucun d'eux n'attise ma curiosité autant qu'elle.
Ichihara a une posture impeccable, et son visage ne laisse rien paraître. Une telle indifférence force le respect, mais en est-ce vraiment ?
Elle observe tour à tour les soldats d'un regard chargé d'ennuis. Peu importe la situation, son expression ne change jamais. Un tel stoïcisme n'est pas anodin, il y a en général un seul facteur qui pousse quelqu'un à cet extrême.

La mort.

Je soupire lourdement, elle est à elle seule un mystère qu'il me faut résoudre. J'y pense nuit et jour, retournant le problème sous tous ses angles. Rien n'y fait, lorsque je pense avoir une piste, elle disparaît aussitôt.

- Ichihara ! Kafka s'assoit paresseusement sur la banquette, passant son bras autour de ses épaules.

Mon sang ne fait qu'un tour, pourquoi pose t'il ses mains sur elle ? Qui est-il pour elle ? Son amant ? Non, elle n'est pas du genre à s'encombrer de ce genre de détails. Alors, qu'est-ce que c'est ?

- Kafka. Elle incline lentement la tête sans même lui adresser un regard.

- Tu es prêtes ?

- On verra bien.

Aucune émotion, pas même un froncement de sourcil.

- Kafka, dis-je à l'intéressé. Tu seras avec les lignes arrières pour assurer La défense et Ichihara, tu seras avec moi. En première ligne.

La jeune femme hoche la tête, ses cheveux blancs ondulant sous son mouvement. Dans la précipitation, elle n'a pas pris la peine de les attacher. Quelques gouttes d'eau ruissellent encore le long de ses mèches éthérées.
Même en colère, si cette femme m'ordonne quoi que ce soit - avec ces cheveux ainsi - je m'inclinerais sans regret face à elle.

- Ichihara.

Elle lève la tête, son regard rougeoyant me transperce.
En lisant son dossier, j'ai pu constater qu'elle était porteuse d'une rare mutation d'albinisme, d'où ces yeux rouges sang. Il est dit que ce gène est héréditaire, tout ceci accompagné par plusieurs tests sanguins mais aucune photo. Encore un mystère qu'il me faut résoudre.

- Monsieur ?

J'esquisse un sourire. Son ton n'a rien d'amical et je ressens toute son animosité alors qu'elle se contente simplement d'utiliser « l'étiquette ». J'ai le sentiment que ces quelques mots roulent sur sa langue avec un sarcasme évident.

- Ce poste sera l'opportunité pour que tu nous révèle ton plein potentiel.

- Bien. Elle hoche sèchement la tête et se détourne, recentrant son attention sur Kafka.

Il sourit, l'encourage en faisant ses pitreries habituelles.
Étonnement, la jeune femme sourit légèrement en lui assénant un coup de coude. Son visage habituellement si sérieux prend un air angélique, elle ne ressemble en rien à ce soldat dénué d'émotions qu'elle laisse transparaître en permanence.
Je pourrais apprécier sans mal cette facette de sa personnalité, qu'elle dissimule pour des raisons que j'ignore encore.