Chapitre IX

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Cole

20 avril 2023

Trois mois. C'est le nombre qui me hantait tous les jours depuis qu'elle était partie. Ce nombre qui s'allongeait à chaque minute qui passait, qui hantait mes pensées, qui réveillait mes peurs les plus profondes. Ce nombre qui ne cessait de s'agrandir, me plongeant dans une torpeur infinie, un trou noir dans lequel j'étais aspiré sans fin. Le canapé, sous moi, ne semblait plus le même. Il était devenu mon ancre, mon refuge, mais aussi ma prison. J'étais cloué dessus, incapable de m'en détacher, comme si quitter ce canapé signifiait accepter sa disparition.

Les cartons de pizza s'étalaient sur la table basse, vestiges de repas solitaires et désespérés. Mon t-shirt de la semaine dernière collait à ma peau, imprégné de sueur et de larmes séchées. Je me dégoutais. Je n'étais plus qu'un déchet, sans vie, qu'on n'aurait même pas pris la peine de jeter à la poubelle. Chaque regard dans le miroir était un rappel cruel de ma déchéance, un constat de ma chute.

Le pire, c'était de me surprendre à fixer cette arme qu'était devenu mon téléphone. Chaque vibration, chaque notification était un coup de poignard dans mon cœur déjà meurtri. Aucune réponse à mes appels, ni à mes messages. Elle avait disparu de la circulation, m'abandonnant dans un océan de questions sans réponses. Le silence de son absence résonnait plus fort que n'importe quel cri.

Alma avait gardé contact avec elle, je le savais. Ma chère sœur connaissait la raison de son départ précipité, mais elle m'avait maudit en refusant de me donner le moindre éclaircissement. À chaque tentative de ma part, elle se fermait comme une huître, laissant la vérité enfouie au plus profond de ses silences. Je me sentais trahi, non seulement par May, mais aussi par celle qui était censée être ma confidente.

Je n'étais qu'une âme flottant au vent, se baladant au rythme de mes pleurs. La maison, autrefois remplie de rires et de complicité, était désormais un mausolée de souvenirs douloureux. Les photos de nous deux, accrochées aux murs, semblaient se moquer de moi, témoignages silencieux d'une époque révolue. Je passais mes journées à errer dans ces pièces vides, à la recherche d'un signe, d'un indice qui pourrait me guider vers elle.

Trois mois. Ce nombre m'écrasait sous son poids. Chaque jour sans elle était une éternité, un pas de plus vers l'abîme. La solitude me consumait, et l'incertitude me rongeait. Je devais comprendre, trouver la clé de ce mystère, car sans elle, je n'étais plus rien. Juste un homme brisé, une coquille vide, un fantôme errant dans les décombres de ce qui fut autrefois notre amour.

- Sors tes fesses de ce canapé!

Alma entra dans l'appartement, comme une furie, et ouvrit les rideaux que je n'avais pas pris la peine d'ouvrir depuis qu'elle était partie. Elle grimaça en voyant mon état et mon hygiène.

- Tu ferais mieux de t'habiller, soupira-t-elle, May est en ville, elle souhaite te parler.

Je bondis sur mes pieds, projetant au sol le plaid qui reposait sur mes genoux. May était là. May voulait me voir.

- Quand? Où? me précipitai-je vers la salle de bain.

- Elle est derrière la porte d'entrée.

Mon souffle se coupa. Ma femme. La personne que j'aime le plus au monde. La personne à qui je pourrais arracher mon cœur pour la sauver. Elle se trouvait là, debout, derrière la porte, cette simple ossature de bois nous séparait. Je voulais la serrer dans mes bras, l'embrasser, humer l'odeur de rose qui s'accaparerait de ses cheveux blonds. Je fis un pas vers l'entrée, la main tendue, pressée de la voir.

- Tu ferais mieux de passer à la salle de bain avant, murmura ma soeur en se bouchant le nez lorsque je passa à côté d'elle, ce n'est pas vraiment agréable à voir, sans vouloir te vexer, ajouta-t-elle.

15 raisons de t'oublier (T1) et de t'aimer (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant