Entre les lignes du coeur

Chapitre 05:

Enzo:

  Je sors de chez la psy avec un mal de crâne atroce et décide de rejoindre Yann,à son resto. Il l'a ouvert il y a 2 mois avec l'héritage de sa grand-mère, pour le moment ça marche plutôt bien apparemment. Après des rendez-vous comme ça, j'aime aller l'aider en cuisine. Je me gare devant et le rejoint directement derrière les fourneaux.

-T'as besoin d'aide ?demandais-je en le voyant jongler entre le sucré et le salé.

-Je veux bien que tu t'occupes des desserts, répond mon meilleur ami.

Je ne perds pas une minute et fonce me laver les mains.

-C'est quoi les desserts à faire aujourd'hui ?le questionnais-je.

-Quatre crèmes brûlées, huit fondant au chocolat et une charlotte aux fraises !répondit-il en préparant une pâte à pizza.

On s'affaire en silence, chacun sait ce qu'il doit faire. Vers 00h30 , le service est terminé. Nous finissons donc de ranger et nettoyer la cuisine.

-Alors ça avance avec ta psy ?

-Je ne sais même pas ce que je fou là-bas, dis-je en soupirant.

-T'as pas recommencé rassure-moi ?me demande-t-il d'un ton inquiet.

-Non, justement je ne sais pas pourquoi je dois continuer à la voir.

-Parce-que c'est important Enzo, c'est encore récent tout ça.

Je hausse les épaules et vide le deuxième lave vaisselle.

Le ménage enfin fini, nous enfilons nos vestes et Yann me tend de l'argent.

-Je fais ça pour t'aider pas pour l'argent, dis-je en refusant.

-Et moi je fais ça pour t'aider, ça rembourse au moins deux séances chez ta psy, tu m'aides tous les week-ends et plusieurs soirs par semaine, je te dois bien ça.

J'hésite même si je n'aime pas qu'il me donne de l'argent, je dois avouer que ce coup de pouce m'aiderait énormément, les fins de mois sont compliquées.Même avec un salaire complet, les dettes de mon père sont trop élevées et l'huissier me tanne pour que je paye plus.

-Je te rembourserai dès que je pourrais, dis-je en prenant les billets qu'il me tend.

-Même pas en rêve.

°°°

Une fois rentré, je prends une douche et retourne dans le salon,comme à son habitude ma mère continue de boire mais ce soir je ne suis clairement pas d'humeur à l'écouter se morfondre sur tous ses problèmes. Il y a des gens qui vivent bien pire et pourtant ils ne boivent pas !

-C'est bon maman, arrête.

Ses yeux vitreux viennent au miens.

-Arrête de jouer ta victime putain ! C'est de ta faute si tu es comme ça aujourd'hui !

-Enzo ! Je suis ta mère ne me parle pas comme ça.

-Mais comporte-toi comme ma mère dans ce cas !

-Tu ne sais pas ce que je traverse... et à quel point c'est dur.

-Papa est mort il y a des années ! Tu n'étais pas là lors de l'accident, MOI OUI !

-Ne joue pas à ça avec moi, j'ai vécu bien pire Enzo, dit-elle en enfilant un autre verre de vodka cul sec.

-Mais ce n'est pas une putain de compétition, maman !

-Tais toi, je ne veux plus qu'on en parle, chacun gère sa douleur comme il le peut ! Désolée de ne pas être la mère parfaite !

Je secoue la tête et enfile ma veste pour aller prendre l'air. Je sais que cela va dégénérer si nous continuons, alors une clope à la main et mes clefs de voiture dans l'autre je quitte la maison, laissant ma mère et ses démons seuls pour la nuit.