14. Retour de baton

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Ils avaient passé leurs derniers jours ensemble à rythmer leurs journées en trois choses : Dormir, manger, faire l'amour.

Ce dernier point s'effectuait un peu partout dans la maison, du bureau à la salle de bain en passant par la table du salon. Tanjiro était maintenant capable de rendre le plaisir que lui procurait Kanao lorsqu'il disparaissait, la tête entre les cuisses de la jeune femme.

Une seule chose n'avait pas été éclairci à ce jour : leurs sentiments respectifs. Kanao n'avait pas eu le courage de lui parler, elle avait trop peur de le perdre et à mesure que leur idylle avançait Kanao s'enfonçait dans le mensonge, devenant de plus en plus dépendante de cet amour. Car le jeune homme ne lui avait toujours pas déclaré sa flamme. Certes, il la désirait. Mais quand était-il de son cœur ? Elle ne le saura probablement jamais.

On leur avait laissé un jour de plus pendant lequel ils attendirent des instructions de leur supérieur mais rien n'était arrivé. La jeune fille vivait alors dans l'angoisse de voir apparaître l'oiseau noir à sa fenêtre.
Finalement, il pointa le bout de son bec le deuxième jour pour intimer à Tanjiro de reprendre du service.

Juste à Tanjiro.
Kanao n'aurait pas eu cette chance elle aussi de se changer les idées car elle devait rester chez elle à tourner en rond.

- C'est normal, avait dit le jeune homme, ils laissent toujours un temps planer au cas où la jeune mariée attende un heureux événement.

Elle l'avait laissé partir le cœur gros, redoutant plus que tout qu'il ne rentre pas à la maison.

Finalement, Tanjiro eut raison. Elle n'avait rien déclaré à sa hiérarchie et le corbeau de Kanao apparut quelques jours plus tard, jours qui parurent interminables à la pourfendeuse, pour lui donner une mission.

- Kanao San mission !

Elle avait écouté sans grandes convictions les instructions de l'oiseau, d'un air détaché. Ces derniers temps elle avait du mal à cacher ses émotions.
Et alors qu'elle se trouvait sur son lieu de patrouille, elle se mit à pleurer comme elle ne s'était jamais permise avant.

Si elle faisait le bilan de sa vie elle l'aurait sûrement qualifiée de catastrophique.

- Ça sent le désespoir.

Kanao se retourna et aperçut le démon qu'elle traquait maintenant depuis plusieurs jours. Il se déplaçait sur les murs tel un lézard.

Kanao prise d'une rage folle voulut lui bondir dessus mais il l'évita in extremis. La dextérité du démon était tel que Kanao n'en aurait que pour quelques minutes.

Lorsque finalement elle réussi à lui trancher la tête, elle était tellement en colère qu'elle se défoula sur le corps du démon. Ce fut une vraie boucherie.
Criant de rage elle enfonça son épée jusqu'à la garde et mutila le monstre. Elle recommença encore et encore jusqu'à ce que le jour commence à se lever et qu'elle finisse par se calmer.

Elle haïssait plus que tout ces êtres qui la séparait de Tanjiro. Elle les maudissait de faire de sa vie un sacrifice, une servitude. Elle enrageait pour ses enfants qui ne connaîtraient jamais le jour à cause de l'insécurité qu'ils avaient provoquée.
Et surtout elle s'en voulait d'être incapable de dire « je t'aime ».

Durant son combat, elle avait été légèrement blessée. Elle fut transportée au domaine papillon pour s'y faire soigner. Kanao ne ressentait plus rien. Ni joie, ni peur, ni tristesse.

Aoi s'en inquiéta. 

- Je te trouve très apathique, il s'est passé quelque chose ?

Mais Kanao s'était contenté de fixer le vide.

Plus tard elle appela son amie pour lui demander des nouvelles de son mari.

- Tanjiro est rentré ?

Mais l'infirmière avait secoué la tête quelque peu désolée pour elle.
Le cœur de Kanao s'était arrêté de battre.

- On n'a aucune nouvelle de Tanjiro depuis quelques jours et ça commence à durer. Je voulais attendre que tu ailles mieux avant de t'en informer.

Kanao hurla toute sa douleur. La peur terrible qu'il soit mort lui était physiquement impossible à vivre.

Elle attrapa la carafe d'eau disposée sur sa table de chevet et la balança contre le mur d'en face.
Elle se brisa en mille morceaux, éparpillant des bouts de verres brisés au sol. L'eau avait laissé une tache sur le bois.

- Kanao arrête ! S'était exclamé Aoi en la prenant dans ses bras. Chuuut, calme toi.

Son amie la berça tandis qu'elle pleurait à chaude larmes.

- Je n'en peux plus...lui dit Kanao.

- Je sais, d'ici quelque temps tout ça sera derrière nous.

Kanao finit par s'endormir au bout de plusieurs minutes, des larmes coulant toujours de ses joues.











Finalement ils n'eurent pas plus de nouvelles de Tanjiro le lendemain.
Kanao avait horriblement mal à la tête et ne comprenait plus ce qu'on lui disait. Elle était encore plus morte de l'intérieur qu'elle ne l'était auparavant.

Chaque minute elle priait pour qu'il soit encore vivant même si plus le temps passait plus les espoirs s'amoindrissaient. Tant pis si il ne l'aimait pas. Tant pis si elle devait vivre cette souffrance, tant qu'il vivait.
Les démons lui avaient pris sa vie. Sa sœur, son mentor et son mari. Elle n'était que douleur et chagrin.

Elle aurait aimé aller le chercher elle-même mais ses blessures et son état l'empêchaient de se mouvoir.

Quand le soir tomba, Aoi vint lui apporter des nouvelles.

- Tomioka San est venue me voir aujourd'hui. Il voulait te parler mais tu dormais alors il m'a demandé de te dire qu'il partait chercher Tanjiro avec Inosuke et Zenitsu.

Une larme de soulagement roula sur la joue de la pourfendeuse.

- Où est Nezuko ?

- Elle va bien, elle est passée m'aider aujourd'hui. Elle est rentrée chez vous il y a une heure. Elle est très inquiète aussi et je crois qu'elle pleurait dans les bras de Zenitsu tout à l'heure.

Kanao avait hoché la tête et s'était renfermée dans son mutisme.

Elle faisait aussi beaucoup de cauchemars si bien qu'Aoi s'était mise à dormir avec elle.
La présence de son amie la rassurait un peu mais elle était en proie à l'horreur.

Le lendemain, sa belle-sœur vint lui tenir compagnie.
Nezuko n'était pas en meilleure forme qu'elle.

- J'ai si peur de les perdre, avait confié l'ancienne démone recroquevillée sur sa chaise à côté de Kanao.

- Ça aurait dû être moi, se confia Kanao à son tour, j'aurais dû mourir à sa place...

Nezuko la regarda horrifiée.

- Ne dit pas ça ! Il y a de l'espoir qu'il soit encore vivant.

- Tu crois vraiment ? Cracha Kanao excédée par toute cette naïveté, qui pourrait survivre à ça ?

Sa belle-sœur, voyant son état, ne l'avait alors plus lâché. Elle prit la décision de rester au domaine jusqu'au rétablissement de Kanao.
Cette dernière mit encore quelques jours pour pouvoir se relever et reprendre du poil de la bête.

Elle n'espérait plus rien, voyant les jours défiler et l'escouade ne pas revenir. Les autres étaient sûrement mort aussi.

C'est alors qu'un beau matin, plus d'une semaine plus tard, alors que Kanao aidait Aoi à pendre le linge elle vit les trois hommes dans un piteux état revenir.

Elle en lâcha son panier à linge lorsqu'elle vit que Zenitsu et Inosuke soutenaient un Tanjiro complètement blessé mais vivant.

Pour que tu me désiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant