Chapitre 2 : Décryptage en Direct

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PDV Alix

      La salle de débat était plongée dans une agitation fébrile. Les techniciens s'affairaient à régler les dernières caméras, tandis que les journalistes prenaient place, ajustant leurs micros et notant leurs questions. Je me tenais en retrait, Shirley à mes côtés, notre mission claire dans nos esprits. Observer. Analyser. Déceler les failles.

- Alix, tu es prête ?- Chuchota Shirley, son stylo déjà en main, prête à noter chaque détail.

- Oui, Shirley. Souviens-toi, nous ne cherchons pas seulement à comprendre Bardella, mais aussi à identifier les dynamiques de pouvoir et les comportements des autres candidats. Il ne doit pas constituer l'entièreté de l'analyse.

      Elle hocha la tête, déterminée. Shirley est à mes côtés depuis le début, dès mon engagement elle a voulu me suivre, m'aider, m'épauler. Même si elle aussi a traversé des moments difficiles par le passé, elle avait toujours ce regard plein de peine envers moi. Même si elle tentait de le dissimuler, elle avait mal quand je souffrais, et c'était réciproque.

      La lumière des projecteurs s'alluma, signalant le début du débat. Les candidats entrèrent un par un, saluant brièvement l'audience avant de prendre place derrière leurs pupitres. Bardella arriva en dernier, son sourire charmeur fixé sur ses lèvres, mais ses yeux reflétant une intensité calculée. Dès le premier instant, je captai une micro-expression de tension autour de sa bouche. Une crispation que j'avais rarement vu chez lui jusque-là. Il est tendu.

      Le modérateur entama les présentations et exposa les règles du débat. Je me concentrai, mes yeux rivés sur Bardella, mais pas uniquement, sur les autres candidats également. Chaque mot, chaque geste pouvait révéler une part de sa véritable nature. Alors que les premiers échanges commençaient, je remarquai comment Bardella utilisait sa posture pour dominer visuellement ses adversaires. Il se tenait légèrement en avant, ses épaules ouvertes, projetant une image de confiance et de contrôle.

- Regarde comment il utilise ses mains. -Murmurai-je à Shirley. Il fait des gestes larges pour occuper l'espace, c'est une technique pour sembler plus imposant et confiant.

      Shirley griffonna rapidement sur son carnet, notant chaque observation. Les minutes s'écoulaient, et Bardella jouait parfaitement son rôle. Il était éloquent, charmeur, mais je savais qu'il dissimulait quelque chose. Puis vint le moment que j'attendais.

      Le modérateur posa une question sur la sécurité nationale, un sujet épineux où chaque candidat devait exposer ses positions. Bardella prit la parole, son ton se faisant plus grave, ses mots soigneusement choisis. Mais ce furent ses yeux qui trahirent un instant de vulnérabilité, une fraction de seconde où il sembla déstabilisé.

- Notre cher ami semble un peu déstabilisé. -Chuchotai-je à Shirley. Regarde ses yeux, il évite le contact visuel direct lorsqu'il parle de ce sujet.

- Tu crois que ça a un lien avec ta fameuse enquête ? Tu m'as dit que tu avais des soupçons sur un homme politique. -Demanda-t-elle, soudainement.

- Impossible Shirley, Jordan Bardella est bien trop jeune... Mais ce n'est pas impossible qu'il sache quelque chose... Restons concentrées, ce n'est pas le sujet.

      Les minutes passaient, et j'analysais aussi attentivement la posture de Gabriel Attal. Il était bon, mais je pouvais voir des failles dans son langage corporel. Il croisa les bras à plusieurs reprises, signe de défense et de fermeture. Ses sourcils se fronçaient légèrement lorsqu'il écoutait ses adversaires, une micro-expression de scepticisme qui pouvait être perçue comme un manque de respect.

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