Psyché Politique

Chapitre 26 : Entre ombre et lumière

PDV Alix

       La journée avait été particulièrement éprouvante. Après avoir passé des heures au bureau, à essayer de me concentrer sur mon travail, je décidai de prendre un moment pour aller voir mon père à l'hôpital. Depuis son admission, suite à l'aggravation de sa maladie, il avait été placé en coma artificiel pour atténuer la douleur. Chaque visite me rappelait à quel point il était devenu fragile, à quel point la vie pouvait être cruelle. Même si je lui en voulais toujours.

      Lorsque j'arrivai à l'hôpital, le silence des couloirs m'enveloppa, pesant sur mes épaules comme un fardeau invisible. Je me dirigeai vers la chambre de mon père, prenant une grande inspiration avant d'entrer. Le voir allongé là, immobile, le visage paisible mais marqué par la fatigue, était toujours un choc.

      Je m'assis à côté de lui, prenant sa main froide dans la mienne. Les machines autour de lui émettaient des bips réguliers, rassurants dans leur constance, mais inquiétants par leur signification.

- Salut, Papa. - Murmurai-je, ma voix se brisant légèrement.

      Bien sûr, il ne pouvait pas m'entendre, mais parler à haute voix me permettait de me sentir plus proche de lui. Je restai là, à lui parler doucement, partageant les petites anecdotes de ma journée, comme je le faisais autrefois avant la tragédie...

      Après un moment, j'entendis la porte s'ouvrir doucement derrière moi. Je me retournai pour voir Gabriel entrer, son expression sérieuse, mais teintée d'une douce compassion. Il s'approcha silencieusement, posant une main réconfortante sur mon épaule.

- Comment va-t-il ? — Demanda-t-il à voix basse.

      Je soupirai, secouant la tête.

- Pas de changement. Les médecins disent que son état est stable, mais... — Ma voix s'éteignit, incapable de terminer la phrase.

- Je suis désolé Alix, je ne t'ai pas facilité la tâche ces derniers temps... Mais tout ce que j'ai dit c'était pour te protéger et t'aider.

      Je ne dis rien mais je pensais : depuis quand des menaces c'est fait pour protéger ?

      Gabriel hocha la tête, son regard se posant sur le visage endormi de mon père. Après un long silence, il se tourna vers moi.

- Alix, j'ai réfléchi à ce que nous avons discuté la dernière fois. Tu sais que je m'inquiète pour toi. La maladie de ton père pourrait être héréditaire... Tu devrais vraiment envisager de faire les tests.

      Je le regardai, sentant la pression de ses paroles. Gabriel était protecteur, parfois trop, on s'était rapproché sans même le vouloir. Il était devenu mon ami, parfois il jouait de son rôle de patron mais il avait raison. La peur de découvrir que je pouvais être porteuse de la même maladie que mon père me paralysait.

- Je sais, Gabriel. Mais je ne suis pas prête... Pas encore. — Répondis-je, détournant le regard.

- Alix, je comprends que tu sois effrayée, mais il vaut mieux savoir que de vivre dans l'incertitude. Je serai là pour te soutenir, quoi qu'il arrive.

      Ses mots me touchèrent, mais je n'étais pas prête à affronter cette réalité. Pas alors que tant d'autres choses tournaient autour de moi. Je lui souris faiblement, mais restai ferme dans ma décision.

- Pas maintenant, et peut-être jamais. Pour l'instant je préfère vivre sans savoir, sans connaître la raison de ma mort...

      Il hocha la tête, respectant mon choix, mais je pouvais voir qu'il n'abandonnerait pas facilement. Gabriel n'était pas du genre à lâcher prise.