Psyché Politique

Chapitre 12 : Déconnexion

PDV Jordan

      Une semaine s'était écoulée depuis l'accident d'Alix. La plupart des personnes présentes étaient partis de Genève. J'avais décidé de prendre un hôtel, juste par curiosité... Je crois, je prenais des nouvelles à distance. J'avais peur qu'elle ait mal pris mes dernières paroles, parce qu'après tout... Moi aussi j'ai longtemps vécu dans le passé. Et parfois, c'est dur de ne pas y retourner.

      Les souvenirs de mon père me revenaient en flashs, particulièrement en ce moment critique. Son absence avait laissé un vide béant dans ma vie, un trou noir où toutes les questions restaient sans réponse. Je me revoyais, gamin de 12 ans, attendant désespérément que mon père rentre à la maison.

      Ce soir-là, je m'étais assis à la fenêtre, guettant les phares de sa voiture dans l'allée. Mais les heures passèrent, et la nuit tomba sans qu'il ne revienne. Ma mère essayait de ne pas montrer son inquiétude, mais je pouvais voir la peur dans ses yeux. Elle avait appelé ses collègues, des amis, même la police, mais personne ne savait où il était passé.

      Les jours suivants furent un véritable cauchemar. La police lança une enquête, mais les indices étaient minces. Mon père, s'était justement lancé en politique il y a peu, avant il était un journaliste aguerri, il avait travaillé sur des histoires dangereuses, dénonçant des réseaux criminels et des affaires de corruption. Sa disparition n'était pas une coïncidence.

      Ma mère et moi étions rongés par l'angoisse. Chaque coup de téléphone, chaque visite inattendue faisait battre nos cœurs plus vite. Mais les nouvelles n'étaient jamais bonnes. L'enquête piétinait, et l'espoir de retrouver mon père vivant diminuait chaque jour.

      Un soir, alors que je fouillais dans les affaires de mon père, je trouvai un carnet caché au fond d'un tiroir. Les pages étaient remplies de notes cryptiques, de noms, de lieux, de dates. C'était son carnet de travail, son journal de bord d'anciennes enquêtes lorsqu'il était journaliste, et de nouvelles dates en rapport avec son nouveau travail de politique. En le lisant, je compris que mon père avait découvert quelque chose de gros, quelque chose qui l'avait mis en danger.

      Je passai des nuits blanches à déchiffrer ces notes, à essayer de reconstituer les pièces du puzzle. Mais chaque réponse semblait amener plus de questions. Ma mère me suppliait de laisser tomber, de ne pas suivre les traces de mon père, mais je ne pouvais pas abandonner. C'était ma seule façon de rester connecté à lui, de comprendre ce qui lui était arrivé.

      Un jour, alors que je rentrais de l'école, j'aperçus un homme en costume sombre devant notre maison. Il parlait avec ma mère, son visage grave et sérieux. Quand je m'approchai, il me lança un regard qui me glaça le sang.

      « Vous devez laisser tomber, Jordan. - Dit-il d'une voix basse et menaçante. Ce que votre père a découvert, ça dépasse tout ce que vous pouvez imaginer. Pour votre propre sécurité, et celle de votre mère, arrêtez de chercher. »

      Ces mots restèrent gravés dans ma mémoire. Cet homme savait quelque chose, mais il refusait de parler. Ma mère et moi déménageâmes peu après, essayant de recommencer une nouvelle vie loin des souvenirs douloureux. Mais l'ombre de la disparition de mon père ne me quitta jamais.

      En grandissant, je décidai de suivre les traces de mon père, de devenir un jeune politicien à mon tour. Je voulais continuer son travail, découvrir la vérité et rendre justice, il fallait que j'entre dans ce monde. Mais, plus le temps passait, plus je m'abandonnais à ma vie. Un jour ma mère m'a dit, et elle avait parfaitement raison... « Tu dois arrêter de survivre, Jordan, tu dois commencer à vivre pour toi ».