Chapitre 8

29 8 2
                                    


Stiles ne voyait pas comment il était censé se comporter dans la mesure où le danger était pour lui plus présent que jamais. Il fallait, selon son père, se faire discret : prendre le temps d'organiser, de préparer et d'exécuter ce qui serait leur fuite. Tout devait être planifié dans les moindres détails. Stiles aurait aimé plier ça en une soirée mais avec le boulot de son père, impossible. Puis celui-ci lui avait clairement dit que la chose leur prendrait quelques jours. Aux yeux de Noah, un « retard » dans leurs déplacements ne pouvait que leur être bénéfique car l'on ne s'intéresserait ainsi pas tout de suite à leur cas. Or, bien sûr qu'il y aurait des fuyards, bien sûr que des tas de gens devaient déjà avoir fait leurs valises... Et Noah savait qu'une partie d'entre eux devait déjà avoir été attrapée. Parce qu'en agissant de façon empressée, ils avaient nécessairement attiré l'attention Psi.

Pour être honnête, Stiles n'aimait ni la façon d'agir de son père, ni sa manière de penser. En soi, il la comprenait, sans la partager.

Mais il la tolérait, parce qu'il savait qu'elle avait malheureusement un sens, une utilité.

Dans ce monde, il n'y avait qu'en agissant dans son propre intérêt que l'on survivait. Stiles aimerait de tout cœur qu'aucun de ces Empathes ne meurent, attrapés par les autorités Psis qui écartèleraient leur esprit de sorte à obtenir le plus d'informations possibles sur leurs semblables... Mais les suivre et tenter de les sauver reviendrait à condamner son père, à cracher sur les sacrifices de sa mère. Ceux-ci, sans être nombreux, étaient d'une importance capitale.

Car c'était bien grâce à de feu Claudia Stilinski que le père et le fils étaient encore en vie à ce jour.

- Putain de merde, jura Stiles après avoir soupiré.

Ce qu'il détestait cette situation ! Il ne pouvait en contrôler qu'un seul aspect – le pire, à ses yeux. En tant qu'Empathe, il ne pouvait pas ne pas ressentir d'émotions, bien au contraire. Il faisait partie de ces êtres à être atteints au centuple. Autant dire que son angoisse, il aurait bien du mal à la dissimuler à autrui. La tête de ses amis se rappela alors à son esprit. Quelle merde. Face à des humains, Stiles pouvait éventuellement faire quelque chose, mais des loups-garous... ? Encore qu'il avait de la chance : Scott lui avait envoyé un message pour lui dire que l'équipe Hale était partie exécuter une petite mission au Mexique. Quelque chose de simple qui attendait d'être fait depuis un moment, ce qui signifiait... Que Stiles n'aurait, par chance, pas affaire aux plus pragmatiques et fins analystes de la meute. Peter, Derek et Isaac – il était plus ou moins compris dans la famille, maintenant – faisaient partie des loups les plus à cheval sur l'observation. Pour Derek, c'était habituel et se rapprochait d'une question de survie. Il s'agissait, concernant Peter, de relever le plus d'informations possibles pour enquiquiner le premier venu avec ce qu'il aurait trouvé. Quant à Isaac, il avait tout bonnement à cœur de faire attention aux gens qu'il aimait pour les aider s'il s'avérait que ceux-ci avaient besoin d'aide. En somme, il aurait moins d'yeux auxquels faire attention.

Stiles se prit la tête dans les mains après s'être assis sur son lit. Faire le tour de sa chambre, tourner en rond à l'intérieur, vérifier mille fois que sa fenêtre était bien fermée... C'était déjà fait et répété.

xxx

- Nous partirons dans deux semaines.

- Quoi ?!

Stiles regardait son paternel, les yeux écarquillés d'horreur à un point inimaginable. Il était si surpris que son cœur en avait raté un battement et qu'il avait manqué de chanceler. Quoi de plus normal ? C'était tout ce que son père trouvait à lui dire à peine rentré dans la maison. Stiles, toujours profondément perturbé, n'était absolument pas préparé à une annonce de ce genre.

Encore moins à un délai de fuite si long, si ridiculement long par rapport à l'urgence de la situation.

- Papa, articula-t-il après avoir un tant soit peu repris le contrôle de lui-même. Tu es conscient de ce que tu es en train de me dire ?

Stiles n'eut droit qu'à un bref hochement de tête de la part de son géniteur, lequel venait de se mettre à émincer des oignons. Ce geste le laissa d'ailleurs interdit.

- Comment tu peux... Te mettre à cuisiner comme si de rien n'était ?

Il s'agissait d'ailleurs d'un évènement assez rare pour être souligné : Noah ne s'occupait pas souvent de leur faire à manger et ce, pour une raison simple.

Il n'était presque jamais à la maison et lorsqu'il y venait, c'était toujours tardivement. Les rares fois où il rentrait tôt, Stiles se mettait aux fourneaux pour le laisser se reposer. Entre le lycée et un travail de shérif à temps plein, il était aisé de deviner le plus éreintant.

Mais là, Noah prenait le temps de se poser pour... Leur préparer quelque chose à manger. Ça n'avait pas de sens, encore moins après lui avoir annoncé la date approximative de leur fuite de Beacon Hills.

- La vie continue, entendit Stiles, et il est presque l'heure de manger.

Noah se trouvait dos à lui, concentré sur sa tache. Ainsi, l'hyperactif ne put voir l'expression de son visage, mais il pouvait malgré tout percevoir ses émotions et lire ses ressentis.

Et tout ce qu'il constata, c'est que mis à part une certaine tension, Noah semblait plutôt bien vivre la chose. Stiles, pas complètement dupe, se doutait bien que son père se contrôlait, dans un sens... Mais quand même. Comment y arrivait-il ? Comment faisait-il pour ne pas céder à l'angoisse, comme lui ? Parce que ce n'était pas la première fois que Noah Stilinski se retrouvait à devoir partir pour changer de vie. Il était le premier à savoir qu'une fois repéré, il valait mieux ne pas perdre de temps.

Alors pourquoi ?

- Je n'ai pas faim, souffla l'hyperactif.

Il pourrait, mais l'angoisse anesthésiait totalement son ventre. Manger quelque chose le pousserait peut-être même à avoir la nausée tant il avait l'impression de ne rien pouvoir avaler. Il n'aspirait à rien, si ce n'est calmer la peur qui le tenaillait.

- Je sais que tu as peur, mais je suis avec toi. Tant qu'on reste ensemble, rien ne peut nous arriver.

Il avait ce ton étrange, à la fois posé et tendu, que Stiles n'aimait pas. Ce ton qui lui donnait l'impression qu'il pouvait maîtriser la situation, mais qu'il lui manquait encore quelque chose pour cela.

- On a beau... Être puissants, on n'est rien face à eux.

Parce que l'armée Psi, disséminée partout dans le monde, les surpassait très largement en termes de nombre. Stiles et Noah possédaient des capacités extrêmement utiles et puissantes dans leur manière de les utiliser. Concernant le fils, l'on pouvait parler de pouvoir hors du commun. Concernant le père, il s'agissait de talents classiques mais dont la force et la précision pouvaient lui accorder un avantage certain lors d'un affrontement lambda.

Noah cessa finalement d'émincer son oignon et se tourna vers ce fils angoissé, lequel affichait un air de terreur impossible à cacher. Avec lui, Stiles était honnête et ne faisait pas semblant. Le sujet dont ils discutaient était trop grave pour qu'il arrive à garder la face. Il s'agissait de leur vie à tous les deux. De leur sang. De leur nom.

- Stiles, fiston... Soupira Noah.

- J'ai la trouille, avoua l'hyperactif, la gorge nouée. J'ai l'impression qu'ils nous ont déjà cramés et qu'ils peuvent nous tomber dessus à tout moment.

Il savait que cela se voyait, mais il ressentait le besoin presque viscéral de le verbaliser, ne serait-ce que pour que son père prenne un tant soit peu conscience de la situation. Stiles chercha dans ses yeux une lueur rassurante et s'il la trouva, il ne la jugea pas assez forte... Comme si son paternel avait quelque chose, mais qu'il n'était pas complètement serein à ce sujet.

D'un coup, il sembla capituler.

- Trouve-moi une feuille et un crayon, finit-il par lâcher d'un air fatigué.

Stiles le regarda, perplexe, sans comprendre consciemment ce qu'il cherchait à lui dire. Mais quelque chose en lui se détendit légèrement. Là, la lueur dans les yeux de son père sembla prendre de l'importance.

- Je ne suis pas sans plan, lui expliqua Noah en se lavant les mains. Mais il ne s'agit pas du genre de choses que je peux dire de vive voix.

La résurgence du phénix 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant