Dans les yeux de Stiles se reflétaient les flammes face à lui. Elles carbonisaient le papier, détruisaient ses informations. Il n'y avait, selon lui, rien de mieux que le feu pour ne laisser aucune trace du plan concocté par son paternel. Ça ne laissait rien, si ce n'est des cendres inutiles, un vestige pareil à tout autre. Au moins, ils ne sauraient rien, ce qui leur permettrait, à son père et lui, de profiter d'une certaine avance – non négligeable, qui plus est. Le moyen de, peut-être, survivre le temps qu'il faudrait. Noah en était en tout cas certain, au contraire de Stiles qui émettait quelques doutes. Même si le plan n'était pas mauvais en soi, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne pouvait pas se passer complètement comme prévu. Parce que sa vie n'avait rien de linéaire et qu'à chaque fois qu'il entreprenait quelque chose, ça foirait ou ça dérivait. Il finissait toujours par y avoir quelque chose pour venir lui compliquer la tâche.
Mais son père lui ayant dit de le croire et de penser positif, il essayait tant bien que mal de le faire. Le fait est que leur départ lui laissait malheureusement trop de temps libre. C'est-à-dire qu'il devrait continuer de remplir certaines obligations auprès de la meute. Il serait, en d'autres termes, obligé de répondre présent si on l'informait d'une réunion, si on lui proposait une sortie, ou si on avait tout simplement besoin de lui.
Et mentir s'avèrerait encore plus délicat que d'habitude parce que cette fois, il aurait sa peur à gérer. Elle était grande, imposante à cause du danger bien plus proche et tangible qu'autrefois. En outre, la situation ne l'arrangeait pas du tout. Le stress l'habitait dans son entier, si bien qu'il était en train de se convaincre qu'il aurait des cheveux blancs avant sa mort, qu'il savait prochaine. Elle arriverait vite, sans doute plus qu'il ne l'imaginait.
Stiles se laissa tomber sur le canapé du salon en soupirant. Il avait une de ces boules au ventre... Sûr qu'il en aurait des gaz d'ici peu. Son regard accrocha une petite boîte rondelette posée sur la table basse. Il allait falloir qu'il remette sa lentille, mais avant cela... Il sortit son téléphone et bascula sur l'application de l'appareil photo, qu'il mit en mode selfie. Il était toujours étrange pour lui de voir ce regard étranger... Qui était pourtant le sien. A gauche, un œil couleur noisette, miel. A droite, ce gracieux panel de couleurs avant du doré, au cyan, à l'argent. La dualité entre le côté humain et le côté Psi. Deux espèces que tout opposait. Sauf que lui n'appartenait qu'à la seconde. Et pourtant, c'était une vie d'humain qu'il avait vécue pendant des années tout en enterrant celle de sa véritable nature. Il y avait même des moments où il oubliait ce détail, croyant qu'il était réellement Stiles Stilinski, le petit humain maladroit – et maladroit, il l'était bel et bien.
Il avait toujours trouvé difficile l'idée de devoir se cacher et ce fait s'était accentué dès lors qu'il avait rencontré toutes ces personnes incroyables qui étaient devenues ses amis. Parce qu'il était dur, très dur de devoir mentir à ceux que l'on aimait. De ne pas pouvoir agir à sa guise pour les aider en cas de pépin. Il y avait des fois où certains avaient manqué de mourir, des fois où tout aurait pu être réglé en un instant.
Mais chaque fois, Stiles avait dû étouffer ses pouvoirs, ses instincts, sa véritable nature. Agir autrement, voilà ce qu'il avait dû faire. Jouer à l'humain et se servir de sa tête. Tout donner pour être le meilleur stratège.
Se sauver tout en prenant soin de sa meute... A un point qu'il préfèrerait plus haut. Dans un sens, il les négligeait, tous. Et il n'aimait pas ça. Cependant, sa vie et surtout, sa nature, ne lui avaient jamais laissé le choix.
Parce qu'il était né avec le mauvais talent, la mauvaise classification. Ce n'était pas de sa faute s'il faisait partie de ces gens qui n'avaient, selon son espèce, pas le droit de vivre. L'on en accordait toutefois le droit à certains selon la puissance de leur défaut – s'il était bas – et s'ils acceptaient de se soumettre à une lobotomisation complète.
Stiles soupira en s'affalant dans ce canapé qu'il connaissait si bien. C'était fatigant, de penser à tout ça. De ressasser, de se répéter à quel point il aurait aimé que les choses soient différentes tout en sachant que ce n'était pas possible.
xxx
Malgré des années à parfaire sa comédie, Stiles se retrouva pour la première fois de sa vie à devoir se préparer pour aller en cours avec la boule au ventre. Il trouva même que c'était plus difficile que lorsqu'il avait dû mettre les pieds dans l'école élémentaire de Beacon Hills, quelques semaines seulement après le début de sa nouvelle vie. Noah et Claudia avaient fui avec lui, loin de là où ils habitaient autrefois, loin de cette société Psi qui ne voulait rien de moins que l'éradication de leur existence.
Stiles se regarda longuement dans le miroir de la salle de bain tout en essayant de ne pas céder à la paranoïa. Ses lentilles étaient toujours les mêmes, elles n'avaient pas changé de couleur. Il avait pourtant l'impression que si, qu'elles s'étaient éclaircies. Mais il se faisait des idées, encore et toujours. Il aimerait bien se défaire de sa paranoïa, exacerbée depuis que son père avait décidé de repousser leur départ. Sauf qu'il avait bien du mal. Leur vie à tous les deux dépendaient de sa discrétion, son paternel ayant beaucoup moins de mal que lui à jouer son rôle. D'aucuns diraient qu'il avait davantage d'expérience en la matière, d'autres que Stiles était un être un peu plus émotionnel. La réponse était un mélange des deux. Le fait est qu'il devait assurer.
Et qu'il ne manquerait pas à son devoir.
Dix minutes plus tard, Stiles était au volant de sa bonne vieille Jeep. Son visage ne portait plus la moindre trace d'angoisse et son regard paraissait plus sûr. A force de se matraquer l'esprit comme quoi tout allait bien et qu'il n'était rien de plus qu'un humain, c'était plus ou moins rentré. Son costume endossé, il lui fallait juste exécuter ses scènes comme il en avait l'habitude. Disons que voir la chose comme une pièce de théâtre dans laquelle il se fondait graduellement l'aidait beaucoup. Le jeu devenait vrai, parce que les sentiments qu'il y mettait l'étaient.
L'inquiétude ne le quitta néanmoins jamais vraiment. Stiles réussit toutefois à la maintenir suffisamment bien ficelée au fond de lui pour que l'on ne se doute de rien. Scott lui-même, à qui il fit une accolade, n'eut pas l'air de remarquer quoi que ce soit de suspect dans son odeur. Stiles partit donc du principe qu'elle n'exprimait rien qu'il puisse considérer comme inhabituel. Pas d'inquiétude, en somme. Et ce fait, aussi simple soit-il, lui permit de se rassurer et de se détendre davantage. Son personnage, pourtant extrêmement lié à celui qu'il était à la base, fonctionnait toujours. Parler de sa couverture humaine serait un peu plus juste, d'ailleurs.
Le fait est qu'aucun des autres loups de la meute qu'il eut à saluer ne le prit à partie ou n'eut l'air de soupçonner quelque chose et ça, ça lui allait. Stiles put donc continuer de jouer son rôle l'esprit un peu plus tranquille. Le changement de tension de son visage fut d'ailleurs extrêmement minime, si bien que seul Noah aurait pu remarquer quelque chose. Ses amis, eux, furent aveugles tant l'hyperactif était doué. L'habitude, ça payait.
Restait maintenant à savoir Stiles arriverait à tenir parfaitement son rôle jusqu'à son départ.
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La résurgence du phénix 2.0
FanfictionStiles n'est pas humain, son père non plus. Il pensait protéger son secret jusqu'à sa mort mais une série de meurtres concernant des personnes comme lui va le pousser à se cacher encore plus. Lorsqu'il va lui-même faire les frais de cette violence e...