Chapitre 3

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L'homme se penche vers moi au point que je puisse sentir son souffle chaud et saccadé près de mon oreille. D'une voix forte et quelque peu ennuyée de la situation, il me répond :

- Très bien, dans ce cas tu resteras avec ce bandeau. Mais sache que cela ne changera rien à ton sort. Quel qu'il sera.

Les pas lourds de l'homme blessé résonnent dans la pièce, comme s'il faisait les cents pas, tournant autour de moi. Je ne suis plus qu'une proie prise au piège par un vautour énervé.

- Nous devons décider rapidement de ce que nous allons faire d'elle. Il n'était pas du tout prévu que l'on ait un poids lourd pour nous encombrer durant notre mission, grogne-t-il. On ne peut pas rester ici plus longtemps. Sans résultat ni indice, il faut continuer notre chemin. Ce n'est pas cette nana qui nous sera utile, bien au contraire.

Je profite de cet instant de réflexion et d'échange pour examiner les cordes qui me lient les poignets. Bien que ma peau commence à s'irriter sous les frictions de la cordes, je garde mon calme. Je n'ai peut-être pas d'arme pour me détacher, mais par chance, le nœud n'est pas très serré.

- Tu ne vas pas aimer ma réponse mais on n'a pas d'autre choix. Il faut qu'elle vienne avec nous. Nous ne pouvons pas prendre le risque de la laisser derrière ni de laisser un cadavre, souffle le deuxième.

Au mot « cadavre », je frissonne. Serrant les dents, je détends la corde et arrive à défaire le nœud. La corde tombe dans un petit bruit. D'un mouvement rapide, je me lève brusquement de la chaise, arrachant mes chevilles des liens. Plus aucun bruit hormis le fracas de la chaise. C'est le tout pour le tout, je n'hésite pas et me mets à courir le plus loin possible d'eux.

Je me précipite sur une porte, l'ouvre en coup de vent et, l'espace d'un instant, prends le temps de savourer l'air extérieur. La scène est comme au ralenti. Je lève mon pied, passe le pas de la porte, inspire fortement et m'élance. J'utilise mes sens, odorat, ouïe, toucher, pour me guider dans l'environnement. Une odeur boisée envahit mes narines, me dirigeant vers ce qui semble être une forêt proche.

Courant à toute vitesse, les branches et les feuilles fouettant mon visage. Les ronces griffant mes jambes. Le vent devient mon sonar, me guidant dans l'obscurité de ma vision. Derrière moi, les cris des hommes se font entendre, mais je refuse de m'arrêter ! Mon cœur bat la chamade, la respiration se fait de plus en plus saccadée. J'ai l'impression que je vais enfin pouvoir être libre et respirer...

Soudain, mon pied bute contre une racine ! Je trébuche violemment et m'étale de tout mon long sur le sol. Une douleur lancinante éclate dans ma cheville. J'essaie de me relever mais ne fait que rechuter. Jusqu'à ce que j'arrive à me stabiliser debout, mais deux mains fermes m'agrippent les bras, me tirant sans ménagement vers l'arrière.

- C'est terminé, tu ne t'enfuiras pas comme ça, grogne l'un des deux de sa voix essoufflée.

Je me retrouve portée et jeté sur son épaule, sans ménagement. Maintenant la tête en bas, en sac à patates. Dans une autre situation, ça aurait pu être drôle, mais là, on ne va rien dire.

J'ai loupé ma seule et unique chance de m'échapper. Ils vont être plus prudent. Je me fais traîner de nouveau à l'intérieur de la maisonnette. Cette fois, ils prennent soin de renforcer mes liens, s'assurant que je ne puisse plus me libérer. Je suis coincée...

- Et toi qui veut l'emmener, elle va nous faire perdre du temps et nous casser les pieds ! gronde l'homme blessé.

Je sens que cette histoire va durer un long moment... Je quitte cet endroit où j'étais prisonnière pour l'être ailleurs. Est-ce mieux ? Je ne crois pas. Nous verrons bien, mais je ne resterais pas les bras croisés. A la moindre occasion, je m'enfuis de nouveau, qu'importe l'endroit où ils m'emmèneront. En attendant, je vais faire en sorte d'écouter bien attentivement leurs conversations et d'en savoir plus.

Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer de la situation. Je soupir et attends patiemment. Pendant ce temps, je décide de les nommer. Il me sera plus aisé d'assimiler les choses avec des noms associés. Dans ce cas, disons que l'homme blessé s'appelle Kase et l'autre Marc.

- Bon, ne perdons pas plus de temps et allons-y dès que la nuit tombera. En attendant, essaie d'en savoir plus sur le véritable lieu de recherche et d'autres informations sur cette personne, souffle Kase.

Le temps passa lentement, trop lentement pour chacun d'eux. L'une cherchant le moindre indice pouvant l'aider à s'échapper tandis que les deux autres continuèrent de la surveiller tout en tapotant ou téléphonant pour continuer ce pour quoi ils sont venus à l'origine.

Sans l'ombre d'un douteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant