Chapitre 11 :

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Sans occupation, le temps s'étire en une monotonie écrasante. Seule dans cette cave sombre, je suis laissée à moi-même, perdue dans mes pensées. De temps en temps, la porte s'ouvre pour qu'on me pose une assiette avec un peu de nourriture, sans un mot, sans un regard. Mon existence actuelle est réduite à l'essentiel : respirer, manger et attendre.

Je me surprends à imaginer d'autres scénarios possibles à toute cette histoire. Si j'avais réussi à m'enfuir dans la forêt ou dans la ville. Si je n'avais pas ce problème aux yeux. Si je me souvenais de mon passé... Quelques bribes me reviennent, mais cela reste flou. Je me souviens de certaines voix associées à des visages indistincts, tout cela issu de mes pensées.

Par moment, dans ce silence qui m'entoure, j'entends des bruits dans la maison, au-dessus de moi, des voix lointaines, des rires, des cris d'enfants. La vie continue à l'extérieur.

Puis, un jour, l'ambiance change. Il y a de l'agitation dans le village, des éclats de voix que je ne peux distinguer clairement. Le bruit monte jusque dans la maison, plus fort, plus insistant. On dirait que leur fameux chef est enfin revenu. Les voix sont plus graves, plus autoritaires, comme s'il y avait des ordres à donner et à recevoir.

Depuis, c'est Owen qui m'apporte à manger. Il ouvre la porte en silence, me tend une assiette un peu plus garnie, avec un morceau de viande, puis s'installe sur une chaise juste devant la porte, un regard scrutateur posé sur moi. Il ne dit rien pendant de longues minutes, comme s'il attendait que je parle en premier.

Quand il finit par poser des questions, sa voix est douce, mais je sens la pression derrière ses mots.

- D'où viens-tu vraiment ? demande-t-il un jour, les yeux fixés sur moi. Comment as-tu survécu aussi longtemps seule ?

Cette dernière question, simple mais lourde de sens, cache son intérêt pour mon état physique et le port de ce bandeau.

Je le regarde sans répondre, mes lèvres se serrant involontairement. Je ne peux pas répondre. Je ne sais même pas comment formuler une réponse qui pourrait lui convenir. Que puis-je lui dire si moi-même je n'ai pas toutes les réponses ?

- As-tu été envoyée par quelqu'un dans cette maison ? Une personne qui aurait eu vent de nos recherches ? Poursuit-il lors de sa seconde visite, peut-être deux heures plus tard. Le ton plus insistant.

A chaque fois, je reste silencieuse, mes pensées tourbillonnant sans résultat précis. Je ne sais pas pourquoi je suis ici, et je ne sais pas ce que je peux répondre sans que cela ne devienne une raison pour eux de se débarrasser définitivement de moi.

Owen finit toujours par se lever, refermant la porte à clef derrière lui, laissant dans son sillage un mélange de frustration et d'inquiétude.

Un jour, pourtant, il m'apporte quelque chose de différent, autre que des questions : une bassine en plastique et une serviette.

- Tu devrais te laver, dit-il simplement avant de tourner les talons.

Ce geste inattendu me laisse perplexe. Après tout, je ne me suis pas lavé depuis... je ne sais même plus quand. L'eau froide qui coule de l'évier me semble être une maigre consolation, mais je profite de cette rare occasion pour me débarrasser de la saleté accumulée sur ma peau. Il s'agit là d'un petit moment de répit dans cet enfer.

Je commence par me laver le visage, le cou et la nuque, puis le reste, en restant cachée sous mes vêtements, au cas où. Il m'est également possible de me laver les cheveux. Quel plaisir ! Ce n'est peut-être qu'avec de l'eau, mais c'est toujours ça de gagné.

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⏰ Dernière mise à jour : 4 days ago ⏰

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