Chapitre 4

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- La nuit est tombée, on peut enfin y aller. Il vaut mieux que tu restes sage sinon ça va mal finir. Me menace Marc.

Je soupire et ne fais aucun geste, les laissant penser que j'abandonne l'idée de me débattre. Ce qui n'est pas le cas. Soyons docile pour faire baisser leur garde.

- Je vais prendre tout ce qui peut être utile bien qu'il n'y ait pas grand-chose. Attends-moi là et surveille-la bien. On ne peut pas se permettre de la perdre encore une fois, ordonne Kase.

Leurs échanges m'ont permis de comprendre une ou deux choses à leur sujet. Kase semble avoir un rang supérieur à Marc, mais sa posture et ses mots trahissent une certaine subordination dans une hiérarchie plus vaste. C'est un peu cliché, mais je pense qu'il est le cerveau et Marc les gros bras. Je vais garder cette information en tête, cela me sera sans doute utile plus tard.

- Bon, j'ai trouvé quelques petites choses. Allons-y. Bâillonne-là et mets-la dans le coffre. On va à notre prochaine destination.

Marc s'exécute avec une efficacité brutale. Je me retrouve debout, les poignets et les chevilles attachés au point que chacun de mes mouvements me donne l'impression d'arracher ma peau. Je sens un tissu rugueux se serrer autour de ma bouche, m'étouffant légèrement. Je me retrouve à être balancé dans le coffre de la voiture. Ma tête tapant les parois. Tout mon corps me fait mal. Il referme le coffre dans un claquement monstrueux, me faisant sursauter.

La voiture démarre et les vibrations du moteur résonnent à travers mon corps. Restons calme, respirons... mauvaise idée, l'air est irrespirable. Récapitulons les choses, je suis dans un coffre, attachée, bâillonnée. Hurler ne servira à rien, de toute façon, qui voudrait aider une parfaite inconnue ? Être enfermée aiguise encore plus mes sens, du moins mon audition. Je tends l'oreille pour capter des fragments de leur discussion, essayant de comprendre ce qu'ils se disent.

- Pourquoi a-t-il fallut qu'on tombe sur quelqu'un. Elle va bien nous emmerder ! Grommelle Marc, du moins je suppose que c'est lui.

Pourquoi tu ne dis rien ?

- On doit continuer à chercher, dit Kase. Les ordres sont clairs bien qu'on n'ait pas beaucoup de pistes.

- Il faut être discret mais avec elle... ça va être compliqué. En plus tu as vu son look. Au moins, si elle était belle on aurait pu en tirer quelque chose si tu vois ce que je veux dire. Ricane Marc

- La ferme ! Cherche des informations au lieu de dire des conneries. Semble s'énerver Kase.

Au moins, Kase semble ne pas vouloir m'utiliser pour certaines choses... Rassurant ?

Ce qui est sûr c'est qu'ils sont à la recherche de quelque chose ou quelqu'un et que ça a l'air important. Ils sont limités dans le temps et dans les informations. Qu'est-ce qu'ils cherchent bon sang et que vont-ils faire de moi ?

J'essaie désespérément de desserrer les liens autour de mes poignets, mais il faut croire que cette fois Marc a fait du bon travail. Mes tentatives sont vaines.

La voiture roule pendant des heures et des heures au point d'en avoir mal à la tête. Un coup à gauche, un dos d'âne, à droite, changeant de direction à plusieurs reprises. La fatigue commence à pointer le bout de son nez. Il faut que je reste éveillée mais...je suis bien trop fatiguée avec tout ce qui vient de se passer. Je finis par m'assoupir un instant.

Je me réveille en sursaut lorsque la voiture s'arrête brusquement. Les voix des hommes sont étouffées, mais je comprends rapidement qu'ils veulent se reposer quelques parts. Le coffre s'ouvre, enfin de l'air ! Je respire de manière saccadée profitant du brin d'air me rafraîchissant le visage dégoulinant de sueur. On me tire dehors avec force.

- Je vais te détacher les jambes et mains et t'enlever le bâillon. Si tu fais la moindre bêtise, tu le regrettera. Pas un bruit, pas de mauvais geste. Compris ? Dis Kase.

Je hoche la tête en signe de résignation. Kase me tiens le bras et me fait avancer. Je ne sais pas du tout où je me trouve. Dans quelle ville ni région ou même pays... À vrai dire, je ne sais plus rien de mon environnement même en ayant vécu un bon moment dans cette maisonnette.
Il fait nuit, l'air est frais et peu de circulation dans le coin. Un néon grésille, des gens fument.

- Aïe !

J'ai marché sur quelque chose de pointue et comme je suis pieds nue ça m'a coupé !

- On t'avait dit de ne pas faire de bruit ! Gromelle Marc
- En même temps je suis pieds nue ! Vous auriez dû me laisser là-bas.

Kase souffle et je parie qu'il doit faire l'un des gestes que l'on fait lorsqu'on est agacé, comme se pincer l'arrêt du nez en fermant les yeux.

- Bon, très bien. Me dis Kase

Je me retrouve soulevée du sol avec une telle aisance que cela en est presque insultant. Kase me tenant fermement dans ses bras, telle une princesse enlevée par le camp ennemi. Cette posture n'est nul autre que pour éviter trop de regard que la posture sac à patates. Les bruits de la rue s'estompent peu à peu au fur et à mesure que nous avançons dans ce lieu.

- Va réserver une chambre et rejoins moi. Il faut rester discret. Ordonne Kase

Les pas de Marc s'éloigne. Il semble que nous sommes dans ce qui ressemble à un motel ou une planque. Difficile de déterminer laquelle de ces deux options est la bonne. Ce que je peux dire de source sûre c'est que l'air à l'intérieur est rance, comme si l'endroit n'avait pas été aéré depuis longtemps. Kase monte les marches d'un escalier de manière assez fluide et rapide. Ses pas sont plus léger que dans la maisonnette. Cette manière de se déplacer m'étonne et me rappel la démarche d'une personne que j'ai connue. Mais qui ? Je ne m'en souviens pas ...

D'autres pas se font entendre, plus lourd, Marc, au vu de la démarche. On s'arrête et une porte s'ouvre avec un grincement à en faire frissonner mes oreilles. Ils devraient la huiler ! On aurait dit des ongles sur un tableau de craie. Quelle horreur !

- Reste ici et soit gentille. Ne tente rien de stupide, m'avertit Kase, la main serrant mon bras en signe d'avertissement.

Sans l'ombre d'un douteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant