Chapitre 10 : De nouveau dans une cave

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Le véhicule finit par s'arrêter non loin d'une grande demeure, au milieu du village. Dès que le moteur s'éteint, une vague d'anxiété me submerge, et je me crispe, m'attendant à tout. Les deux hommes sortent du véhicule, la portière claquant avec un bruit sec qui résonne dans l'air. Owen se dirige vers un petit groupe de personnes qui s'étaient approchées. Il les salue, et je perçois des bribes d'échanges, son ton calme et calculateur. Marc, quant à lui, ouvre brusquement ma portière et m'attrape violemment par le bras gauche, m'arrachant à l'habitacle. Je perds l'équilibre et m'effondre lourdement au sol, ressentant la douleur dans chaque fibre de mon corps. Les lunettes glissent de mon nez et tombent dans la poussière. Par réflexe, je lève rapidement mon bras pour protéger mes yeux de la lumière aveuglante du soleil. Je suis pathétique...

- Vu comment elle semble fragile, évite de nous la casser. Soupire Owen. Aller, mettons-là dans la cave. Nous verrons ce que l'on en fait une fois que le chef sera revenu de son excursion.

Marc me lève sans ménagement, ses doigts s'enfonçant dans ma chair, et me pousse en avant. Mes pieds traînent sur le sol, mais je n'ai pas d'autre choix que de suivre, trébuchant et m'écorchant les pieds à chaque pas.

Il m'entraîne sur le côté de la demeure, une porte en bois massif s'ouvrant sur un escalier qui descend dans les entrailles de la maison. La lumière du jour disparaît peu à peu, remplacée par la pénombre et l'air oppressant.

Arrivée en bas, Marc m'emmène au fond, me jetant presque dans une pièce étroite. Il me jette également mon bandeau. Par la suite, la porte claque derrière moi avec un bruit sourd, suivi du son de la clef qui tourne dans la serrure. De nouveau enfermée, dans une cave, mais sans le confort et la liberté dont je jouissais il y a peu.

En protégeant mes yeux de mes mains, j'observe la pièce en regardant entre mes doigts. Il n'y a pas beaucoup de lumière et je suis seule dans la pièce. Je peux donc regarder librement.

La pièce est exiguë, à peine éclairée par un filet de lumière qui filtre à travers les barreaux d'une minuscule fenêtre en hauteur. Un lit miteux, un matelas simple et usé, posé sur le sol, occupe un coin de la pièce. A côté, un évier en pierre et un vieux robinet d'où s'écoule un filet d'eau froide. Rien d'autre. L'air est plein de poussière, chaque respiration me pèse dans la poitrine. Je me laisse tomber sur le matelas, qui recrache encore plus de poussière sous mon poids, tousse et serre le bandeau que Marc m'a négligemment jeté avant de partir.

Les heures passent, du moins, c'est la supposition que je fais en constatant le déclin de la lumière à travers la fenêtre. La nuit est entrain de tomber. Des bruits lointains me parviennent parfois, des voix étouffées, des pas au-dessus de ma tête, des grincements de porte. A un moment, j'entends des éclats de rire d'enfants, leur curiosité les ayant poussés à s'approcher de ma prison.

- Selon Jacky, ils ont ramené une femme ou ce qui y ressemble. Elle est moche comme un pou et puerait. Dit un garçon.

- Beurk ! Pourquoi l'ont-ils ramené ? Je ne veux pas m'en approcher moi ! Dit un second.

- Ne parlez pas trop fort on va se faire remarquer ! ricane une petite.

Je me redresse espérant entendre quelque chose qui me soit utile, mais leurs voix s'éloignent vite, suivies par le ton ferme d'adultes les chassant.

Sans l'ombre d'un douteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant