Sans l'ombre d'un doute

Chapitre 9

Les paysages défilent, le soleil continue son ascension dans le ciel. Je garde les lunettes bien vissées sur le nez, tentant de me protéger des rayons brûlants. Le silence reste présent, rendant l'atmosphère lourde et pesante. Un arbre, puis un autre. Cela ne s'arrête pas. Ce trajet semble interminable, chaque minute qui passe me rapprochant un peu plus de l'inconnu. Le soleil est déjà bien haut dans le ciel, réchauffant mon visage, brûlant petit à petit mes yeux derrière les verres teintés.

Owen consulte très régulièrement son téléphone, son visage impassible. Je le vois répondre à un appel, échangeant quelques mots. Des « oui », « imprévu », « une gêne ». Une gêne, c'est tout ce que je suis pour eux. Ils ne savent pas encore ce qu'ils vont faire de moi...

A l'autre bout du fil, une voix d'homme lui répond, mais je ne parviens pas à distinguer ce qu'elle dit. Je le saurais bien assez tôt.

Nous traversons de nombreuses villes, chacune différente de la précédente, avant de nous engager sur un chemin de terre. Les arbres se multiplient, leurs branches se refermant sur nous comme un piège, réduisant petit à petit la lumière. Une sensation d'étouffement m'envahit alors que nous nous enfonçons toujours plus profondément dans la forêt. Un frisson glacial remonte le long de ma colonne vertébrale.

Plus nous avançons, plus le paysage devient sauvage et désordonné. Le bruit du moteur résonne dans cette forêt silencieuse, couvrant les cris lointains des oiseaux. La voiture ralentit, me permettant de remarquer des silhouettes furtives parmi les arbres. Des loups, non loin de nous, suivant le véhicule d'un regard perçant. Une drôle d'impression germe en moi. Une sensation de déjà-vu, mais floue, me causant un mal de tête.

Je soupire, pose ma tête sur la vitre et ferme les yeux un instant. Plus les minutes s'écoulent, plus des voix, des cris et des rires me parviennent, lointains d'abord, puis plus clairs. Lorsque j'ouvre les yeux, un tableau improbable se dévoile, je découvre un village ou bien une ville, caché au cœur de la forêt, ses habitations tout simplement sublimes. Des enfants courent en tous sens, riant à gorge déployée, tandis que des adultes, hommes, femmes, et même des animaux, vaquent à leurs occupations. On pourrait croire à un petit coin de paradis, mais ne soyons pas crédule, rien ne peut être aussi beau, surtout pour moi.

Plusieurs regards se tournent vers nous. Certains nous saluent d'un signe de la main, pendant que d'autres me dévisagent avec méfiance. Des échangent silencieux, des yeux qui se plissent. Peut-être un brin de curiosité. Je sens malgré tout que ma présence ici est loin de passer inaperçue et ne sera pas acceptée.

Quelque chose d'étrange flotte dans l'air. Est-ce seulement mon impression ?