Chapitre 1 : Dans l'Obscurité...

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Je me tiens dans l'obscurité suffocante de la cave, mes mains tâtonnant les murs froids à la recherche de mes repères familiers, le bandeau noir toujours serré sur mes yeux. Une présence constante rappelant ma condition.

Depuis combien de temps suis-je ainsi ? Les heures et les jours se confondent dans cette obscurité qui me semble éternelle...

Alors que cherche mon lit pour y trouver un répit, un frémissement dans l'air stagnant me fait me raidir. Des bruits étouffés de pas à l'étage, des voix indistinctes et inconnues brisent le silence oppressant. Privée de ma vision, mes autres sens se sont aiguisés au fil du temps, captant chaque nuance, chaque changement dans mon environnement. Mon ouïe, particulièrement s'est développé, étant toujours en alerte.

Je me prépare instinctivement à recevoir ces visiteurs, me saisissant du balais. Le seul objet ressemblant à une arme et à portée de main... Je tente d'être la plus discrète possible pour ne pas attirer l'attention, mais un éternuement involontaire trahit ma présence !

Les pas cessent un instant, de même que les voix, puis reprennent, plus oppressants, se rapprochant de la cave. L'adrénaline monte en moi, vrillant mes sens. Je me précipite dans le coin le plus proche, me guidant du mur, essayant de me dissimuler dans l'ombre. Le souffle suspendu, prête à affronter ces intrus qui ont pénétré ma demeure.

La porte grince, indiquant leur arrivée en haut de l'escalier menant à moi. Bien qu'ils chuchotent, leur voix raisonne. Je resserre mon emprise sur le manche du balais en bois, prête à en découdre. Le grincement des marches me fait frissonner. Un bruit retenti, une pile de livres s'écrase sur le sol. C'est le signal, ils sont en bas des marches, dans la cave. A cinq mètres de moi, si je me souviens bien de la distance entre le mur et les escaliers.

Un silence pesant, seule mon cœur semble bruyant.

- Pose ce balais. Ordonne l'un des hommes, d'une voix forte et rude.

Pourquoi devrais-je poser la seule arme que j'ai pour me défendre ? Je secoue la tête avec obstination. L'adrénaline parcourant mon corps me donne un coup de fouet, d'un coup de pied, je casse le bas du manche, me permettant d'avoir une lance de fortune. Sur mes gardes, prête à m'en servir. Ma survie dépend de ma détermination et de ce simple bâton. Je ne me laisserais pas dominer.

- Je ne me laisserais pas faire. Murmurais-je d'une voix tremblante mais ferme.

Sur ces mots, l'homme à la voix rude eut le malheur de s'approcher. Un pas, puis deux... Il n'est plus qu'à trois mètres de moi, à en juger par mon ouïe et l'air bougeant. Ni une, ni deux, armée de mon bâton de fortune, je frappe de toutes mes forces au plus près du sol, visant ses genoux ou ses tibias dans l'espoir de le déstabiliser.

Je sursaute à son cri de douleur, lui comme moi devons être surpris de mon geste et du résultat. L'homme vacille, alors qu'il se penche pour saisir sa jambe dans un réflexe instinctif, je profite de l'occasion. D'un mouvement fluide et rapide, je me glisse derrière lui, évitant de justesse son emprise sur ma jambe.

Mon cœur bat la chamade, l'adrénaline pulsant dans mes veines, c'est mon instinct de survie qui prend le dessus. Prête à faire face à l'autre intrus, je me rends compte que ma vision me serait grandement utile dans cette situation. Je ne sais pas où il se trouve ! Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils venus ici ? Veulent-ils me tuer ?

Pas le temps pour les questions ! J'assène un coup devant moi, un coup rempli de peur, de panique, de tristesse... Je ne touche rien ou presque... Avec toute la force que j'ai mise, le bâton se brise contre le mur à ma droite, ce qui me déstabilise. Je n'ai plus d'arme, face à deux hommes. Que faire ?!

Les nerfs à vif, les larmes me montent, dans un geste désespéré je cours vers les escaliers, essayant de m'aider du mur. En vain...

Je percute le second homme, perdant l'équilibre et me retrouvant étalée par terre. C'est à quatre pattes que j'avance à tâtons, cherchant désespérément la première marche de l'escalier. Ma main droite arrive enfin dessus. J'accélère le mouvement, montant les marches aussi rapidement que possible, les mains me servant de repères.

En arrivant tout en haut, je sens enfin la chaleur du soleil sur mes mains et mon visage. Je reprends mon souffle, mais je ne peux pas m'arrêter. Je dois continuer, même si je ne sais pas où aller. Dans la panique, je me cogne à plusieurs reprises contre les murs et les meubles.

Les cris de l'homme grondent de férocité et de colère. Des pas frénétiques montent les marches. A force de tâtonner les murs, je finis par trouver une poignée ! Qu'importe la pièce qui se trouve derrière, il faut que je parte au plus vite !

Avant même que je puisse tourner la poignée, on m'attrape par la taille et on me soulève du sol comme si je ne pesais rien. Je me débats, je crie à pleins poumons, essayant de défaire les bras qui m'encerclent la taille, donnant des coups de pieds derrière moi. L'homme qui m'a attrapée resserre son emprise.

Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je crie, je m'agite, mais il est trop fort...Le désespoir s'empare de moi et petit à petit, mes forces me quitte. Je perds de mon énergie, essoufflée, mes mouvements s'amenuisent également. Tremblante, les larmes coulant sur mes joues...

- Je vous en supplie... Ne me tuez pas. Suppliais-je en larme.

Sans l'ombre d'un douteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant