Chapitre 7

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PDV Keigo

Je me lève rapidement quand l'alarme sonne. Je me précipite presque hors de la chambre pour être sûr de préparer le petit-déjeuner à temps. J'ai tout de même le temps de remarquer qu'on sent effectivement des phéromones d'excitation dans la pièce. Il ne m'a vraiment pas touché au final...

Je commence à faire cuire le riz et le poisson. L'odeur me donne envie de vomir, mais je continue comme si de rien n'était. Je me suis tellement habitué à ne manger presque rien que je suis tout simplement incapable d'ingérer autre chose que des bouts de pain ou des restes.

Vive la vie d'oméga, je suppose.

Je cuisine plus facilement qu'hier. Il a changé mon attelle... Je sens mon cœur se réchauffer en la regardant. Merci, jeune maître.

À 7h30 précises, le maître entre dans la pièce, habillé d'un complet noir. Il est bientôt suivi par le jeune maître, encore en pyjama. Les autres enfants ne tardent pas non plus. Les deux grands sont habillés normalement, et le plus jeune est en uniforme scolaire.

Tout le monde s'assoit, et j'apporte la nourriture sur la table. Je vais derrière la chaise du maître et baisse la tête, attendant la fin du repas. Je suis si fatigué...

"Toya, c'est toi qui lui as changé son attelle ?

Ouais, je lui ai pété celle qu'il avait faite hier et ses geignements de douleur me gonflaient."

J'entends le père soupirer. J'espère qu'il ne me demandera pas si c'est la vérité, je ne pourrais pas lui mentir. Et si c'était ça, le but du fils ? Peut-être que c'est un test ? Le maître me demandera s'il a vraiment couché avec moi, s'il a vraiment cassé mon attelle, et si je dis oui, il saura que c'est un mensonge...

Une partie de mon cœur se serre. Peut-être qu'au fond, une partie de moi espérait que le jeune maître veuille vraiment m'aider.

"Il a quel âge ?

20. Il devrait pouvoir nous tenir un peu moins de 5 ans avant de crever.


PDV Toya

Je vais l'étrangler, putain. J'avais oublié que l'espérance de vie d'un oméga ne dépassait pas 25 ans. Enfin, en théorie, si, mais avec le traitement qui leur est réservé, rares sont ceux qui survivent plus longtemps.

Le petit-déjeuner se termine dans un silence de mort, tandis que je peine à contenir ma colère. Bientôt, je me retrouve seul dans le salon aux côtés de l'oméga, qui se met immédiatement au travail.

Il part faire la vaisselle, et j'en profite pour monter discrètement dans nos chambres pour passer le balai à l'intérieur. Je récupère une partie de notre linge sale que je mets dans un sac. Je récupère les clés et redescends pour trouver l'oméga en train de passer l'aspirateur.

"Je reviens, je vais voir des amis. À tout à l'heure.

Au revoir, jeune maître."

Une fois notre linge propre, je repars en direction de la maison. Il est bientôt midi et demi, je compte donc profiter du repas pour discuter avec l'oméga. Je sais bien qu'il lui faudra du temps pour me faire confiance, donc dans un premier temps, je compte lui parler de moi.

D'abord de ce que je fais, puis de mes frères et sœurs, de mes amis. Et quand je le sentirai un peu en confiance, je lancerai le coup de grâce en parlant de ce que m'a fait mon père, de ce qu'il fait toujours à Shoto.

"Bonjour, jeune maître.

Salut. Tu as préparé le repas ?

Oui, jeune maître.

Tu viens manger avec moi ?"

Il ne me répond pas. Je me rapproche de lui jusqu'à arriver dans la salle à manger. Il me regarde avec un air désolé.

"Il t'a interdit de t'asseoir ?"

Il hoche doucement la tête en regardant le sol. Il faut que je trouve une solution parce que rester constamment debout, chaque jour, sans jamais s'asseoir, risque de l'épuiser rapidement. Je me redresse d'un coup. Je sais.

"Quand mon père dit ça, ce n'est pas de t'asseoir qui t'est interdit techniquement, c'est de le faire sur un objet qui lui appartient. Donc..."

J'attrape son bras, m'assieds sur ma chaise, puis le tire pour l'asseoir sur mes genoux.

"Si on fait comme ça, c'est bon."

Je le sens se tendre sur moi. J'aurais préféré éviter ça, vu son expérience avec les alphas, mais tant pis. Mieux vaut qu'il stresse un peu au début plutôt qu'il reste debout. J'essaye quand même de détourner son attention.

"Tu as fini ton travail ?

Oui, jeune maître.

Mon père t'a donné des instructions concernant tes repas ?

Non, jeune maître.

Il n'a pas dit que tu ne devais manger que ce qu'il te donne ?

Non, jeune maître.

Parfait."

Je prends quelques bouchées de mon plat avant de présenter la fourchette remplie à la bouche de l'oméga.

"Ouvre.

Jeune maître..."

Je sens la protestation dans sa voix. Je sais qu'il pense ne pas avoir le droit, mais si mon père n'a rien dit, c'est bon. Enfin, il ne s'est pas dit que je lui filerais ma bouffe, mais ça, ce n'est pas mon problème.

"Il faut que tu manges, t'as que la peau sur les os !"

Il soupire en signe d'abandon et ouvre la bouche. Je m'en veux un peu, ses phéromones puent le stress depuis qu'il est assis sur mes genoux, et encore plus depuis que je lui donne à manger, mais je n'ai pas trop le choix.

J'espère juste qu'avec le temps, il se détendra. Je lui donne un peu à manger, puis termine moi-même l'assiette. Je ne peux pas lui donner beaucoup ; s'il se remplume trop, mon père comprendra.

Le blond se lève et débarrasse ma table. Je lui fais signe de me suivre et me dirige vers ma chambre. Je le sens à nouveau tendu. On n'est pas rendus, mais bon, pas le choix.

"Assieds-toi sur mon lit, s'il te plaît. Ce n'est pas la propriété de mon père, donc sa règle ne s'applique pas ici. C'est moi qui ai acheté ce lit, en plus."

Il s'exécute timidement.

"Je serai souvent à la maison pour le mois à venir. Je sortirai juste parfois voir des amis, et ils viendront sûrement quelques fois aussi, mais on sera dans le garage alors tu seras tranquille.

Après, je devrai partir un moment. J'essaierai de négocier avec mon père pour t'emmener, mais je ne suis pas sûr qu'il acceptera."

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