Chapitre 17

164 12 3
                                    

TW : Ce chapitre contient des mentions de mauvais traitements


PDV Shoto

Putain de merde. Vu ma note d'histoire, je vais définitivement m'en prendre plein la gueule, et savoir que ça pourra aider l'oméga ne me soulage pas vraiment. C'est un petit plus, mais ça reste dur à supporter à la longue. Une fois rentré, je file dans ma chambre pour installer la petite caméra.

Au moins cette fois c'est la dernière, on aura largement assez. On a tous rédigé nos plaintes de notre côté, le but étant d'accélérer le plus possible le procès. On a même pu en parler à maman, même si notre père nous interdit techniquement de lui rendre visite à l'hôpital. Et puis merde, c'est sa faute si elle y est.

Elle a accepté de porter plainte, il faudra juste qu'on donne son nom aux policiers demain. En plus d'une dizaine de vieilles photos des bleus et blessures de Toya, de celle de sa cicatrice qui lui mange la moitié du torse, j'ai pu accumuler une trentaine de photos et une dizaine de vidéos des traitements que notre cher père m'inflige depuis un moment maintenant.

Tellement longtemps que je ne me souviens même plus quand est-ce que ça a commencé. Tout ça n'aura bientôt plus d'importance maintenant de toute façon.

"SHOTO ! TU TE FOUS DE MA GUEULE ? C'EST QUOI CETTE NOTE ?!"

Il ouvre ma porte d'un grand coup et la referme presque aussitôt, bouillant de rage. Il m'attrape par le col pour que je n'essaie pas de reculer.

"Alors, ton explication ?

-C'est pas une si mauvaise note.

-13, pas une mauvaise note ? Pour le commun des mortels peut-être, mais je te rappelle que tu es un Todoroki et que de ce fait tu te dois d'être excellent, pas seulement passable.

-J'en ai rien à foutre d'être le meilleur.

-Tu veux jouer à ça ? Ok, on va jouer. Va chercher une ceinture dans ton placard. Maintenant."

***

"T'étais pas non plus obligé de le provoquer à ce point, t'as vu dans quel état tu es ?

-Premièrement, ça me démangeait depuis des années. Deuxièmement, je m'attendais à pire. Il est plus sympa avec moi pour les coups de ceinture qu'avec toi.

-Ouais, mais c'est toi qui te prends tous les coups dans la gueule.

-T'es sur tous les réseaux, logique. Si ça se voit, il est mort. Moi les coups, il peut y aller, il a juste à dire que ça vient de mes cours de boxe si quelqu'un pose la question."

Le blanc termine d'appliquer la pommade sur mon dos. Ça fait mal, très mal, mais honnêtement je m'en fiche. Demain tout sera fini.

"J'ai prévenu le lycée que pour des raisons personnelles je ne pourrais pas venir demain. Fuyumi a appelé son boulot pour dire qu'elle est malade et Natsuo a fait pareil. Demain, on arrête officiellement cet enfer.

-Je laisserai Keigo à la maison pour aller faire la plainte, on viendra le récupérer après. Il faudra prendre un hôtel ou trouver un endroit où dormir s'il n'est pas directement mis en garde à vue.

-Ouais."

Je remets mon T-shirt pendant qu'il range les affaires de soins. On se sépare rapidement. J'entends le blond en train de faire la cuisine en bas et Toya part pour le rejoindre avec un sourire suspect sur le visage.

"Tu passes beaucoup de temps avec lui, non ?

-Ouais, et ? Il est sympa quand tu fais l'effort de lui parler.

-Tu dis ça, mais tu me regardes comme si tu allais me tuer dès que je m'approche un peu trop près de lui.

-D'où tu sors ça toi ?"

Je l'ignore complètement et continue mes constatations.

"D'ailleurs, tu es devenu encore plus possessif avec lui depuis quelques jours. Tu caches beaucoup moins bien tes phéromones de colère quand notre père agit mal avec lui. Il s'est passé un truc ?

-Fermes-la.

-Si tu préfères, je peux demander à papa pour passer une nuit avec lui, comme ça je pourrais demander directement à l'oméga."

Une demi-seconde plus tard je me retrouve plaqué contre le mur, la main du blanc serrant le col de mon T-shirt. Ses phéromones de colère et de soumission emplissent rapidement la pièce, j'y suis allé fort en même temps.

"Touche à un cheveu de Keigo et je t'égorge dans la seconde.

-Je suis ton frère.

-C'est mon oméga.

-Ton oméga ? Je savais qu'il s'était passé un truc !"

Il me lâche brusquement, réalisant ce qu'il vient de dire.

"Putain.

-C'est ta vie Toya, tu fais ce que tu veux. Et t'inquiète, j'ai dit ça pour te faire réagir, je n'ai aucune envie de toucher à ton oméga.

-Barre-toi Sho."

Je sors de la pièce avec un sourire en coin, laissant le blanc ruminer dans sa barbe derrière moi.

***

PDV Toya

"Keigo ?

-Oui ?

-Demain on ira au commissariat avec mes frères et sœurs pour dénoncer mon père. Si on gagne le procès, tu seras libre.

-*Le dénoncer ? Mais pour quoi ?*

-Il a battu ma mère pendant des années. C'était un mariage arrangé d'ailleurs. Si tu ne l'as jamais vu c'est parce qu'elle est dans un hôpital psychiatrique, il l'a rendue à moitié folle. Elle a accepté de porter plainte elle aussi. Mais il n'y a pas que ça.

C'est le patron d'une grosse boîte d'assurance, le groupe Endeavor. Il s'est mis en tête de nous la léguer à moi et Sho. Il a passé mon enfance à me battre, me pousser toujours trop loin au-delà des limites. Il me faisait travailler mes cours pendant des heures, pareil pour le sport. Et il fait toujours la même chose à Shoto. On a récupéré des preuves depuis que tu es arrivé ici.

C'est pour ça que je suis toujours chez mon père, j'attendais que Shoto soit majeur, Fuyumi et Natsuo aussi. Le plan de base, c'était qu'une fois que Sho serait adulte, on se barre tous de la maison, quitte à changer de pays pour qu'il nous foute la paix. Mais il était hors de question de te laisser ici, alors changement de plan.

Je te laisserai à la maison demain pour qu'on aille faire tout ça. On viendra te chercher dès que possible, ok ?

-Oui."

J'essuie la larme qui a coulé sur sa joue puis il m'embrasse avec douceur. Je le prends dans mes bras, profitant de la chaleur de mon oméga avant d'affronter la journée de demain.

"*Si mon maître est mis en prison, ils ne vont pas me ramener à l'animalerie ?*

-Non. C'est horrible à dire mais tu es considéré comme une propriété familiale donc tu seras légué aux enfants et en l'occurrence à l'aîné, donc à moi. Cette histoire d'adoption me fait chier mais au moins personne ne pourra t'emmener loin de moi.

-*Tu me marqueras si ça arrive ?*

-Que si tu le veux."

Il me sourit et m'embrasse de nouveau avant de quitter ma chambre pour aller dormir dans le placard que mon père lui a donné comme espace vital.

Under the SpotlightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant