Under the Spotlight

Chapitre 8

PDV Keigo

J'ai peur qu'il ne décide soudainement de coucher avec moi, maintenant que je suis dans sa chambre. Pourtant, une partie de moi a le sentiment qu'il ne le fera pas. Ça réchauffe mon cœur, un peu.

"Je pense que tu as dû l'entendre plusieurs fois, mais comme on n'a pas vraiment pu faire les présentations... Je m'appelle Toya et j'ai 25 ans."

Toya... c'est joli comme prénom. Ça me fait plaisir qu'il se présente officiellement. Il se lève et va chercher le cahier et le crayon qu'il m'avait donnés hier soir et me les tend.

"Et toi, comment tu t'appelles ?

— *Sur le carnet* DUMP

— Non, ça, c'est le nom que ces enfoirés t'ont donné. Tu te rappelles du nom que tu avais avant ?"

Je peux vraiment lui dire ? Et s'il s'en servait contre moi ? Mais... il m'a nourri, il m'a permis de m'asseoir, et il n'a pas couché avec moi pour le moment, alors... je peux bien lui donner mon nom en guise de remerciement. Je n'ai pas le droit de dire merci.

"*Keigo*

— Keigo... C'est un très beau prénom !"

Il me sourit. Il est beau comme ça. Il me fait un peu moins peur. Il me regarde et toussote en détournant le regard.

"Hier, en plus de t'avoir changé ton attelle, je t'ai soigné les bras et les jambes. Il faudrait que je soigne le reste aussi, mais je ne voulais pas le faire alors que tu dormais. Il faut juste que tu enlèves ton pull, d'accord ?"

Il veut le faire maintenant ? Bon, je m'y attendais de toute façon. Avec un peu de chance, il sera un minimum doux avec moi. Je retire le vêtement demandé, le regard vers le sol.

Il ne m'a pas demandé de retirer mon short, il doit vouloir le faire lui-même.

Il part quelques minutes puis revient avec différents objets dans les mains. Je ferme les yeux, me préparant à la suite. Je ne panique pas cette fois. Je n'en ai pas la force.

Je sens quelque chose de froid effleurer un de mes bleus, puis un léger picotement l'accompagne sur une de mes griffures. Les minutes passent, les picotements se multiplient. J'ai froid. Est-ce qu'il m'applique une sorte de drogue sur le corps ? Je ne comprends pas ce qui se passe, mais je ne veux pas ouvrir les yeux.

Je ne veux pas savoir.

"Voilà. Tu n'avais rien de grave, mais c'est toujours mieux de tout soigner ! Remets ton pull avant d'attraper froid."

PDV Toya

Je le vois relever les yeux vers moi avec surprise. Vu sa réaction, il devait s'attendre à ce que je couche avec lui. Enfin...

Maintenant, il faut que je trouve un moyen d'occuper la journée. Normalement, je traîne sur mon téléphone, je fais du ménage, je sors avec des potes, je joue de la guitare. Mais là, il y a Keigo que je dois occuper.

"Tu as déjà regardé la télé ?

— Non, jeune maître."

Je souris et vais chercher la télécommande de la télé qui se trouve en face de mon lit. Je m'installe à ses côtés, en mettant une bonne distance pour ne pas le stresser encore plus. Avant, c'était nécessaire, mais là je peux faire en sorte de le mettre un peu plus à l'aise.

"Au fait, quand mon père n'est pas là, tu peux ne pas ajouter "jeune maître" à tout ce que tu dis. J'aime déjà pas ce titre, donc l'entendre à tout bout de champ, c'est pas top."

Je vois l'hésitation et la peur dans son regard.

"Prends le temps qu'il te faut pour oser le faire, simplement quand tu te sentiras prêt, sache que ça me fera très plaisir."

Il sourit doucement. Je me doute que je n'arriverai pas à le convaincre de remplacer "jeune maître" par "Toya" avant un bon bout de temps, mais s'il se contente de ne rien dire, ça sera déjà ça de gagné.

Il aura besoin de temps. Enfin, je dis ça, mais je ne sais pas ce qu'il a pu vivre, bien que je m'en doute.

Je me mets à chercher un film à faire découvrir au blond à mes côtés. À mon avis, il adorerait un truc de romance, il a l'air du genre fleur bleue, sauf qu'il est hors de question que je m'abaisse à regarder ce genre de film.

Bon, va pour un récit fantastique. Je lance le film et remarque immédiatement le regard émerveillé de Keigo. On dirait un enfant qui découvre un dessin animé pour la première fois. Je commence à me demander si je n'aurais pas dû lui en mettre un, du genre Yakari ou Les Cités d'or.

Je lui mettrai les fois où je m'absenterai, histoire de l'occuper. Pour l'instant, le but est qu'il voie qu'il peut passer une journée complète avec moi sans que je ne le touche sans son consentement.

***

La journée est passée vite. Le blond s'est endormi vers la fin du film, donc je l'ai seulement réveillé à temps pour qu'il puisse préparer le dîner. Mon père ne tarde pas à rentrer, rapidement suivi de Fuyumi et Natsuo. Shoto est déjà rentré il y a une petite heure et a entrepris de mettre la table quand l'oméga ne regardait pas.

Une fois servi, mon père dépose une sorte de gamelle sur le sol, avec une étrange bouillie qui repose à l'intérieur. Ok Toya, on respire, le tuer sur place n'arrangerait rien, surtout qu'il est le propriétaire officiel de Keigo sur le papier.

Je suis surpris de voir le dit blond avoir un semblant de sourire et se mettre à manger, émettant même une infime quantité de phéromones de bien-être.

"Qu'est-ce que tu lui as filé ?

— C'est de la bouffe faite pour les omégas. Elle a tout ce qu'il faut en apport nutritif donc besoin de rien d'autre et elle fait office de contraceptif pour éviter qu'il ponde un gosse. C'est un des rares contraceptifs sans effets secondaires et ça m'arrange. J'ai pas envie de l'entendre vomir toutes les 5 minutes.

— Pas con."

Je comprends la réaction de Keigo. Un contraceptif sans effets secondaires infâmes, c'est effectivement un miracle.

Le repas est tout juste fini que ses quelques phéromones de bien-être deviennent âcres lorsque mon père le saisit par le bras et commence à le traîner vers sa chambre. Je m'apprête à parler, mais il me devance.

"Tu l'as déjà eu hier donc n'essaie même pas de négocier pour ce soir. Si tu veux ta propre pute, va l'acheter toi-même et avec ton argent. Et je ne veux pas le voir traîner dans ma maison."

Connard. Je tente tant bien que mal de dissimuler mes phéromones de colère pendant qu'il s'éloigne, en traînant le blond derrière lui.