Chapitre 3

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Aujourd'hui, nous sommes mercredi. En général, c'est une bonne nouvelle. Sauf que, pour moi, cela signifie après midi comprenant quatre heures de colle. J'entre dans la salle trop colorée pour l'ambiance pesante qui y règne et m'assieds à une table dans le fond. Le vieux surveillant est là à attendre que tout le monde arrive. Son visage plissé est encore plus froid que d'habitude. Pfff, je sens que ça va être long... Deux, trois élèves arrivent à leur tour. Sont-ils là pour motif de bavardage, d'insolence ou de violence comme moi ? En réalité, je m'en fiche un peu.

Soudain, Logan entre dans la pièce, non sous quelques regards moqueurs. Mon corps se décompose. Oh non ! Il est collé le même jour que moi ? Il ne manquait plus que ça ! Je me hâte de prendre un cahier dans mon sac que je place devant mon visage. Comme s'il me cachait ! Bête comme il est, Logan serait capable de venir me parler après ce que je lui ai fait. Trop tard, il me voit. Il hésite un instant puis s'installe à la table qui se trouve juste à côté de la mienne. Certains que je crois avoir vu autour de nous lorsque je l'ai jeté au sol lui lancent des regards que je ne parviens pas à décrypter. A mon tour, je dévisage Logan sans comprendre. Sérieusement, quel est son problème ? Il n'a pas compris que je souhaite qu'on me laisse tranquille ?

- Salut ! me lance-t-il timidement en sortant ses affaires.

- Salut. je réponds froidement.

Quelques élèves arrivent à leur tour et le surveillant ferme la porte. Il nous fait bien comprendre que nous avons intérêt à nous taire puis nous livre une pile d'exercices qui doivent être finis si nous voulons sortir à l'heure. Je soulève quelques feuilles sans aucune envie de me mettre au travail. Alors, je reste plantée devant, les bras croisés.

- Mademoiselle Anderson, m'interpelle le surveillant au bout d'un moment, quand comptez-vous vous mettre au travail ?

Je lève les yeux au ciel, attrape un stylo dans ma trousse et fais mine d'écrire. Le surveillant hausse un sourcil grisonnant.

- Je crois que vous tenez votre feuille à l'envers, mademoiselle.

Je la remets dans le bon sens et fais de nouveau semblant de faire les exercices. Le surveillant retire soigneusement ses lunettes et soupire.

- Arrêtez votre petit jeu. Il ne marche pas avec moi.

Je pousse brutalement mes affaires de la table et m'affale sur le dossier de la chaise. La plupart des élèves se retournent.

- Mais je n'ai pas envie de les faire, ces exercices !

- Et moi ? Croyez-vous qu'être là à devoir vous surveiller me fait plaisir ? Tu n'avais qu'à pas être collée, cela m'aurait allégé mon travail et tu te plaindrais peut être moins.

- Vous me tutoyez maintenant ?

Les autres élèves rient, amusés. Moi, je ne le suis pas. Il ne faut pas croire que mon comportement a un lien avec le regard des autres, ce serait plutôt l'inverse. Je me contrefiche de ce qu'ils pensent de moi. Pour ma part, je ne pense rien d'eux. Je n'ai pas besoin d'y penser. Je veux simplement ne pas faire partie de ces autres, ne pas me mêler à la foule, loin, prisonnière de ma colère. Encore faut-il qu'on m'en laisse la possibilité...

- Faites votre travail si vous ne voulez pas récolter des heures de colle supplémentaires !

Je ramasse à contrecœur mes affaires tombées par terre. Qui a inventé cette torture ? J'aimerai bien lui en toucher deux mots. Quatre heures... Comment vais-je tenir d'ici là ?

- Hé ! Psssiit !

Je tourne la tête, c'est Logan. Va-t-il me lâcher un jour ?

- As-tu réussi l'exercice 3 ? Je n'y arrive pas.

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