Chapitre 4

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Au coin de la rue, des claquements de pas retentissent derrière moi. Je me retourne. Heureusement, ce n'est que Logan. Sérieusement ? Il devient vraiment trop collant.

- Hé, Sacha ! Attends-moi ! me crie-t-il, essoufflé.

- Tu as couru ? je me surprends à lui demander.

Il passe une main dans ses cheveux.

- Oui. Je t'ai vu partir du mauvais côté. Alors, j'ai essayé de te rattraper pour savoir où tu allais. Mais... c'est que tu marches drôlement vite !

Je lui montre l'heure.

- Les cours reprennent dans dix-huit minutes. Il fallait bien que je me dépêche. D'ailleurs, tu devrais retourner au collège.

- Est-ce que je peux venir avec toi, plutôt ?

Je lève les yeux au ciel. Mes doigts se resserrent autour du carnet de Freddy. Je pourrai refuser mais il ne m'écouterait sans doute pas. Je n'ai pas de temps à perdre à essayer de dissuader Logan.

- D'accord mais évite de trop parler ou de poser des questions.

Il n'aurait jamais cru que je puisse lui donner une réponse favorable. Je tente d'ignorer son petit sourire vainqueur, plus niais qu'autre chose. Je reprends mon chemin, Logan sur talons.

***

Quelques instants plus tard, nous entrons dans un magasin vintage vendant des disques, cassettes et instruments de musique. Logan scrute autour de lui sans comprendre la raison de ma venue dans cet endroit. Il y avait longtemps que je n'y avais pas mit les pieds ! Le vendeur nous accueille, imposant, une épaisse barbe rousse recouvrant son visage.

- Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?

Il me regarde un peu plus scrupuleusement.

- Sacha ?!

Je lui souris.

- Salut Benoît !

Il parait confus.

- Oh ! Je ne pensais pas te revoir. Je t'en prie, assieds-toi !

Il nous désigne des fauteuils installés dans un coin, près d'un piano.

- Toi aussi ! précise-t-il à l'intention de Logan, voyant qu'il n'esquisse aucun mouvement, avant de se retourner vers moi. Qui est-ce ?

- Personne.

- Un ami. répond Logan en même temps.

Les dents serrées, je lance un regard dubitatif à Benoît qui éclate de rire. Nous nous asseyons.

- Je vous aurai bien proposé de boire quelque chose mais, ici, je vends uniquement des morceaux de musique. Ce n'est pas un bar.

Je souris. Toujours aussi sympathique ce Benoît !

- D'ailleurs, pourquoi nous as-tu emmené ici ? me demande Logan.

- Premièrement, je ne t'ai jamais invité, c'est toi qui m'as suivi. Deuxièmement, les mots ne suffisent pas toujours pour donner un sens au monde...

Sous leurs yeux intrigués, je me lève et m'installe derrière le piano. J'aimerai tant que Logan ne soit pas là mais je ne vais pas le laisser m'empêcher de faire ce que je suis venu faire ici. Je dépose le carnet de Freddy dessus et prends une grande inspiration avant de laisser valser mes doigts sur les touches, emplissant la pièce d'une douce mélodie. Je fais quelques fausses notes mais elles s'excusent, cela fait plusieurs années que je n'ai pas retouché à un instrument de musique. L'air parvient malgré tout à m'emporter, au-delà de ce monde pour en saisir un autre. Je me revois enfant - huit ans peut-être -, en ce même lieu, derrière ce même clavier, accompagnée du meilleur professeur de musique de la Terre. Je le revois clairement, comme s'il se tenait là, assis à côté de moi, son regard cajoleur posé sur mes doigts dansants, comme celui d'un frère. Pourtant, ce n'était pas lui ; ce n'était pas Freddy.

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