Chapitre 7

7 0 0
                                    



Il y a bien trois semaines que je me suis rabibochée avec Klara. C'est comme si nous nous étions quittées hier. Enfin... il nous reste encore des choses à apprendre l'une de l'autre. Entre temps, j'ai eu l'occasion de la présenter à Logan. Son soi-disant charme légendaire n'a pas vraiment opéré. Il ne savait plus quoi dire et bafouillait pour un rien. Les autres le charrient encore parfois pour ça mais nous ne disons rien. Après tout, ces railleries n'ont pas l'air si méchantes... Quoi qu'il en soit, il est clair qu'il en pince pour Klara. Le pauvre ! Rien de ce qu'il éprouve n'a l'air réciproque. Je pense qu'il en fait des tonnes, mais bon, il fait ce qu'il veut.

Nous sommes le week-end, ce qui me laisse un peu de répit. Pas tellement, en réalité, car je suis dans ma chambre, en train de me ruiner les neurones sur un exercice de mathématiques à faire pour lundi. Il faut dire que c'est un exploit que je fasse mes devoirs. Je suis l'une des plus mauvaises élèves de la classe et du collège mais, franchement, je m'en fiche. Ce schéma de vie bien rangée me met hors de moi. Il y a bien longtemps que je ne prévois rien, que je ne crois plus en l'avenir. En partant, mon frère a chamboulé ma vie. Pourtant, pour rien au monde je ne pourrai lui en vouloir.

Soudain, le grésillement étouffé de la sonnette de la porte d'entrée se fait entendre. Je ne bouge pas et reste allongée sur mon lit, des feuilles de calcul étalées sur la couverture. J'entends le grincement de porte qui s'ouvre et la voix de ma mère s'élève sans que je puisse distinguer les mots.

- Sacha ! crie-t-elle depuis le bas de l'escalier. Viens ma chérie ! Il y a quelqu'un qui est venu te rendre visite !

Etonnée, je bondis du lit, laissant là mes problèmes de mathématiques, heureuse d'avoir une excuse pour ne pas les faire. Je dévale l'escalier quatre à quatre et m'arrête net dans le salon. Klara est là, tout sourire, vêtue, cette fois, d'un ensemble lavande.

- Que fais-tu là ? je lui demande, perplexe.

Elle glisse son bras sous le mien, son sourire s'agrandissant à lui en arracher la mâchoire.

- Un après-midi entre copines, ça te tente ?

Honnêtement, ce n'est plus trop mon genre d'activités - en admettant que j'en ai un hormis le dessin -. Sortir, voir des amis... Oh non ! Je suis devenue comme Freddy ; introvertie. Est-ce normal que je ne m'en rende compte que maintenant ? Malgré tout, je suis tentée de décliner la proposition de Klara. Je relève la tête et remarque soudain ses yeux pétillants d'excitation, la lueur d'espoir qui y réside. Je n'ai pas envie de lui faire de la peine. Je remarque que ma mère aussi retient son souffle en espérant me voir revivre un peu. Ma décision se prend finalement lorsque je me remémore tous ces devoirs qui m'attendent.

- D'accord !

Ma mère pousse un petit cri de victoire. Je l'assure, elle a les larmes aux yeux !

- Oh ma chérie ! dit-elle en m'arrachant à Klara pour m'attirer contre elle. Je suis si fière de toi ! Je t'aime tellement. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir que tu profites un peu et...

- C'est bon, maman ! je la coupe tandis que je la repousse doucement. Moi aussi, je t'aime. Allez, bisous !

Elle me contemple tendrement, essuyant au passage une larme au coin de son œil. Il faut toujours qu'elle en fasse de trop !

- Viens Klara, on va dans ma chambre ! Tu connais le chemin.

Nous partons de l'entrée à côté de laquelle se tient la cuisine ouverte, longeons la grande table à manger et tournons à droite pour monter l'escalier sans contremarche. Je la laisse passer en première. Une fois à l'étage, elle ouvre la porte de ma chambre à la volée et allume la lumière. En entrant, chaque millimètre carré se trouve analysé de ses yeux.

SupernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant