Chapitre 14

16 1 0
                                    



Aussitôt sortis de la chambre, nous tombons sur Grey remplissant des fiches d'une main et tapant sur le clavier de son ordinateur de l'autre. Il porte exactement la même tenue que lorsque nous sommes arrivés, soit un caleçon et un tee-shirt délavé. Quand il nous aperçoit, il pose son travail sur la table basse. Je me demande comment il parvient a s'asseoir sur ce canapé. Je remarque qu'il a ouvert en grand la fenêtre haute située au bout du canapé, certainement pour dissiper l'odeur encore prégnante.

- Oh, salut ! Vous pouvez vous installer.

- Sans façon. répond aussitôt Klara, dégoûtée.

Je regarde autour de nous.

- Où est Madison ?

- Elle dort encore. Tant mieux.

Mais, au même moment, celle-ci débarque dans la pièce, des paillettes toujours collées à son visage. Ses cheveux sont en bataille et son maquillage a coulé. Elle non plus n'a pas prit la peine de se changer.

- Grey, pourquoi je n'étais pas dans ma chambre ?

Elle se maintient ensuite la tête. Une migraine, sans doute.

- Comment elle était naze cette fête !

Puis elle nous voit. Elle se frotte d'abord les yeux mais non, nous sommes toujours là. Elle s'assied sur l'accoudoir du canapé, assez déboussolée.

- Vous êtes qui déjà ?

Grey se frappe le front.

- Ah non, non, non ! C'est bon, je vois ! le rassure-t-elle en se relevant finalement. Sacha, c'est ça ?

- Oui, c'est ça. je réponds.

- Hum. Et papa va nous donner l'argent ?

Ah, ça, elle ne l'a pas oublié, bizarrement ! Je hausse les épaules.

- Pourquoi ne lui parlez-vous pas plus que pour lui réclamer de l'argent ?

Grey se lève et Madison recule, encore légèrement chancelante. Aussitôt, Grey se met à grogner :

- Qu'est-il encore allé te raconter?

- Rien. Dave vous adore... même si vous ne le lui rendez pas et que je ne comprenne pas vraiment pourquoi. C'est un bon père, sans doute. Chaque jour, il espère recevoir un message, un appel, mais rien ne vient. Il ne songe même plus à vous revoir un jour tellement vous le rejetez. Au juste, que vous a-t-il fait de si mal pour mériter d'être traité ainsi ? Il vous a créé, nourrit, hébergé, cajolé... Mais, avant tout, il vous a aimé. Et il vous aime toujours. Que vous faut-il de plus?

Tous deux baisent la tête. Je ne parviens pas à discerner s'ils font semblant d'être désolés ou s'ils le sont réellement.

- Ah oui, l'argent, j'avais oublié ! je lâche sarcastiquement.

Madison s'avance soudain vers moi d'un air menaçant et ne s'arrête qu'à quelques milimêtres de moi, me dépassant de presque deux têtes.

- Tout ça est de ta faute et de celle de ton imbécile de frère !

Une fureur vengeresse s'allume tout à coup dans mon corps, comme des braises laissant place aux flammes qu'elles tentaient de contenir depuis trop longtemps. Je me jette pratiquement sur Madison, retenue par Klara et Julien, et lui crache à la figure :

- Je t'interdis de parler de mon frère de cette façon !

Elle me rit au nez, narquoise et insensible, comme à son habitude. Et moi qui avait cru qu'elle puisse changer !

SupernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant