Chapitre 4

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Jackson Hole, Wyoming


Je ressortis de la pharmacie un sac en plastique à la main, remplis d'antidépresseurs. Je me dépêchai de rejoindre le pick up de peur que quelqu'un découvre le contenu de mon sac.

La honte. Voilà l'émotion qui me suivait partout depuis trois semaines. Depuis le deuxième drame de ma vie.

Une fois en sécurité dans l'habitacle, je lançai le gps et ma playlist. Il me fallait 26 minutes pour rejoindre le ranch depuis où j'étais.

Au bout de quinze minutes de route, je chantai à tue tête lose control de Teddy Swims.

I lose contro-o-o-l when you're not here with me

I 'm fallin appart right in front of you

Can't you see ?


D'un coup, une chose brune qui marchait au bord de la route m'interpella. Je frenai immédiatement et me rendis compte que c'était une vache. Enfin, une très petit vache donc sûrement un veau. Je regardai les alentours à la recherche d'un troupeau du quel il aurait pu s'échapper. Rien. Il n'y avait aucun animal depuis un très grand nombre de km, je m'en serais souvenue sinon. Ce veau avait dû parcourir des kilomètres et des kilomètres pour se retrouver si loin.

Je sortis du pick up et tentai d'approcher le veau qui tournait sur lui même l'air complètement perdu. Depuis combien de temps marchait-il le long de cette route ?

Il n'avait aucun badge indiquant un numéro de série. Aucun moyen de savoir d'où il venait et à qui il appartenait.

Je sortis mon téléphone et appelai le premier numéro qui me vint en tête

-Allo ?

-Kyle, il faut absolument que tu me rejoignes avec une remorque pour cheval. Je suis sur la grande route à environ dix minutes du ranch.

-Avec une remorque pour cheval ? T'as volé un cheval ?Dit-il d'un ton faussement paniqué.

-Mais pas du tout ! J'ai trouvé un veau égaré. Fais vite s'il te plaît il a l'air complètement déshydraté.

-Oke la sauveuse d'animaux. Je me mets en route mais ma mère ne va pas être ravie qu'on lui ramène une vache.

-T'inquiète, je m'en occuperai.

Une vingtaine de minutes plus tard, le pick up blanc de mon cousin apparut. Il fit un rapide tourné sur route et bondit hors de son véhicule.

-Bonjour chère cousine fermière. Me salua-t-il tout sourire.

Je lui tirais la langue et éclatai de rire en réponse. Il ouvrit la remorque dont le sol était rempli de paille et se rapprocha du veau. Il déambulait avec tellement de confiance que je me mis à me demander s'il n'avait pas fait ça toute sa vie.On se mit les deux autour du veau pour le guider le plus rapidement possible dans la remorque.

En cinq minutes ce fut boucler. Heureusement aucune voiture n'était venu effrayer notre petit rescapé. Avant que Kyle ne referme la porte, je me précipitai dans ma voiture récupéré ma gourde d'eau en priant pour que l'eau soit encore fraîche. Heureusement, elle l'était.

-Kyle, viens m'aider ! Lui criai-je depuis la remorque du veau.

Il revient l'air ennuyé.

-Regarde, je vais placer mes mains en essayant de créer un bol à la hauteur de sa bouche et toi tu verseras l'eau c'est oke ?

-Créative. Commenta-t-il sceptique mais en coopérant tout de même.

Au bout du 5 ème essai, le veau réussit à boire quelques gorgées. C'était un bon début.


Kyle démarra et roula très lentement à ma demande. Imaginez si le veau avait fait une crise cardiaque ? Il valait mieux être prévenant.

Nous arrivâmes vingt cinq minutes plus tard au ranch où ma tante nous attendait du pied ferme sur le perron. Avec toute cette histoire, il était déjà 12h15.

Je garai mon pick up à côté de celui de Kyle, qui maîtrisait bien mieux son véhicule que moi et qui était déjà garer depuis trois bonnes minutes. Il trainait dans sa voiture pour ne pas avoir à faire à sa mère seul. Maria pouvait se montrer féroce quand elle était contrariée.

Je me dépêchai donc de sortir le rejoindre. Il était sur le point d'aller vers la remorque quand sa mère nous interrompit:

-Un de vous deux compte m'expliquer ou vous avez disparu sans me donner de nouvelle ? Ero molto molto preoccupata! (J'étais extrêmement inquiète !)

-C'est de ma faute tata. Je revenais de la pharmacie où j'ai acheté mes antidépresseurs et je suis tombée sur un veau en détresse alors j'ai appelé Kyle en aide. Me lançai-je pour couvrir mon cousin qui ressemblait à un enfant de cinq ans face à sa mère en colère.

Toute trace de l'homme qu'il était avait disparu pour laisser place au gosse qu'il était quand je venais à Noël.

Je ris intérieurement en voyant leur mâchoire se détacher à cause de mon franc parler. Ma phrase avait fait exactement l'effet que je cherchais. Elle était tellement surprise que j'aie acheté des antidépresseurs qu'elle en oublia la deuxième partie de l'histoire.

-Très bien. Vous me raconterez l'histoire en mangeant. Je vous attends le repas est sur les plaques. Faites vite. Répliqua-t-elle mal à l'aise mais toujours stricte.

Elle tourna les talons et Kyle me fit un highfive, tout content.

-Décidément, même pas 24h que tu vis ici et je viens de découvrir une nouvelle cousine. Amalia c'est bien toi ? Me dit il sur le ton de la blague en se mettant à ouvrir la remorque.

J'esquissai un sourire sincère. Sa remarque pouvait lui paraître anodine mais elle me fit réaliser qu'effectivement, je me découvrais une nouvelle personnalité. Je me dépêchais de retirer ce sourire idiot de mes lèvres lorsque Kyle m'interpella:

-Tu comptes me laisser tout faire tout seul? J'ai une tête à ressentir de la compassion pour un veau ?

Je levai les yeux au ciel affectueusement et le rejoignis.

Étant donné que ce sauvetage était très peu organisé, nous fûmes obligés de mettre le veau dans un box de cheval.

On ferait mieux d'aller manger et de réfléchir plus tard à une solution pour ce nouvel arrivant. Proposa Kyle.

J'acquiesçai et nous rejoignîmes Maria à la salle à manger, affamés. Kyle et moi lui racontâmes notre aventure pour sauver le veau et contre toute attente, elle fut plutôt ravie de cette nouvelle arrivée.

Étonnamment, ce repas se passa plutôt bien. Je me surpris même à glousser quelques fois en réponse aux blagues de mon cousin. Je me sentai bien autour de cette table. Je ne me sentais pas jugée ni perçue comme un poids. J'étais une jeune femme de dix-huit ans qui avait commis des erreurs et qui rattrapait le temps perdu avec sa famille.

...

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