Chapitre 9

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Nous étions assis l'un en face de l'autre depuis maintenant deux heures. Aucune parole n'avait émergé de ma bouche, à l'exception de quelques fois où il s'amusait à me jeter des objets au visage pour me faire réagir.

Je me rendais compte qu'il y avait un problème avec ce rêve. Et me souvenir de tout cela me rendait mal à l'aise.

— Tu vas te décider à parler un jour ? Il me posait la question à moitié affalé sur son lit.

— Je t'ai déjà dit que je ne dirai rien.

— Tu sais, j'ai tout mon temps.

— C'est faux, le Talky a réagi plusieurs fois avec la voix d'un mec qui te réclamait.

Il esquissa un léger rire, le repoussant plus loin afin que je ne puisse plus l'entendre.

— Ce n'est qu'un rêve alors, je ne vois pas pourquoi tu gardes autant le silence.

— C'était plus qu'un simple rêve, il était trop réaliste pour moi.

— Continue.

Il s'était allongé sur le ventre, tenant sa tête entre ses deux mains, un léger rictus aux lèvres comme si la situation l'amusait. Moi, c'était tout autre chose.

— Arrête de me regarder comme ça, par pitié, on dira un enfant... Lui lançais-je tout en repoussant sa tête à l'aide de deux doigts.

— Tu n'as pas confiance en moi ?

— C'est bien plus complexe que cela. Disais-je dans un soupir.

Sa tête était renversée entre ses mains, ses pieds commençaient à se déplacer en avant puis en arrière, ses cils battant rapidement. Cette attitude infantile le rendait ridicule, mais parvenait à me faire oublier.

Je m'asseyais convenablement, les cuisses relevées contre ma poitrine, croisant mes bras autour tout en posant ma tête sur mes genoux.

— J'avais 24 ans, je travaillais dans une entreprise d'édition, grâce à la femme de mon kiné. Un jour, tu as placé une rose noire avec un Origami à mon bureau, tout comme tu me le faisais chez Jackson.

— Ces bouts de papiers que tu gardais dans ta chambre. Me coupait-il.

— Cesse de me couper, sinon je ne pourrai pas poursuivre ! J'attendis de voir s'il allait parler, mais il pinça ses lèvres pour me prouver le contraire. Bref, après ça, tu as débarqué chez moi, me prétextant que tu voulais qu'on se venge de Jackson. Et cela a eu lieu plus vite que prévu, car il a pris Linda en otage.

— Linda ?

— En effet, Linda, la femme de mon kinésithérapeute qui était également ma meilleure amie. Je donnai un léger soupir, fermant les yeux et évitant d'évoquer les moments où nous nous sommes rapprochés, mais je voulais néanmoins préciser un détail. Face à la maison de Jackson, tu m'as raconté que tu venais me rendre visite dans la cave de temps en temps, que tu te sentais responsable de tout ce qui s'était fait. Lorsque tu m'avais marqué, c'était pour me sauver, mais également parce que tu devenais fou en pensant qu'un autre homme pouvait me toucher... Et que tu m'avais promis de ne jamais me laisser tomber.

Sa réaction fut sans appel. Son visage s'effondrait, il se redressait sur le matelas, s'asseyant devant moi.

— Peux-tu me dire que tu as vu, enfin entendu tout ça dans ton rêve ? Me demandait-il légèrement paniqué.

DISTANCE MORELLE IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant