PLUS JAMAIS

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Après notre petit plouf dans la piscine, on rentre à l'intérieur puis on file directement à la douche, cherchant à nous débarrasser du chlore et de la fatigue accumulée. L'eau chaude coule sur nos corps tandis que nous commençons à nous savonner en papotant.

« Au fait, Sylvia, » commence Mathieu, son ton un peu plus sérieux.

« Ouais ? » réponds-je, curieuse de savoir ce qu'il a en tête.

« Ton cauchemar l'autre jour... » commence-t-il, hésitant.

Je l'interromps rapidement : « Tu veux vraiment parler de ça alors qu'on est à poil ? »

Il semble un peu déstabilisé. « Bah, je... ça me trottait dans la tête depuis un moment. »

Je secoue la tête en soupirant. « J'ai pas envie de t'en parler alors que je suis à poil. C'est aléatoire. »

Mathieu rigole, trouvant la situation absurde. « Mais t'es bizarre, à croire que ça change un truc. »

Je le regarde en haussant les sourcils. « Bah ouais. »

Il éclate de rire et dit, « Ok alors, on sort. » Il éteint l'eau et attrape nos serviettes. En m'enroulant dans la mienne, il me tire doucement jusqu'à la chambre.

Il m'essuie en frottant ma serviette contre moi tandis que je rie, amusée par ses attentions maladroites.

« Allez, dis-moi, » dit-il en m'embrassant la joue.

Je prends une inspiration profonde, le sérieux de la conversation revenant en moi. « C'est pas facile à dire, Mathieu. J'en ai parlé qu'à Claudia dans toute ma vie. »

Il me regarde avec une intensité douce, ses yeux montrant à quel point il veut comprendre. « J'veux pas te forcer à me le dire, juste... j'sais pas, j'ai envie de te comprendre et de ne pas avoir de distance avec toi. »

Je hoche la tête. « Ouais, j'comprends. »

Il serre doucement ma main, ses yeux ne quittant pas les miens. « Tu sais que jamais, au grand jamais, je ne te jugerai, » dit-il. « J'sais que j'peux être un connard parfois, mais si tu me confies un truc, j'peux t'affirmer que j'le garderai pour moi et que j'te regarderai jamais différemment. »

Je souffle, essayant de rassembler mes pensées. « Ok, » dis-je finalement.

« Quand j'étais gosse, » dis-je, ma voix tremblante, « j'avais peut-être 6 ans quand ma mère a attrapé un cancer. »

Mathieu me regarde, ses yeux pleins de compassion et d'attention.

« Donc elle a été hospitalisé et je la voyais plus dutous. Elle vivait plus à la maison et je la voyais plus. Ça a été dur, et mon père l'a très mal géré. Et après ça, il a commencé à devenir... violent. Il a commencé à me rejeter, à m'insulter. Au début, j'étais triste, logique, mais ça allait. Puis, il a commencé à me frapper. Une fois, deux fois, et après tous les jours. »

Je ris nerveusement, essayant de minimiser la douleur. « Pas juste une gifle, hein. Frapper en mode putain de raclée. Bref, ça me reste en travers et parfois, je revis ça dans mes cauchemars. C'est tout. »

Mathieu me regarde, ses yeux noirs de colère. « C'est tout ? Mais t'es malade ou quoi, à quelle heure c'est tout ? C'est quoi ce gros tas de merde, ce fils de pute. » Il se lève et commence à faire les cent pas, visiblement agité.

« Taper sur une gosse, sérieux ? Mais on est dans un monde de grand malade, sale pute. J'te jure, les mecs comme ça, j'rêve de les prendre et de les enculer... »

Il continue à lancer des insultes, sa colère bouillonnant.

« Mathieu, » le coupai-je doucement. « Mathieu, » insistai-je plus fort.

Finalement, il s'arrête et me regarde. Je ne dis rien et écarte les bras. Il vient directement me serrer contre lui, fort et protecteur.

« J'suis désolé, » me chuchote-t-il à l'oreille. « Plus jamais quelqu'un te fera du mal, » dit-il en se reculant légèrement pour me regarder dans les yeux. « Jamais. »

Je vois la sincérité dans ses yeux, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens vraiment en sécurité. « Merci, » murmurai-je, les larmes aux yeux.

SHOWCASE // PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant