BOUFFON

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Je me sens un peu seule tout au long de cette soirée. Claudia est avec Ormaz, collée à lui comme une ombre. Les autres collègues de celui-ci me regardent de travers, comme si j'étais une intruse.

Mathieu, quant à lui, est parti sur le balcon depuis au moins une demi-heure. Après avoir tourné en rond un moment, je décide de le rejoindre.

Je sors sur le balcon et le trouve en train de fumer un joint, appuyé nonchalamment contre la rambarde. Il lève les yeux vers moi, surpris mais pas mécontent de me voir.

"T'as décidé de quitter la fête toi aussi?" me demande-t-il.

"On peut dire ça," dis-je. "Je me sentais un peu seule dedans."

Mathieu hoche la tête, comme s'il comprenait parfaitement. "C'est toujours un peu bizarre, ces soirées."

Je m'adosse à la rambarde à côté de lui, profitant du calme relatif du balcon. "Ouais. Et les gens qui te regardent comme si t'étais pas à ta place, c'est pas mon truc. Mais j'ai promis à Claudia de venir."

Il émet un petit rire. "Claudia et Ormaz, hein? Ils ont l'air bien ensemble."

"Oui, ils s'entendent bien," dis-je en observant l'intérieur à travers la porte vitrée. "Mais je pense qu'elle devrait y aller doucement."

"Elle doit vivre sa vie, faut profiter," dit Mathieu en haussant les épaules.

Mathieu me propose de tirer sur le joint. Je secoue la tête en souriant.

"J'fume pas," dis-je en le repoussant doucement.

Il lève un sourcil, amusé. "Tu fumes pas, tu bois pas, t'es pas trop soirée... eh bah putain, c'est rare de nos jours."

Je ris légèrement. "Ouais, on peut dire ça. Chacun son truc, non?"

Il acquiesce, un sourire en coin. "Ouais, chacun son truc."

Je m'adosse à la rambarde à côté de lui, appréciant la vue du balcon. "Et toi, c'est quoi ton truc, à part les showcases et les soirées?"

Mathieu prend une bouffée de son joint avant de répondre. "La musique, évidemment. Ça me prend la plupart de mon temps. Mais quand j'ai du temps libre, j'aime bien me poser, regarder des films, jouer à des jeux vidéo... des trucs simples."

"Ça te manque pas, des fois, la simplicité? Avant que tout devienne... compliqué?"

Il me regarde pensivement, la fumée se dissipant lentement autour de nous. "Si, parfois. Mais on s'habitue. Et puis, ça a aussi ses bons côtés."

Je hoche la tête. "Ouais, j'imagine. C'est juste... parfois, tout ça peut être un peu... je sais pas.. trop."

Mathieu sourit. "Ouais c'est sûr."

Un silence confortable s'installe entre nous, interrompu seulement par le bruit distant de la fête à l'intérieur. Il écrase son joint dans un cendrier sur la rambarde et se tourne vers moi, un sourire sincère sur les lèvres. "Allez, on rentre?"

Dès que nous passons la porte, je sens les regards se tourner vers nous. Un des potes de Mathieu, celui qui avait déjà fait des commentaires déplacés à notre arrivée, ne tarde pas à ouvrir la bouche.

"Alors le Polak, ça va baiser?" dit-il en me regardant avec un sourire lubrique.

Je sens une montée de colère instantanée. "Mais tu te prends pour qui?" Je le fusille du regard. "Tes réflexions, tu te les fous où je pense, sale bouffon."

Il ricane, visiblement amusé. "C'est qu'elle mordrait, celle-là. Sauvage, tu vas te régaler," dit-il à Mathieu.

"Vas-y, arrête tes conneries," intervient Mathieu, essayant de calmer le jeu.

Mais avant qu'il puisse dire autre chose, ma main s'abat violemment sur la joue de l'autre type, le faisant vaciller. Le bruit de la claque résonne dans la pièce, et un silence lourd s'installe.

"Tu l'amènes à l'hôtel, donc tu me feras le plaisir de la ramener en entière," dis-je à Ormaz en désignant Claudia. "Sinon, ça va mal se passer."

Ormaz, choqué, ne trouve rien à dire. Claudia me regarde, partagée entre l'inquiétude et la reconnaissance.

Sans un mot de plus, je tourne les talons et sors de l'appartement. Mon cœur bat la chamade, la colère et l'adrénaline me propulsant vers l'extérieur. J'ai besoin d'air, besoin de me calmer.

Je descends les escaliers en trombe et sors dans la rue, respirant profondément l'air frais de la nuit.

Quelques instants plus tard, j'entends des pas derrière moi. En me retournant, je vois une silhouette familière : Mathieu, les cheveux décolorés, s'approchant avec un sourire qui tente de détendre l'atmosphère.

"T'as un bon coup de main," dit-il en essayant de plaisanter, mais en voyant que je ne réagis pas, son expression devient plus sérieuse. "Il est juste inquiet qu'on profite de moi," ajoute-t-il en référence à son pote.

"J'm'en bats les couilles," dis-je, agacée. "Moi, j'ai rien demandé."

Mathieu soupire, réalisant que ses explications ne suffisent pas. "Je sais, c'est pas une excuse," dit-il. "Mais il est pas mauvais."

"Ok, c'est cool," rétorqué-je sèchement. "Moi, j'ai mieux à faire que me faire cracher dessus."

Je tourne les talons et monte dans ma voiture, claquant la portière derrière moi. Juste avant de démarrer, j'entends Mathieu essayer de me retenir.

"Sylvia..."

"Non, c'est bon," dis-je, déterminée. Je mets le moteur en route et m'éloigne, laissant Mathieu et les tensions de la soirée derrière moi.

Alors que je roule dans les rues de la ville, l'adrénaline commence à retomber, mais la colère et la frustration restent présentes. Les lumières de la ville défilent autour de moi, et je prends une grande inspiration, tentant de laisser cette soirée désastreuse derrière moi.

SHOWCASE // PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant